« Pour les prochaines élections présidentielles d’Anjouan, soit on soutient Moussa Toiyibou soit on remet sa démission ». C’est ce que le Président Sambi aurait déclaré dernièrement au Coordinateur de l’Action gouvernementale de l’Union à Anjouan (CAGUA), Monsieur Anissi Chamsidine soupçonné d’avoir un penchant pour le candidat Mohamed Djaanffari. Du coup, Monsieur le Coordinateur qui tient à son poste se trouve obligé d’afficher ouvertement, malgré lui, son soutien à Moussa Toiyibou. Cette histoire relatée partout à Anjouan n’est pas isolée. On y trouve, en effet, d’autres cas. Et cela n’a pas échappé au candidat Mohamed Djanffari. « Il n'est un secret pour personne que le Secrétaire général Maskati de Moya, Said Omar Azihar dit Sédo tout comme Abdou Sidi dit Flon, pour ne citer que ces cas les plus en vue, ont été obligés de renoncer à soutenir Mohamed Djaanfari afin de pouvoir continuer à assumer leur toute nouvelle fonction » A t- on lu dans sa déclaration publiée à Mutsamudu le 25 mai dernier
En réalité, ce message du Président Sambi est destiné à tous les originaires d'Anjouan (!) qui occupent des postes politiques ou hautes responsabilités au sein de l’Administration. A bon entendeur salut !
Et quand on fait la sourde oreille et qu’on refuse de démissionner, notre Président n’hésite pas à prendre le devant. Car ce n’est pas de la rigolade. C’est ce qui vient d’arriver à l’ancien Secrétaire Général du Gouvernement de l’Union des Comores Monsieur Antoy Abdou limogé de son poste il y a quelques jours. C’est la conséquence de la décision qu’a prise son parti politique le PSN-RDD (Parti pour le Salut National – Rassemblement pour la Démocratie et le Développement) de « soutenir totalement le candidat Mohamed Djaanffari » (voir ICI).
Etre soupçonné d’être un ami ou un sympathisant de Mohamed Djaanffari peut aussi être un motif de sanction. C’est le cas par exemple du Commandant de l’AND Combo Ayouba qui a été nommé Conseiller militaire à la Présidence de l’île d’Anjouan le 4 avril dernier (voir ICI) avant d’être rappelé quelques jours plus tard à Moroni pour être placardisé à la gendarmerie. Même pas à l’AND ! Il n’aurait même pas de bureau selon les mauvaises langues. Le même scénario est vécu par ceux qui étaient nommés à la tête de certaines sociétés d’Etat à Anjouan notamment les sociétés des hydrocarbures et de l’EDA le lendemain de la « libération d’Anjouan ». Ils ont tout simplement été remplacés en moins d’un mois !
Que le Président Sambi ait une préférence pour un candidat et veuille le soutenir ouvertement, cela ne paraît pas du tout choquant. Bien au contraire. Il a aussi le droit d’avoir son candidat même si c’est pour qu’il le « poignarde dans le dos » après. N’avait-il pas déjà soutenu les actuels chefs de l’Exécutif de Ngazidja et Mwali, Messieurs Mohamed Abdoulwahabi et Mohamed Ali Said. ? Ce n’est pas pour autant que les choses se passent avec eux comme il l’aurait souhaité . Alors, pourquoi il ne peut pas aussi le faire à Anjouan ?
A noter aussi qu'il n'est pas le premier Président à vouloir soutenir un candidat dans notre pays. Il importe de rappeler que dans les années 90, le Président Djohar, en pleine campagne pour les élections des députés, n’hésitait pas à demander aux populations lors de ses tournées villageoises « d’envoyer au palais du peuple les enfants dociles qui soutiennent sa politique ». Sous le règne du Président Ahmed Abdallah Abdérémane, dans les années 80, il y avait cette célèbre chanson sur les ondes de radio Comores qui demandait purement et simplement aux électeurs « d’aller voter les enfants que le rais a choisis ».¨
Mais ce qui est inconcevable et exécrable, c’est de voir le Président de l’Union,
Monsieur Ahmed Abdallah Sambi, adopter les mêmes procédés puants que l’ex rebelle de Ndzuwani, le colonel Mohamed Bacar qu’il critiquait il y a quelques mois même si peut être son souci est
d'éviter que l'île "ne rétombe pas dans les errements du passé" (voir ICI). D'autant plus qu' il ne s’était pas comporté de la même
façon lors des élections des chefs de l’exécutif des autres îles.
Les Comoriens d’Anjouan, après tant de souffrances et d’humiliations, ne demandent qu’une chose : choisir librement et proprement leur
chef de l’exécutif. Et que parmi les cinq
candidats, le meilleur ou le moins pire à leurs yeux gagne (s'il y en a un) !
N’est ce pas un certain Sambi, candidat aux dernières élections présidentielles de l’Union des Comores qui martelait en permanence dans ses meetings que personne ne doit entraver, ne serait ce qu’indirectement, la liberté de choix des électeurs et que « ntrongo dé suruni hoho » entendez par là « tout se passe dans l’isoloir. Donc ne cédez pas aux pressions et aux menaces. » ?
Ah oui… j’allais oublier. Une petite suggestion pour vous, les comoriens d’Anjouan : lors de sa prochaine venue sur l'île, demandez au
Président Sambi, dès son arrivée à l’aéroport de Ouani, de faire, pour l’intérêt de tous, son célèbre fatiha (prière) par lequel il achevait ses discours electoraux il y a deux ans. Son île natale (Attention : malgré le "son" ne pas confondre avec le " shisiwa milk " ) a en effet besoin en ce moment de ce
fatiha qui visait tous ceux qui exerçaient une pression quelconque sur les électeurs et aux « voleurs de scrutin ».
Halidi (HALIDI-BLOG-COMORES)