/http%3A%2F%2F80.img.v4.skyrock.com%2F806%2Fcomores4%2Fpics%2F1274231210.jpg)
Nous vous proposons cet article publié sur le blog de Inoussa
Dans son traditionnel discours à l'occasion de la fête de l'Ide-el-fitr, le chef de l'Etat a abordé plusieurs questions dont certaines relèvent de l'actualité brûlante. Pendant près de deux heures de temps, il s'est livré à un savant exercice d'auto-défense face à la pluie de critiques dont son régime fait aujourd'hui l'objet. Nous classons son discours par thème pour vous permette de mieux saisir ce qui s'est réellement dit au palais de Beit-salam ce jour de la rupture officielle du jeûne.
La dette des Comores et les précédents régimes
Le samedi 13 octobre, le président Sambi a sévèrement critiqué le bilan de ses prédécesseurs. « Personne n'a fait mieux que moi en seize mois » a-t-il dit. Selon lui, aucun chef d'Etat avant lui ne s'est jamais préoccupé de payer la dette extérieure des Comores. « Depuis mon élection j'en ai fait une de mes priorités. Grâce à cette volonté politique d'honorer nos engagements vis-à-vis de nos créanciers, la Banque africaine de développement (BAD) a apuré 70% de notre ardoise. Et la France, lors de mon entretien avec le président Sarkozy, a accepté de réunir ce mois d'octobre à Paris les partenaires des Comores pour voir comment payer les 30% restants » a déclaré le président. Il a signifié à l'assistance que le pays a aujourd'hui les mains liées. Et pour espérer bénéficier d'autres financements, il est urgent de s'acquitter de notre dette extérieure. « Détrompez-vous, sans l'aide internationale, nous ne pourrons rien. Le développement des Comores en dépend. Ce ne sont pas les maigres recettes des douanes et impôts qui vont nous suffire ».
La sécurité nationale et l'armée
« Grâce à l'appui d'un pays ami, nous venons de recevoir des armes, beaucoup d'armes qui mettent l'armée nationale à l'abri de tout besoin pour plusieurs années encore. Notre arsenal de guerre n'a jamais été aussi riche» a-t-il dit. Ces armes, selon lui, pourront aider au renforcement de la sécurité nationale. « S'il est un pays qui veuille bien nous aider, qu'il nous apporte des hélicoptères et autres moyens de transport, mais pas d'armes ».
La situation à Anjouan
« Si la communauté internationale ne parvient toujours pas à organiser une élection à Anjouan et si l'AND n'est pas intervenue à Anjouan, je m'engage ici à présenter ma démission ». La phrase a été suivie d'applaudissements bien nourris. Même s'il n'a donné aucune indication sur le délai au-delà duquel il mettra à exécution sa décision. Le président Sambi a regretté l'intransigeance du colonel Bacar qui nargue en permanence la communauté internationale. Il dit attendre comment l'Union Africaine gère le dossier anjouanais, mais, ajouta-t-il, « s'il arrive que la solution doit forcément être le débarquement militaire, l'armée nationale ira à Anjouan ». Plus loin, le chef de l'Etat a dit qu'il ne souhaite pas « être le destructeur d'Anjouan, c'est une grave responsabilité devant l'histoire ».
Les projets du président Sambi
Eau et électricité pour tous. Tel est le nouveau projet du président Sambi. Lors de ses descentes sur le terrain pendant le mois de ramadan, il a dit avoir constaté le besoin pressant de la population en eau et électricité. Par ailleurs, il a annoncé l'arrivée prochaine des bateaux de pêche promis il y a un an par l'Iran. Des ministres devront se rendre incessamment à Téhéran pour régler les derniers détails de ce projet.
Le président Sambi a, en outre, déclaré qu'il a de nombreux projets en tête, mais il se garde de les citer. « L'île de Mohéli, j'ai un grand projet pour vous. Bientôt, l'avenir vous sourira » a-t-il dit.
Djabal Tv dans le collimateur
Au passage, le président a égratigné la station de télévision Djabal TV qui, selon lui, assure la promotion de Mohamed Bacar moyennant espèces sonnantes et trébuchantes. « Comment, alors que la liberté d'expression est muselée à Anjouan, Djabal Tv arrive-t-elle à couvrir Anjouan ? » s'est-il posé la question avant de poursuivre : « Certains vous appellent déjà Djabal Mille collines pour le très mauvais service que vous rendez à la nation».
A l'adresse des Anjouanais
« Anjouanais, votre pire ennemi n'est pas seulement Mohamed Bacar, mais vous en avez également à Ngazidja et à Mohéli » a dit le président Sambi, allusion à cette campagne anti-anjouanaise qui commence à inquiéter en haut lieu. « On vous dit d'aller rejoindre vos frères à Anjouan, qui dit qu'on ne me le dira pas demain ? Ces gens-là ne vous veulent pas du bien et travaillent pour la désintégration du pays ». Il a ensuite appelé les Wangazidja à ne pas compromettre les projets en cours de réalisation dans l'île à travers des manœuvres et autres actions susceptibles de faire fuir les investisseurs étrangers.
Une charge contre les fonctionnaires
« J'ai seize mois depuis mon élection, et les fonctionnaires ne me doivent rien pendant tout ce temps. J'ai tout payé, aucun arriéré de salaire » a déclaré le chef de l'Etat, péremptoire. « Vous représentez 2% de la population et tous les efforts que nous faisons, c'est de vous payer régulièrement. Pendant ce temps, vous ne faites aucun effort alors que l'on a sacrifié le reste de la population pour vous. Le montant de la masse salariale nous aurait pourtant permis de faire tant de choses, de donner l'eau à des régions entières par exemple ».
Des prières collectives contre les auteurs de détournement des deniers publics
« Je n'ai détourné aucun rond, aucune pitoussi depuis que je suis là. Mais, je ne peux prendre la défense de personne, je parle de moi et vous pouvez être rassurés » a dit le président Sambi. Aux auteurs de détournements de deniers publics, il propose à la population de faire des prières collectives dans les différentes mosquées pour demander à Dieu de les rendre impuissants, de ne jamais donner d'enfant et de finir dans le dénuement.
Situation des étudiants comoriens à Madagascar
« Nous avons fourni beaucoup d'efforts pour ces étudiants. Grâce à l'aide d'un pays ami, les étudiantes ne paient aujourd'hui ni loyer, ni électricité. Des foyers ont été mis à leur disposition à Tana, Majunga, Tamatave et bientôt à Diego ». S'agissant du problème relatif au visa, il a dit qu'il n'y peut rien, ni même le président malgache. « C'est une loi de l'assemblée. Personne ne peut aller contre. Tout est budgétisé. Et ce problème ne concerne pas que les Comoriens, mais toutes les autres nationalités, des Chinois, des Français ». Selon le président Sambi, les droits de visa des étudiants comoriens représentent une énorme bagatelle à Madagascar, soit des milliards de francs malgaches.
Désaveu de son entourage
« Vous me permettrez d'être un peu long, histoire de bien me défendre parce que personne ne me défend, mon équipe » a-t-il dit. Une pierre dans le jardin du gouvernement après la fameuse phrase : « Je suis mal servi et parfois trahi ».