Moroni, vendredi 28 mars 2008 (HZK-Presse) – « L’opération est plus que bien passée. On s’attendait qu’ils tiennent un peu plus, mais ils n’ont pas fait le poids ». Cette phrase du Colonel Salimou, chef d’état major de l’armée nationale de développement montre combien l’assaut a été facile pour les forces loyalistes.
Débuté dans la nuit du lundi 24 mars le débarquement s’est soldé en moins de 48 heures par une victoire nette et sans bavure, face à une résistance était très molle. A part quelques échanges de tirs dans certaines villes et lieux stratégiques, les hommes de Bacar n’ont pas beaucoup tenu. Seul le « Pentagone », le quartier général de la Force de Gendarmerie Anjouanaise (FGA) a traîné l’avancée des troupes de la coalition. C’est jusqu’à mardi 11 heures que les éléments de l’AND appuyés par leurs alliés tanzaniens et soudanais sous mandat de l’UA, sont venus à bout des tirs rebelles.
« Il a fallu que le bateau envoie un obus pour mettre fin à la résistance de Mirontsy. Les militaires de la FGA ont riposté mais nous étions en position de force par rapport à eux. Lorsque cet obus est tombé, ils ont pris la fuite », se souvient un soldat membre de l’équipe qui a attaqué la caserne. Une dame est décédée lors des affrontements.
Les opposants de Bacar vont se souvenir longtemps de cet endroit situé au sud de Mutsamudu. Les hommes politiques hostiles au régime et les pro Sambi sont passés par ce lieu de détention réputé pour sa terreur. Certains prisonniers sont libérés après 3 mois de détention dans la torture et l’humiliation.
Après cette résistance, plus rien n’était aux mains des rebelles. L’aéroport et le port étaient les premiers lieux stratégiques tombés aux mains des militaires de la coalition. Mardi, les bateaux civils réquisitionnés pour l’opération ont pu accoster au port. Dans l’après-midi de mardi, la situation revient presque à la normale. Les bruits et la terreur des milices de Bacar ont laissé place à la liesse d’une population qui a passé des mois dans l’oppression.
Les forces de l’opération « Démocratie aux Comores » sont accueillies en héros. Tout le long de la route qui mène de l’aéroport jusqu’en ville, la population applaudissait au moindre passage d’un camion de la coalition. Les militaires loyalistes ont reçu des cadeaux de la part des habitants de Mutsamudu. Eau minérale, cigarettes et du repas sont offerts à volonté aux forces tanzaniennes, soudanaises et de l’AND.
« Ce sont des libérateurs et ils méritent cet accueil triomphal. On leur offre tout ce dont ils ont besoin », lance une femme en short et tricot installée à l’entrée du port. Pendant que les habitants de l’île savourent les premières heures de la libération, les rebelles sont traqués un par un et conduits au port et à l’aéroport.
Au port de Mutsamudu sont placés sous surveillance militaire plus d’une centaine de milices capturés ou qui se sont rendus de leur gré. A l’aéroport de Ouani, la gendarmerie nationale détenait les responsables politiques à proximité de la piste. A l’intérieur de l’île, les opérations de ratissage se sont poursuivies en vain pour trouver le colonel rebelle. Vers 17 heures, le gouvernement de l’Union a foulé le sol anjouanais.
« Le gouvernement et le peuple comorien sont reconnaissants des efforts déployés par les militaires. C’est la joie dans tous les cœurs. Nous sommes venus préparer le terrain pour la prochaine équipe qui va diriger l’île en attendant les élections », déclare le vice-président Ikililou Dhoinine, désigné administrateur provisoire d’Anjouan par le chef de l’Etat, jusqu’à la nomination du président intérimaire.
La nuit tombée, seuls le ministre des transports et l’ancien premier ministre Caabi Elyachourtu Mohamed étaient les gros poissons encore dans les filets de l’AND. Malgré les alertes de localisation de Bacar, l’ancien homme fort de l’île est passé entre les mailles du filet. C’est ce mercredi que la population apprendra sa fuite vers Mayotte.
« On nous a averti vers18 heures du départ de Bacar à Mayotte. Rapidement, on a saisi toutes personnalités compétentes pour qu’il soit extradé le plus rapidement possible. Rappelez-vous que des mandats d’arrêt étaient déjà lancé contre lui et ses hommes », martèle Mohamed Dossar, ministre de la défense le matin du mercredi.
A la mi-journée, son garde du corps est attrapé. Il révèle que « Bacar est sorti par la région de Hajoho avec une dizaine de ses hommes armés. Pour prendre une vedette en passant par la forêt ». La nouvelle provoque la colère d’une population qui n’a pas tardé à descendre jeudi après midi dans la rue, à travers une marche de protestation qui a rallié les villes de Mutsamudu et Ouani par une marrée humaine.
Ahmed Abdallah
280308/aa/hzkpresse