La Ville de Ouani qui se trouve à Ndzuwani, une des îles Comores est en deuil suite au décès d' Ibrahim Ben Said Djanffar ( Boura Djanffar) survenu lundi soir. Les obsèques ont eu lieu hier après-midi à Ouani.
AU REVOIR
Ibrahim Ben Said Djanffar
Boura Djanffar
Baha Mahmoud
Hors la loi
Saint Simon
Notre philosophe
Notre sociologue
Notre fundi
Notre tonton
Notre battant
"Un homme-famille"
Un homme ouvert
Le révolutionnaire
.....
Les épaules de ceux qui ont porté ton shilili hier sont solides.
La terre de Ouani ( Wani) est tendre et légère
Les mains familiales et amicales sont douces
Bon voyage et repose en paix.
Vous trouverez ci-dessous les hommages que son ami Haribou Zoubert et son frère Moussa Elkadhum Ben Said Djanffar lui ont rendus sur Facebook
Par Haribou zoubert :
Mon meilleur ami d'enfance Said Ibrahim djanfar nous a hélas quittés hier pour l'éternité paradisiaque divine inchallah.
Éducateur dans l'âme il n'a jamais cessé de l'être. L'éducation,son opium quotidien l'a conduit naturellement à l'enseignement d'abord dans le primaire et plus tard dans le collège où il enseigna passionnément jusqu'à sa retraite la langue de Molière et celle de Harouna Rachid .Tout jeune il était un infatigable militant de l'Ufeo première bibliothèque et centre culturel de notre cité marine (Ouani).Son bénévolat dans le domaine de la culture et de l'éducation ne connaissait aucune limite.Allergique à toute forme d'injustice cela lui a valu paradoxalement le surnom de "Hors La Loi ".En effet il s'opposait toujours à tout au point de devenir"l'incompris de toute sa génération et même de la suivante"
En réalité il avait une lecture du monde très en avance par rapport à son entourage. Cependant il suffisait de l amadouer pour dénicher en lui "la substantifique moelle "de son être débordant de bonté,de gentillesse et de miséricorde à l'infini. Cothurne ,mon meilleur cothurne, il fut et reste mon ami,mon frère de toujours pour toujours car nous avons tout partagé ensemble: les joies ,les peines,le même dortoir au collège de mutsamudi comme au lycée Saïd Mohamed cheikh et la même chambre ( Gnoumba ya baha) à Ouani notre ville natale. Malgré son côté trop simpliste,il était d'une piété pleine et entière. Grand pèlerin puisqu'il a été accomplir avec succès son cinquième pilier de l'islam à la Mecque ce qui lui a valu le titre de notable émérite .D'ailleurs à son retour du "hadj " il n'arrêtait pas de m encourager à me rendre comme lui au berceau de l'islam pour effectuer mon pèlerinage. Ce qui fut fait quelque temps après. Merci mon seigneur de nous avoir permis mon épouse et moi d'accomplir notre pèlerinage en bonne santé. Alhamdou lillah rabil anlamina choukrann lillah.
Voilà juste une de ses facettes les plus heureuses à dépeindre et croyez moi il y en a encore des meilleures .Cependant il aurait fallu des milliers et des milliers de pages pour écrire et raconter toute sa vie pleine de riches rebondissements. A tous ses enfants,à toute sa famille et à tous ses proches dont je fais partie avec fierté j'adresse mes sincères et très douloureuses condoléances les plus attristées.
Adieu mon frère aîné, aurevoir dans une autre vie pleine de miséricorde divine et paradisiaque amina inchallah bi idhinillahil karim .
Ton ami de toujours et pour toujours inchallah
Haribou zoubert.
Par Moussa Elkadhum Ben Said Djanffar
Inna lillah wa inna ilayhi raaji'uun
Alhamdulillah Rabbalalameen.
Ya Allah ! Allahu Albar ! Ya Allah ! Pardonne mon frère Said Ibrahim Ben Hawa, élève son rang parmi les bien-guidés, procure-lui un successeur dans sa descendance, pardonne-nous et pardonne-lui, ô Seigneur et Maitre des mondes ! Elargis-lui sa tombe et remplis-la de lumière. Ameen ya Rabbalalameen. ..
Toi, cher frère aîné! Toi qui a permis à ce que ma mère et mon père puissent porter ton prénom "Maha Boura et Baha Boura Djaffar" !
Toi l'aîné, toi qui te plaisais à être connu comme "Hors la Loi". Tu l'as été, en luttant à ta manière contre la colonisation, ce qui t'a causé le renvoi du lycée Said Mohamed Cheikh en 1968 lors des grèves à Moroni. Tu as brillé par ton éloquence en Français, en Shikomori et plus tard en Arabe. Oui en Arabe.
Malgré ce renvoi, tu as refusé de stopper ta scolarité et tu as accompli rapidement la formation de maître d'école primaire à l'ecole normale de Mvouni. Et comme ta destiné fut de toujours trouver le colon devant toi, on t'a affecté à Mayotte pour y enseigner. A Chirongui, on t'a battu à cause ta grande gueule d'indépendantiste et tu as failli perdre la vie. Tu t'es enfoui et une famille de Mzouazia t'a caché pour te sauver la vie. Tu as pris épouse une de leur fille et tu as formé ton foyer.
Mrognombeni (Petite Terre, Mayotte) tu as enseigné à l'ecole primaire avant de partir à Anjouan. Bazimini et d'autres villes ont été des affectations où tu as laissé qualité de l'enseignement et amis.
A l'indépendance des Comores, tu as refusé de repartir à Mayotte alors que ton épouse te supplier. Tu ne voulais pas être citoyen français.
Tu as passé le concours de l'école nationale d'enseignement supérieure pour y devenir Professeur de Collège de français et d'Arabe. Tu m'as épaté pour ça. J'en suis resté fier de toi. Professeur d'arabe oui d'arabe.
Dans ton tempérament de "contestataire né", tu t'es battu pour te faire élire comme Gouverneur de l'île d'Anjouan après le retour au pouvoir de Ahmed Abdallah. La barre était haute et le choix était pour un autre en la personne du Dr Boudra.
La période du séparatisme à Anjouan fut assez ambiguë toi l'éternel "Hors la Loi". Tu soutiens le mouvement et tu te fais même appeler Saint Simon toi l'anti colonialiste. Mais tu refuses toujours malgré celà d'être citoyen français.
Durant ton avant dernier voyage à Mayotte, voyage qui fut un pèlerinage pour toi, tu as été émerveillé par la densité d'infrastructures publiques mais ceci n'a pas non plus fait changé ta position sur ta citoyenneté. Tu m'as fait comprendre ta fierté de me voir occuper une fonction internationale, chose qui n'aurait pas été possible si les Comores étaient restées françaises.
Je suis fier de toi, de ce que tu as été.
Tu as décidé avec Allah de partir le lendemain de mon arrivée à Windhoek, mon lieu d'affectation soit cinq jours après notre dernière conversation.
Sache que je protegerai ta mémoire, y compris le dernier document que tu m'as fait écrire et que tu as signé deux jours avant mon départ et moins d'une semaine avant que tu quittes ce monde.
Toi mon frère Aîné Said Ibrahim Ben Said Djaffar, tu resteras dans nos coeurs pour toujours.
Allah le Tout Puissant et le Miséricordieux élargira ta tombe et la remplira de lumière. Ameen ya Rabbalalameen. ..