Agence comorienne de presse (HZK-Presse)
Comores / Politique & institutions
Moroni, jeudi 26 juin 2008 (HZK-Presse) – Cet
après-midi, Mouzaoir Abdallah joint au téléphone, se préparait à déménager, pour quitter et le bureau de la présidence et la Cour constitutionnelle, elle même. Un départ très peu attendu par
l’opinion d’un Chehou, cette bête politique peut-être assagie par la robe qu’il a portée quatre années durant à la CC depuis sa prestation de serment le 11 septembre 2004 comme membre de la haute
juridiction.
Au même moment, et au lendemain du décret présidentiel, Mohamed Ali Said et Mohamed Abdouloihabi, respectivement présidents de Mohéli et de Ngazidja, Said Dhoifir Bounou et Soudjay Hamadi, respectivement présidents des assemblées de l’Union et de l’île de Ngazidja ont publié conjointement une lettre ouverte au chef de l’Etat, exprimant leur « désagréable surprise » (VOIR ICI), face à la décision du chef de l’Etat de se débarrasser de M. Abdallah « comme par défi, sans prêter la moindre attention à l'interprétation pertinente faite par les membres » de la Cour » le 23 juin dernier (VOIR ICI).
Les « chefs élus des institutions politiques de la République » citaient ainsi la lettre du 23 juin signée par les six membres de la Cour constitutionnelle [qui en compte septe] et adressée au chef de l’Etat en réponse à celle du directeur de cabinet de M. Sambi adressée à Mouzaoir Abdallah trois jours plutôt, l’invitant à s’en aller.
« Chehou a-t-il pris de l’âge », pour accepter de s’en aller aussi facilement que personne ne pouvait imaginer ? Chehou dont on dit qu’il a toujours plusieurs cordes à son arc réserverait-il encore quelques surprises ? Si l’on ne possède pas encore de réponse à ces questions, on peut affirmer sans trop de risque de se tromper que le président Sambi vient de déclencher une crise – dont il n’avait pas besoin – et qui pourrait être le feuilleton politico-juridique de l’été.
Les six Sages de la Cour l’ont, en filigrane, laissé entendre dans leur lettre du 23 juin en écrivant « la portée de la… lettre [du directeur de cabinet du 20 juin, ndlr], de par son impact sur le fonctionnement régulier des institutions de notre pays transgresse la personne du président de l’institution…. Il vise la continuité d’un service public à un moment crucial de notre processus démocratique », citant plusieurs textes législatifs et réglementaires, rappelant diverses étapes de l’histoire récente du pays dans les soubresauts politiques qu’il a connus.
Les présidents des îles et ceux des assemblées de l’Union et de l’île de Ngazidja ont demandé plus de retenue au chef de l’Etat. « Par respect de votre engagement, ont-ils écrit, il sera plus judicieux... de rapporter votre décret portant nomination du remplaçant de M. Mouzaoir Abdallah et de reconfirmer ce dernier dans sa qualité de membre de la Cour constitutionnelle en prenant bonne note que le terme de son mandat comme celui de deux de ses pairs n'échoira qu'à la date du 10 septembre 2010, date du sixième anniversaire de leur investiture par leur prestation de serment ».
Le réquisitoire des « chefs élus des institutions politiques de la République » a été, on ne peut plus sévère. « Les propos désobligeants que vous tenez à l'endroit des magistrats en les traitant entre autres de ‘‘mercenaires’’ et les mouvements intempestifs que vous leur imposez, à ceux du siège qui sont inamovibles comme à ceux du parquet, nous autorisent à relever que vous faites là une piètre promotion de la justice ».
Ce réquisitoire à l’endroit des élus fait, il reste à savoir ce que l’avenir immédiat nous réserve et jusqu’où iront les « élus des institutions de la République » et les membres de la CC qui ont exprimé leur refus au départ de Mouzaoir Abdallah avant la fin de son mandat. Siègeront-ils avec M. Abdoulkarim Said Omar ou pas ? Passant outre la lettre que la Cour lui a adressée le 23 juin, le chef de l’Etat aurait signé 48 heures plus tard le décret nommant M. Abdoulkarim, un vieux commis de l’Etat, âgé de plus de 80 ans et natif de Ouani, en remplacement de Mouzaoir Abdallah (VOIR ICI).
La CC a validé le scrutin du 15 juin à Anjouan avec Mouzaoir Abdallah comme président. Le second tour aura lieu dans quarante-huit heures. On se demande par qui et comment le scrutin sera homologué ?
Alors que nous mettions sous presse, nous avons appris que le chef de l’Etat a reçu en audience, à sa demande, la communauté internationale avec laquelle ils ont discuté de la situation politico-juridique qui prévaut actuellement dans le pays.
Mohamed Hassani
260608/mh/hzkpresse/17h00