Vous trouverez ci-dessous l'intervention du Président de l'Union des Comores, Monsieur Ahmed Abdallah Sambi, au 10e Sommet Ordinaire des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Union Africaine qui se tient actuellement à Addis Abeba
/http%3A%2F%2F80.img.v4.skyrock.com%2F806%2Fcomores4%2Fpics%2F1514416440.jpg)
Je voudrais tout d'abord remercier les autorités éthiopiennes, pour l'excellent accueil que nous béneficions depuis notre arrivée à Addis Abeba.
Monsieur le Président, je vous presente à vous ainsi qu'aux membres de votre bureau, les sincères félicitations de la délégation comorienne pour votre brillante élection à la tête de notre Organisation. Je peux vous assurer de l'entière disposition de mon pays à vous soutenir dans l'accomplissement de votre haute et noble mission.
Je voudrais également saisir cette heureuse occasion pour exprimer notre profonde gratitude à l'endroit de votre prédécesseur Son Excellence Monsieur John KUFOUR, Président de la République du Ghana, pour l'excellent travail accompli durant son mandat, au cours duquel notre Organisation continentale a fait entendre sa voix sur l'ensemble des sujets qui caractérisent les défis mondiaux.
Ce mandat, nous le savons, a beneficié de l'excellente et efficace collaboration de la Commission, sous la direction éclairée de mon ami et frère, le Président Konaré.
Monsieur le Président,
Je voudrais saluer ici la pertinence du choix du thème sur le dévelopement industriel en Afrique. Depuis longtemps, nous savons que l'exportation exclusive de matières premieres, et l'absence d'une diversification axée sur l'industrie, ne peut sortir l'Afrique de l'état de dépendance financière qui bloque la croissance et le développement de notre continent.
Bien sûr, les situations sont diverses selon les pays, mais je fais miennes les remarques pertinentes sur le sujet, faites par les Présidents Hosni Moubarak et Thabo Mbeki.
Pour ma part, je voudrais signaler que certains de nos pays, et notamment le mien, l'Union des Comores, connaissent des situations de conflit où le manque de stabilité politique et sociale empêche tout développement, et notamment la création d'un tissu industriel, gage de notre indépendance.
Excellences Messieurs les Chefs d'Etat et de Gouvernement, Honorable assistance,
Les questions relatives à la stabilité interne de nos pays constituent, à nos yeux, les grands défis de notre temps.
Ainsi, vous me permettrez, Monsieur le Président d'évoquer de manière succinte la situation qui prévaut aux Comores.
Mes chers frères, voici près de huit mois qu'une de nos îles, Anjouan, est prise en otage par des milices armées refusant l'appel fraternel des autorités comoriennes et méprisant les médiations répétées des pays de notre région et de l'Union Africaine, pour l'organisation d'élections libres et démocratiques.
La prise du pouvoir par les autorites illégales à Anjouan contraste avec l'election libre, transparente et democratique du Président de l'Union des Comores et des Chefs des exécutifs des deux autres îles.
L'Union des Comores a toujours voulu privilégier, depuis tous ces mois, l'approche par le dialogue dans la résolution de ce conflit.
Nous avons fait appel à vous tous à travers notre Organisation continentale et je rappelle ici que mon pays a toujours accepté toutes les recommendations et résolutions de l'Union Africaine et du Comité ministériel de notre région, pour sortir de l'impasse.
En revanche, les rebelles à Anjouan, ont toujours rejeté, sans exception, toutes ces résolutions.
L'Union Africaine, à travers des rapports récents de son Envoyé Spécial, a indiqué que le dialogue avec le chef des rebelles n'avait plus de raison d'être et qu'il fallait recourir à des sanctions.
L'Union des Comores aurait préferé, sur la base des résolutions prises, une intervention à Anjouan pour écarter les rebelles et organiser, sous l'égide de la communauté internationale, des élections libres et démocrariques.
Cependant, l'Union Africaine a encore jugé utile de mettre en place une série de sanctions à l'encontre des rebelles, des sanctions qui, hélas, n'ont pas donné les résultats attendus.
Compte tenu de la détérioration de la situation à Anjouan, ou arrestations, tortures et même viols sont devenus monnaie courante, ce qui a entrainé un déplacement massif des populations d'Anjouan vers les deux autres îles, et eu egard aux pressions de la population dans son ensemble et de ses élus en particulier, j'ai pris sur moi de décider d'intervenir à Anjouan.
Dans ces conditions, une ultime tentative pour éviter l'usage de la force nous a été proposée, il y a quelques jours, par l'Organisation Internationale de la Francophonie.
Celle-ci, malgré nos réticences, a proposé d'aller une dernière fois demander au chef des rebelles, soit de s'écarter soit d'accepter la présence souveraine de l'armée nationale et des forces de l'Union Africaine, pour l'organisation des élections du chef de l'éxécutif de l'Ile d'Anjouan.
Je suis au regret de vous indiquer que cette ultime tentative a été rejetée catégoriquement par le chef des rebelles.
Pour nous, cette absence de résultats liée à la crise anjouanaise vient de l'absence de moyens politiques de la Commission de l'Union africaine.
En effet, il est certain que si l'on avait mis en place le Gouvernement de l'Union avec une Commission renforcée, notre Organisation aurait pu resoudre cette crise de la manière la plus expéditive. Par ailleurs, un Gouvernement de l'Union serait le meilleur instrument pour faire progresser les propositions africaines concernant l'industrialisation du continent.
Désormais, l'Union des Comores, ne souhaite plus la continuation du cycle des réunions et conférences intenationales sur la crise anjouanaise, car ces dernières ont épuisées leur pertinence.
Tout en exprimant notre gratitude à l'endroit de la solidarité africaine exprimée par les efforts inlassables de l'Union Africaine, j'ai retenu que le Conseil Paix et Sécurité a indiqué que l'option militaire n'était plus à écarter.
Dans ce contexte, durant ce Sommet de l'Union Africaine, le Président Konaré, apres avoir indiqué que la crise anjouannaise mettait en jeu la crédibilité de notre Organisation, a dit et je le cite « que si le Chef des rebelles ne voulait pas accepter les résolutions de l'Union Africaine, il fallait les lui imposer ».
J'ai donc decidé, mes chers frères, de prendre mes responsabilités, en tant que garant de l'Unité et de l'Intégrité de mon pays, et je demande votre compréhension et votre soutien dans les efforts qui vont être entrepris incessamment pour restaurer, de manière durable, l'autorité de l'Etat Comorien sur une portion de son territioire.
C'est à ce prix que mon pays pourra s'atteler, dans la stabilité retrouvée, à son développement économique et social.
Des que l'autorité de l'Etat aura été restaurée à Anjouan, et que des élections libres auront permis l'emergence d'élus légitimes, je m'engage solennellement devant cette auguste assemblee, à orgsaniser une conférence inter-comorienne pour aplanir nos difficultés institutionnelles ce qui permettra une décentralisation et une autonomie véritables des Iles, aux Comores.
Je vous remercie.