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  • : HALIDI-BLOG-COMORES, Blog des COMORES
  • : BLOG DES COMORES GERE DEPUIS LE 01 DECEMBRE 2013 PAR MARIAMA HALIDI
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A SAVOIR

QU'EST CE QUE LA LANGUE COMORIENNE ?

Pour répondre à cette question pertinente, nous vous proposons ci- dessous l'interview du grand linguiste et spécialiste de la langue comorienne, Mohamed-Ahmed Chamanga

 

 
INTERVIEW DE CHAMANGA PAR RFO EN 2004
 
 
 Le comorien est une langue composée de mots africains, de mots arabes voire parfois de mots portugais et anglais. D'où vient la langue comorienne ?

M.A.C : Le fonds lexical de la langue comorienne est essentiellement « africain » comme vous le dites, et plus précisément bantu. Les emprunts au portugais ou à l'anglais sont relativement faibles. Par contre, l'apport arabe est très important. Cela s'explique par la très forte islamisation des Comores, depuis la Grande Comore(Ngazidja) jusqu'à Mayotte (Maore) en passant par Mohéli (Mwali)et Anjouan (Ndzuwani). Malgré ces emprunts, le comorien (shikomor) reste, sur le plan de sa structure grammaticale, une langue bantu.

Qu'appelle t-on une langue bantu ?

M.A.C : Le bantu est une famille de langues, la plus importante d'Afrique. Les langues qui composent cette famille couvrent pratiquement toute la partie australe du continent noir.

Y a t-il encore aujourd'hui en Afrique ou à Madagascar des populations qui parlent une langue similaire au comorien ?

M.A.C : Bien sûr ! On trouve par exemple le swahili en Tanzanie, le lingala au Congo Démocratique, le kikongo au Congo, le zulu en Afrique du Sud, le shona au Zimbabwe-Mozambique, le tswana au Botswana, le kinyarwanda-kirundi au Rwanda-Burundi, etc. Comme ces langues appartiennent à la même famille, elles ont forcément beaucoup de points communs dans la structure des mots, leurs répartitions dans les phrases, les accords grammaticaux, etc. Elles ont aussi un minimum de vocabulaire commun.
Prenons par exemple le mot bantu ! Ce mot est attesté dans certaines langues, comme le lingala, et il signifie « hommes ». C'est le pluriel du mot muntu qui veut dire « homme » au singulier. Dans d'autres langues, ces mots se déclinent au pluriel en watu (swahili), wantru ou watru ou en encore wandru (shikomor) ; au singulier, nous avons respectivement mtu, muntru, mtru, mndru.
Prenons encore l'exemple de la phrase kinyarwanda suivante qui signifie : « Combien d'hommes ? » : Abantu bangahe ? Nous avons en comorien les équivalences suivantes :Wantru wangapvi ?Watru wangapvi ?Wandru wanga(pvi) ? et en swahili :watu wangapi ?

Ne pensez-vous pas qu'il y a beaucoup de ressemblance dans tout ça ?

M.A.C : A Madagascar, jusqu'au milieu du XXe siècle, il y avait quelques poches bantuphones sur la côte nord-ouest. Mais les langues africaines qui y étaient parlées, le swahili à Marodoka ou le makua à Maintirano, ont aujourd'hui disparu. Le malgache appartient à une autre famille de langues : les langues austronésiennes comme par exemple les langues indonésiennes.

Le comorien est souvent comparé au swahili, parfois on a même dit que le comorien en était dérivé ?

M.A.C: Selon les résultats des recherches des trois dernières décennies, il est prouvé que le comorien et le swahili sont génétiquement issus d'une même souche-mère, d'où leur très grande parenté. Mais les deux langues se seraient séparées aux environs du XIIème siècle. On peut donc dire que ce sont deux langues soeurs. Si la confusion a pu se maintenir jusqu'à une période pas très lointaine, c'était à cause de la très grande proximité des deux langues, mais aussi parce que les sultans des Comores parlaient swahili et beaucoup de correspondances et traités avec les pays voisins ou les puissances étrangères étaient rédigés en swahili qui étaient à l'époque la plus importante langue de communication et du commerce de cette région de l'océan indien occidental.
Par combien de personnes est parlée la langue comorienne?
M.A.C:On peut estimer que la langue comorienne est parlée aujourd'hui par un million de personnes environ : les 750 000 habitants de l'archipel des Comores plus la très importante diaspora comorienne, que l'on peut retrouver notamment à Madagascar, à Zanzibar ou encore en France.

Est-elle enseignée à l'école ? Si non pourquoi ?

M.A.C: Malheureusement, elle ne l'est pas. Pourquoi ? Parce que : Premièrement, la colonisation française, avec sa mission « civilisatrice », n'avait jamais reconnu au peuple dominé une quelconque culture ou civilisation et que les langues des dominées n'étaient pas des langues mais, avec un sens très péjoratif, des dialectes qui n'avaient ni vocabulaire développé ni grammaire.
Deuxièmement, le pouvoir très centralisateur de l'Etat français avait imposé le français comme la seule langue de l'administration partout. Cela était vrai dans les colonies, mais aussi en métropole. C'est ainsi qu'on a banni l'enseignement du breton en Bretagne, du basque au Pays Basque (Sud-Ouest de la France).
Troisièmement enfin, nous avons nous-mêmes fini par admettre que notre langue est pauvre et sans grammaire. Elle ne peut donc pas être enseigné. Il faut encore souligner qu'avec l'instabilité chronique des Comores indépendantes, aucune réflexion sérieuse n'a pu être menée sur la question. Pourtant, les pédagogues sont unanimes : pour permettre l'épanouissement des enfants, il est nécessaire que ces derniers puissent s'exprimer pleinement dans leur langue maternelle...

Y a t-il une ou des langues comoriennes ?

M.A.C:Nous avons la chance d'avoir une seule langue comorienne, depuis Ngazidja jusqu'à Maore. Mais comme toute langue, le comorien se décline en plusieurs dialectes qui en sont les variantes régionales : le shingazidja à la Grande Comore, le shimwali à Mohéli, le shindzuani à Anjouan et le shimaore à Mayotte.

Comment expliquer l'apparition de divers dialectes sur un territoire aussi exiguë que les Comores ?

M.A.C : Ce phénomène n'est pas spécifique au comorien. Toute langue est formée de plusieurs dialectes. La dialectalisation s'accentue lorsqu'il y a peu de communications et d'échanges entre les régions. A l'inverse, le déplacement d'une population qui parle un dialecte donné vers une autre région où l'on parle un autre dialecte peut également entraîner des changements dans les deux dialectes. Pour le cas des Comores, le facteur du peuplement par vagues successives au cours de l'histoire explique aussi le phénomène.
Les différences dialectales peuvent aussi s'observer à l'intérieur de chaque île. C'est ainsi, par exemple en Grande Comore, que la manière de parler des gens de Mbéni dans la région du Hamahamet diffère du parler des gens de Fumbuni dans la région du Mbadjini. Il en est de même à Anjouan entre les gens de Mutsamudu, sur la côte nord, et ceux du Nyumakele, dans le sud-est de l'île, ou encore, à Mayotte, entre Mamoudzou et Kani Bé ou Mwana-Trindri dans le sud, etc.

Un mot sur la langue mahoraise.

M.A.C:Le shimaore appartient au même sous-groupe dialectal que le shindzuani. C'est dire qu'il faut souvent écouter attentivement pour percevoir les différences entre ces deux dialectes. Le shimaore fait ainsi partie intégrante de la langue comorienne.

Le comorien s'enrichit-il ou s'appauvrit-il (avec le phénomène de créolisation de la langue) ?

M.A.C : Parler à l'heure actuelle de créolisation de la langue comorienne est quelque peu exagéré. Certes elle ingurgite aujourd'hui beaucoup de mots d'origine française. Mais cela reste « raisonnable ». Le comorien a emprunté énormément de vocabulaire d'origine arabe, environ entre 30 et 40 % du lexique, pourtant on ne parle pas de créole arabe, et cela à juste titre. En effet, ce qui fonde une langue, ce ne sont pas seulement les mots. Ce sont surtout sa structure grammaticale et sa syntaxe. De ce point de vue, le comorien ne ressemble ni à l'arabe ni au français.
On ne peut pas dire que le comorien s'appauvrit. Essentiellement oral, il répond parfaitement à nos besoins de communication. Il est toutefois évident qu'une langue écrite possède un stock lexical beaucoup plus étendu qu'une langue orale. Ne vous inquiétez pas pour le comorien. Si un jour, on décide de l'écrire, de l'enseigner et de l'utiliser dans l'administration, il ne pourra que s'enrichir. Il s'enrichira en se forgeant des mots nouveaux ou en empruntant d'autres ailleurs, comme cela se fait dans les langues dites de « grande civilisation ».

Où en est actuellement la recherche sur la langue comorienne ?

M.A.C: La recherche sur la langue comorienne avance ; trop lentement peut-être, mais elle avance. Nous avons aujourd'hui une meilleure connaissance sur elle qu'il y a vingt ans. Malheureusement, c'est un domaine qui intéresse peu de monde, aussi bien chez les nationaux que chez les chercheurs étrangers.

Pensez-vous qu'un jour tous les Comoriens parleront la même langue ? Et sur quoi se fonderait cette sédimentation en une seule langue « nationale » ?

Mohamed Ahmed-Chamanga : Nous parlons déjà la même langue. Ce qui nous manque, c'est une langue standard, comme en Tanzanie avec le swahili, à Madagascar avec le malgache, ou en encore au Zimbabwe avec le shona, etc. Pour arriver à ce stade, il faut qu'il y ait une réelle volonté politique, une prise de conscience chez les Comoriens de vouloir mieux apprivoiser leur propre culture et que soit mise en place une équipe de chercheurs qui se pencherait sur la question et qui proposerait cette langue standard qui serait utilisée dans tout l'archipel des Comores.

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CI-DESSOUS LES NEWS  RECENTES  DES COMORES

 

 

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A PROPOS DE OUANI

Ouani et ses grands hommes
 
 
L’être humain est insignifiant puisque le corbeau et beaucoup d’autres espèces d’arbres vivent plus longtemps que lui. De ce court séjour dans ce bas monde à la différence d’autres êtres vivants, l’homme peut marquer de son empreinte l’histoire.
A OUANI, ce genre d’homme malgré sa rareté, a existé et continu à exister jusqu’à nos jours. En ouvrant ce nouveau chapitre, quelques dignitaires en collaboration avec le comité de pilotage de la ville ont tenu à rendre hommage beaucoup d’hommes et de femmes qui ont fait du bien à cette ville.
En dehors de tout jugement, ils ont fait de leur mieux pour que Ouani devienne l’une des grandes villes les plus rayonnantes des Comores et Ouani l’est grâce à eux. Elle doit continuer à l’être pour nous et les générations à venir.
A titre posthume, nous tirons la révérence devant Saïd Toiha (Baco Moegné), Saïd Abdou Bacar Nomane, Saïd Abdou Sidi et Saïd Andria Zafi.
 
Le premier pour avoir créé la première école privée de la ville dans l’objectif de ne plus avoir un enfant de six à sept ans non scolarisé, le second qui a été le premier à être ministre et dont les louanges dépassent les frontières de la ville, le troisième a accompagné plusieurs années la jeunesse et le dernier a beaucoup contribué au niveau de l’enseignement primaire par son dévouement et son engagement à instruire ceux qui l’ont fait pour nous. Cette liste vient de s’ouvrir et n’est pas prête de se fermer ; beaucoup d’autres personnes disparues ou vivant tels que les enseignants apparaîtront à la prochaine édition.
Ansaly Soiffa Abdourrahamane
 
Article paru en 2003 dans le n° 0 de Jouwa, bulletin d’information de OUANI
 
 
 
 
LES ENFANTS DE LA VILLE DE OUANI
ET L’HISTOIRE   DES COMORES
 
 Beaucoup d’enfants de la ville de OUANI ont marqué et marqueront toujours l’histoire de leur pays : les îles Comores.
 
 En voici quelques uns dans différents domaines.
 La liste n’est pas exhaustive
 
 I) LITTERATURE
 
LITTERATURE ORALE
 
ABDEREMANE ABDALLAH dit BAHA PALA
 
Grand connaisseur du passé comorien décédé brusquement en 1988.
Actuellement, un projet de publication de sa biographie est en étude.
On trouve beaucoup de ses témoignages sur l’histoire des Comores dans le tome 2 de l’excellente thèse de SIDI Ainouddine sur la crise foncière à Anjouan soutenue à l’INALCO en 1994 
 
LITTERATURE ECRITE
 
Mohamed Ahmed-CHAMANGA
 
Grand linguiste des Comores
 
 Né à Ouani (Anjouan) en 1952, Mohamed Ahmed-Chamanga, diplômé de swahili et d'arabe, a fait des recherches linguistiques sur sa langue maternelle. Il enseigne la langue et la littérature comorienne à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Il est l'auteur d'une thèse, de plusieurs articles, ainsi que d'un recueil de contes de l'île d'Anjouan : Roi, femmes et djinns (CLIF, 1998). Président de l'Association Fraternité Anjouanaise, Mohamed Ahmed-Chamanga a fondé, en 1997, le journal Masiwa.
 Il enseigne actuellement la langue et la littérature comoriennes à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris (INALCO).
 
AINOUDINE SIDI
 
 Historien & grand spécialiste de l’histoire foncière des Comores 
 
 Né à OUANI, en 1956. Il a fait des études d’histoire à l’université de DAKAR (SENEGAL) et a préparé un doctorat d’études africaines à l’INALCO (PARIS)  Il est actuellement chercheur et Directeur du CNDRS (Centre National de Documentation et de Recherches Scientifiques) à MORONI.
 
 II) MUSIQUES & CHANTS
 
DHOIFFIR ABDEREMANE
 
Un des fondateurs de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Avec ses chansons axées sur la contestation sociale. Il fait partie des premiers artistes qui ont introduit aux années 60 une nouvelle forme de musique aux COMORES.
 
C’est un homme très discret mais plein de talents. On se souviendra toujours de ses productions à la salle AL CAMAR de MORONI.
 
FOUDHOYLA CHAFFI
 
 Une des premières femmes comoriennes à avoir fait partie d’un orchestre musical.
 Il s’agit là d’un engagement incontestable de la part d’une femme comorienne.
 Elle a commencé à jouer un rôle important dans la chanson à partir de 1975 comme chanteuse principale de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Sa voix d’or résonne toujours dans le cœur de tous ceux qui ont vécu dans notre pays de 1975 à 1978. On ne passait pas en effet, une seule journée sans entendre une de ses chansons sur l’égalité des sexes, l’unité des Comores, le changement des mentalités… à la radio nationale.
 
 III) POLITIQUE
 
Le sultan ABDALLAH III
 
 De mère ouanienne, il est l’un des grands sultans qui ont régné dans l’archipel des Comores au 18eme siècle et plus précisément sur l’île d’Anjouan.
 
SITTOU RAGHADAT MOHAMED
 
La première femme ministre et élue député des COMORES
 
Né le 06 juillet 1952 à OUANI. Elle a enseigné pendant plusieurs années le français et l’histoire géographie dans différents collèges du pays avant d’être nommée secrétaire d’Etat à la condition féminine et à la population en 1991.
De 1991 à 1996 elle a assumé de hautes responsabilités politiques : Haut commissaire à la condition féminine, Ministres des affaires sociales, conseiller spécial du président de la république, secrétaire général adjoint du gouvernement, élue députée ….
Actuellement, elle est enseignante à l’IFERE et Présidente du FAWECOM.
 
Article publié sur le site de l'AOFFRAC (www.aoffrac.com)
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

28 janvier 2008 1 28 /01 /janvier /2008 15:17
Hommage à un ancêtre
 
 
Permettez-moi chers visiteurs de mon blog de  rendre ici un vibrant hommage à mon arrière grand-mère maternelle. Comme cela, j’aurais le sentiment d’avoir accompagné et porté son « shilili » - le cercueil de chez nous - sur mes épaules avec les autres  le vendredi 18 courant jusqu’au cimetière de Zawiyani à OUANI  où se trouve sa demeure éternelle.

Photo ci dessous : kokwa Mwana (décembre 2006)
 
KOKWA-MOINA.JPGBweni Fatima binti Saïd Mikitadi bin Saïd Halidi bin Saïd Abdérémane, est décédée le vendredi 18 janvier 2008 à l’âge de 98 ans à OUANI-ANJOUAN, sa ville natale. En réalité, il s'agit d'un age approximatif.
 
Tout le monde l’appelait kokwa mwana, « la mamie de l’enfant ». Mais pour ses petits enfants et arrières petits enfants, elle était tout simplement « Kokwahé » (!!!). Surtout ne me demandez pas des explications sur le choix de ces surnoms car je ne saurai pas vous répondre.
 
Certes, il s’agit de mon arrière grand-mère et de l’arrière arrière grand-mère de mes enfants, mais mourir à cet âge là dans un pays très pauvre comme les Comores où, d’après les statistiques des NU sur la base de projections des données du recensement de la population, l'espérance de vie globale (estimation année 2005) est de 60,8 ans (femme: 62,2 ans et homme: 59,4 ans) reste un fait important. L’on ne trouve pas, en effet, plusieurs cas similaires dans notre histoire. Du coup, avec ses 98 ans, presque une centenaire (!!!), elle reste pour nous le symbole de la longévité au sein de la famille voire même du pays. KOKWA-MWANA2.JPG
 
Kokwa Mwana (a droite) avec une de ses arrières petites filles à l'occasion de son mariage en août 2005 (photo ci-contre).

Je dirais même qu’en l’espèce, il s’agit d’un fait très important car la longévité de Kokwa Mwana a été couronnée d’une santé physique et mentale de fer. Elle est restée débout et lucide jusqu’au dernier jour de sa vie même s’il lui arrivait, des fois, de divaguer un peu. Jusqu’à un âge très avancé, elle partait régulièrement à l’aube avec son traditionnel sumbwerere (chapeau en feuilles de palmier) sur la tête et son bureti – coutelas qu’on utilise pour les travaux des champs- à la main pour cultiver le manioc, les ambrévades (pois d’Angol) et du melé (paddy). C’est ce qui lui permettait de nourrir sa famille. Elle ne rentrait chez elle que vers 18 heures 00. Et, en dépit de la fatigue, elle était toujours au grand rendez-vous du soir. Le voyage des contes. Un moment agréable que ses petits enfants et arrières petits enfants ainsi que les voisins attendaient avec impatience. Sur une véranda, les uns allongés sur une natte et les autres assis par terre. Ainsi, comme l’a écrit Salim Hatubou en quatrième de couverture de son premier livre « Contes de ma Grand-mère » publié chez L’Harmattan en 1994 « le voyage commençait. Nous restions pendus aux lèvres de grand-mère, conteuse aux charmes d’argent. Elle contait telle histoire comme si elle était l’héroïne ou un témoin. Tout cela m’impressionnait. » Grâce à ces voyages riches, j’ai découvert les histoires de Banawassi, les contes du vieillard et son épouse en bois… et de plusieurs devinettes moralisatrices.
 
Kokwa mwana a aussi passé pratiquement toute sa vie, depuis l’âge de 17 ans, à élever et éduquer dans la dignité ses quatre filles, ses petits enfants et quelques uns de ses arrières petits enfants.

Kokwa Mwana en 2002 (photo ci dessous)
 
KOKWAMWANA4.jpgNée d’une mère de MRAMADOUDOU et BADRELE (MAYOTTE) et d’un père très connu de OUANI (ANJOUAN), Cheikh Mikitadi Halidi issu de la famille El Massela, un grand halifa de la Twarikat Chadhuli, la confrérie religieuse dominatrice des Comores, elle fut l’épouse d’un grand notable de la ville, Said Toiha bin Said Omar (décédé en 1976). Celui-ci eut créé la première école privée de sa ville natale dans l’objectif de lutter contre la non scolarisation des enfants de 6 à 7 ans (voir l’article intitulé « OUANI et ses Grands Hommes paru en 2003 dans le n°0 de Jouwa, bulletin d’information de OUANI).  L’ancien Président des Comores, feu Said Mohamed Djohar, lors d’une visite à OUANI en 1991, avait tenu à rendre publiquement un hommage appuyé à « cet illustre  homme et sage qui a marqué les esprits de tous ceux qui l’ont connu » en rappelant particulièrement la célèbre phrase que tout le monde connaît aux Comores et qui lui est attribuée : « SANS WANI, NDZUWANI ALLAIT S’APPELER NDZU ».
 
Kokwa Mwana avait aussi des attaches avec l’île de MOHELI. En effet, selon le généalogiste, Monsieur Mohamed Abdérémane, inspecteur des Administrations Financières à la retraite, qui a consacré un manuscrit sur la famille BIN AHAMADI – COMORES en 1991, le grand père paternel de celle-ci, Cheikh Halidi Abdérémane dit Baco Mafy eut comme grand-mère maternelle, Bweni Binti Ahamadi de DJOIEZI (MOHELI), fille de BIN AHAMADI.
 
A propos de BIN AHAMADI, Monsieur Mohamed Abdérémane nous dit ceci dans son oeuvre précité :
 
« Un riche marchand d’esclaves venant de YEMEN dans le village de HANMOU s’installa à MOHELI à la fin du XVIII siècle où il épousa trois femmes : l’une à FOMBONI, l’autre à DJOIEZI et la troisième à HOANI.
 
Il eut eu cinq enfants dont deux garçons et trois filles : Ali dit Boinali Madi (1er Ministre du Sultan Abderrahamane fusillé en mai 1881) avec la femme de FOMBONI, Kassim, Binti et Fatuma avec la femme de DJOEZI, fille de la famille royale de FOUMBOUNI (GRANDE COMORE) et Amina née à HOANI avec la troisième femme.
 
BIN AHAMADI était un propriétaire d’un boutre. Il naviguait en AFRIQUE – COMORES - ARABIE et trafiquait des esclaves. Il était surnommé Moegné Souka à MOHELI.
 
(…)
 
BIN AHAMADI quitta MOHELI en 1832 avec ses deux filles de DJOIEZI, Binti et Fatuma pour s’installer à ANJOUAN où il trouva refuge à OUANI suite à l’arrivée au pouvoir du prince malgache, RAMANATEKA devenu sultan ABDEREHMAN après s’être converti à l’islam. 
 
Il acheta une parcelle de terrain (1/2 hectares environ) dans le quartier de Bwedzani à l’ouest de OUANI, pour construire les maisons de ses filles où il les maria avec des hommes de bonne famille. Il était surnommé à OUANI, MWAHA (Constructeur).
 
Quelques années plus tard BIN AHAMADI décéda à ANJOUAN en laissant ses cinq enfants : Ali, Kassim et Amina à MOHELI, Binti et Fatuma à OUANI (ANJOUAN) ».
 
Certains descendants de Kokwa Mwana sont de parents de NGAZIDJA (DZAHANI LA TSIDJE, BANDAMADJI YA ITSANDRA…) et d’ailleurs (FRANCE, MADAGASCAR…)
 
Le cas familial de KOKWA MWANA, que l’on retrouve partout à MOHELI, ANJOUAN, MAYOTTE ET NGAZIDJA est le socle de l’existence même de notre pays. Pourtant certains juristes et politiques avides du pouvoir avec la complicité de leurs amis d’ailleurs (historiens, sociologues et juristes) veulent imposer aux COMORES le concept de « la citoyenneté de l’île ». Ils feraient mieux de consacrer leur temps à la lutte contre la pauvreté, la vraie cause de la crise actuelle qui sévit notre pays au lieu de créer d’autres problèmes.
 
On ne joue pas avec l’existence de son pays surtout quand on prétend l’aimer !
 
Paix à ton âme KOKWAHE !
 
Halidi
HALIDI-BLOG-COMORES
 
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commentaires

H
Bonjour Ibrahim !Content de faire ta connaissance. Ton message m'a vraiment fait plaisir. Il va de soi que je souhaite vivement rester en contact et correspondre avec toi. Mon adresse email est : bejahalidi@hotmail.comNon, je ne suis pas encore allé à Mdjoiezi. Mais je compte le faire lors de mon prochain voyage au pays. Par contre, ma mère y était et connait la famille de kokwoi Mwana de là bas.J'attends impatiemment de tes nouvelles.Au plaisir de te lire.Halidicommentaire n° : 1 posté par : HALIDI-BLOG-COMORES (site web) le: 29/02/2008 09:33:47 bonjourhier 28/02/08, vous avez édité un article dans ce blog, parlant du décès de" Kwo kwahé". A ma grande surprise, j'ai trouvé que je suis descendant de la lignée de cette dame, paix en son âme. au fait, je suis natif de Djoièzi Mohéli. Je m'appelle Ibrahim Ahmed kassim. Ce KASSIM , mon grand père décédé il y a plusieurs années, est le petit fils de BIN HAMADI, le fameux marchand de yemen.malheureusement je ne maîtrise pas la généalogie de cette famille"BIN HAMADI". je ne peux rien vous dire de plus.voilà nous avons ensemble certains caractères genétiques qui nous lient.je voulais vous demander si vous étiez deja allé un jour à Djoièzi pour faire connaissance de membres de cette famille? si non , le deplacement en vaut la peine.c'est la première fois que je découvre votre blog et vous pouvez pas imaginez l'effet que ça me fait de lire cet article.Nous pouvons garder un contact permanent si vous voulez.A bientôt frère.commentaire n° : 2 posté par : Ibrahim le: 29/02/2008 06:19:44
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Z
Merveilleux hommage à une femme sans doute exceptionnelle et  à une generation féminine qui sut vivre dans le dignité, l'abnégation, et une certaine lumière! Loin....loin des chatouilleuses.....Avec elles, ce sont sans doute des valeurs essentielles et un peu de notre mémoire qui disparaissentTRès sincères condoléances......
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S
Cher ami HalidiMes condoléances  pour cette perte . En lisant ton post hommage à KOKWAWE  j'ai retrouvé cette foi inebranlable en l'unicité de notre peuple . du courage . La vie ou la mort nous vaincrons .Que la terre soit legere à notre chere disparue , Au paradis ou elle reside desormais je suis certain ses prières vont  a l'union de  sa decendence  :Pour faire vivre sa memoire ,  Vive la nation comoreienne : Maore ,Mwali, Ngazidja et Ndzuani.La vie ou la mort nous vaincrons !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!  
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C
Tu l'as dit, très cher Halidi: Kokwahé était une femme exceptionnelle. Je l'ai connue et me suis rendu compte quelle femme elle était! "Paix à son âme!". Kokwahé ou Kokwa Mwana a vécu, et Dieu seul sait comment.Je voudrais seulement ajouter que Kokwahé n'était probablement pas la plus âgée du pays. Bouéni Fundi, n'est pas directement ma grand-mère mais c'est comme si. Elle vit encore, marche et se nourrit seule. Elle est entièrement autonome. Elle ne fait dans ses draps et se souvient de tous les noms jusqu'à la cinquième génération, enfin ceux qui lui sont connus. Bouéni Foundi est ma gtrande tante. C'est la tante de ma mère. Elle est arrière arrière grand-mère... Je n'ai pas étudié sa génalogie entière et ignore son âge exacte. La seule chose que je sais, la première fois que je lui rendis visite depuis que je vis en Suisse, il ya 14 ans, elle me dit avoisiner 99 ans. Depuis, la famille dit qu'elle a 99 ans. Bref. J'espère qu'elle vivra encore longtemps pour me communique son âge exacte la prochaine fois que je lui rendrai visite.
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M
Toutes mes condoléances mon frère.C'est un beau texte qui montre ton souci de rendre hommage au "courage du quotidien" de cette grand-mère. Dans ta description, j'ai retrouvé un peu aussi celle de mon arrière grand-mère qui a dû vivre autant et qui travaillait toute la journée dans son champ à cultiver son "paddy", entre autres.Merci de nous rappeler qu'il est rare que dans une famille comorienne on ait pas des membres originaires de toutes nos îles. C'est nécessaire actuellement.
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S
Toutes nos condoléances Paix à son âme  KOKWAHEmerci de nous rappeler à travers cette généalogie,l'unité de sang de notre population que l'insularité ne doit et ne peut détruire .
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