A l'occasion de la journée internationale de la femme édition 2010, nous vous
proposons ci-dessous un article du journal Albalad datant de novembre dernier
lequel rélate l'expérience de trois comoriennes.
Bonne lecture.
Halidi Allaoui
HALIDI-BLOG-COMORES
Lu pour vous :
Source : Albalad n° 123 du 09 novembre 2009
Trois Comoriennes parmi les hommes
Trois comoriennes ayant fait carrière dans des milieux professionnels dominés par
les hommes évoquent leurs souvenirs et les leçons de leur expérience.
Il n’est déjà pas facile de faire une carrière de journaliste, de soldat ou de responsable
politique aux Comores. Mais si en plus, on est une femme, le défi devient encore plus
complexe à relever.
Pourtant, c’est le pari réussi par Tidjara Djoumoi, journaliste de presse écrite connue, de
Mariame Bacar Tabibou, officier de gendarmerie et
de Sittou Raghadat Mohamed
première femme élue députée et première comorienne nommée ministre
Leur dénominateur commun dans leur parcours, un début difficile. Elles s’en souviennent.
«Au début de ma carrière, il n’y avait pas encore beaucoup de femmes militaires, donc mon
entourage n’était pas habitué à la présence féminine et était réticent et même ma mère a mis
du temps avant d’accepter mon intégration dans l’armée», confie le lieutenant Mariame.
Même constat
Les problèmes de Mme Tidjara Djoumoi sont venus de là où elle s’y attendait le moins :“ce
sont au contraire, les femmes qui se dénigrent entre elles mais les hommes, eux, ont de
l’estime pour les femmes instruites, expérimentées et compétentes.” dit-elle.
Même constat pour Mme Sittou:«Une partie des femmes de notre parti m’a soutenu mais les
autres ont préféré un homme à ma place».
C’est dire que la route est encore longue. Mais de plus en plus de femme s’imposent
en intégrant notammentdes secteurs jusque là réservés aux hommes. Il sera sans doute de
plus en plus difficile de vouloir convaincre des Comoriennes de rester au foyer ou se contenter
de métiers dits féminins à l’avenir. Tidjara Djoumois’est frayé son chemin par la force de sa
plume. «Journaliste de formation, j’ai évolué dans un milieu d’hommes. J’avais déjà l’habitude
d’être avec eux; donc je ne me suis jamais sentie marginalisée. On m’acceptait de par mes
compétences et ma personnalité», raconte laresponsabledu renforcement des capacités des
communautés au FADC.
Dans les hautes sphères
Près ses études en journalisme, elle s’est trouvée seule parmi ses collègues hommes dans le
journal Al-Watwan qu’elle a marqué de son empreinte en participant à toutes les activités de la
chaine de fabrication. Cette expérience lui a sans doute facilité son travail au Fonds d’appui
au développement communautaire en tant que communicateur au début et ensuite entant que
responsable du renforcement des capacités des communautés.
Ailleurs dans les hautes sphères de la politique; Mme Sittou ne s’est jamais “sentie
discriminée en tant que femme et affirme même n’avoir pas eu beaucoup de problèmes à
exercer ses différentes fonctions.” Mais cela relève de la pure politesse. Car en vérité, elle a
été la cible de nombreuses attaques venant parfois de son camp.
Du statut d’enseignante à celui de ministre, elle a gravi les échelons en affrontant souvent des
hommes bien plus expérimentés.
Dans le milieu viril de l’armée, le lieutenant Mariame Bacar Tabibou, titulaire d’un diplôme de
gestion, s’est bagarrée depuis son entrée à la gendarmerie en1995 pour convaincre ceux qui
pouvaient douter de ses capacités.
Seule femme de sa promotion, elle a été obligée de s’imposer en subissant les mêmes
épreuves que ses «frères d’armes».
«Je m’en suis toujours sortie très bien», affirme-t-elle, précisant que dans l’armée
heureusement, on ne fait pas de la distinction entre femme et homme.«Tout le monde doit
obéir aux ordres».
Avoir une personnalité
Ministre, journaliste ou soldat, le secret de ces trois femmes a été «un fort caractère» mais
surtout la volonté de réussir et la capacité.
«Ma personnalité que j’associe à mes expériences sont la clé de ma réussite dans l’armée»,
estime le lieutenant Mariame. «Les femmes tiennent à faire le travail d’une façon dévouée,
elles travaillent d’une façon sérieuse, intransigeante et elles vont directement au but. » Insiste
Mme Tidjara.
Une affirmation partagée par les supérieurs de l’officier :.« En pourcentage, les femmes sont
rigoureuses par rapport aux hommes. Elles sont correctes, très sérieuses dans le travail»,
soutient le colonel Normal Mze Hamadi, adjoint du chef de l’Etat-major.
JOSYAICHAR.