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  • : HALIDI-BLOG-COMORES, Blog des COMORES
  • : BLOG DES COMORES GERE DEPUIS LE 01 DECEMBRE 2013 PAR MARIAMA HALIDI
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A SAVOIR

QU'EST CE QUE LA LANGUE COMORIENNE ?

Pour répondre à cette question pertinente, nous vous proposons ci- dessous l'interview du grand linguiste et spécialiste de la langue comorienne, Mohamed-Ahmed Chamanga

 

 
INTERVIEW DE CHAMANGA PAR RFO EN 2004
 
 
 Le comorien est une langue composée de mots africains, de mots arabes voire parfois de mots portugais et anglais. D'où vient la langue comorienne ?

M.A.C : Le fonds lexical de la langue comorienne est essentiellement « africain » comme vous le dites, et plus précisément bantu. Les emprunts au portugais ou à l'anglais sont relativement faibles. Par contre, l'apport arabe est très important. Cela s'explique par la très forte islamisation des Comores, depuis la Grande Comore(Ngazidja) jusqu'à Mayotte (Maore) en passant par Mohéli (Mwali)et Anjouan (Ndzuwani). Malgré ces emprunts, le comorien (shikomor) reste, sur le plan de sa structure grammaticale, une langue bantu.

Qu'appelle t-on une langue bantu ?

M.A.C : Le bantu est une famille de langues, la plus importante d'Afrique. Les langues qui composent cette famille couvrent pratiquement toute la partie australe du continent noir.

Y a t-il encore aujourd'hui en Afrique ou à Madagascar des populations qui parlent une langue similaire au comorien ?

M.A.C : Bien sûr ! On trouve par exemple le swahili en Tanzanie, le lingala au Congo Démocratique, le kikongo au Congo, le zulu en Afrique du Sud, le shona au Zimbabwe-Mozambique, le tswana au Botswana, le kinyarwanda-kirundi au Rwanda-Burundi, etc. Comme ces langues appartiennent à la même famille, elles ont forcément beaucoup de points communs dans la structure des mots, leurs répartitions dans les phrases, les accords grammaticaux, etc. Elles ont aussi un minimum de vocabulaire commun.
Prenons par exemple le mot bantu ! Ce mot est attesté dans certaines langues, comme le lingala, et il signifie « hommes ». C'est le pluriel du mot muntu qui veut dire « homme » au singulier. Dans d'autres langues, ces mots se déclinent au pluriel en watu (swahili), wantru ou watru ou en encore wandru (shikomor) ; au singulier, nous avons respectivement mtu, muntru, mtru, mndru.
Prenons encore l'exemple de la phrase kinyarwanda suivante qui signifie : « Combien d'hommes ? » : Abantu bangahe ? Nous avons en comorien les équivalences suivantes :Wantru wangapvi ?Watru wangapvi ?Wandru wanga(pvi) ? et en swahili :watu wangapi ?

Ne pensez-vous pas qu'il y a beaucoup de ressemblance dans tout ça ?

M.A.C : A Madagascar, jusqu'au milieu du XXe siècle, il y avait quelques poches bantuphones sur la côte nord-ouest. Mais les langues africaines qui y étaient parlées, le swahili à Marodoka ou le makua à Maintirano, ont aujourd'hui disparu. Le malgache appartient à une autre famille de langues : les langues austronésiennes comme par exemple les langues indonésiennes.

Le comorien est souvent comparé au swahili, parfois on a même dit que le comorien en était dérivé ?

M.A.C: Selon les résultats des recherches des trois dernières décennies, il est prouvé que le comorien et le swahili sont génétiquement issus d'une même souche-mère, d'où leur très grande parenté. Mais les deux langues se seraient séparées aux environs du XIIème siècle. On peut donc dire que ce sont deux langues soeurs. Si la confusion a pu se maintenir jusqu'à une période pas très lointaine, c'était à cause de la très grande proximité des deux langues, mais aussi parce que les sultans des Comores parlaient swahili et beaucoup de correspondances et traités avec les pays voisins ou les puissances étrangères étaient rédigés en swahili qui étaient à l'époque la plus importante langue de communication et du commerce de cette région de l'océan indien occidental.
Par combien de personnes est parlée la langue comorienne?
M.A.C:On peut estimer que la langue comorienne est parlée aujourd'hui par un million de personnes environ : les 750 000 habitants de l'archipel des Comores plus la très importante diaspora comorienne, que l'on peut retrouver notamment à Madagascar, à Zanzibar ou encore en France.

Est-elle enseignée à l'école ? Si non pourquoi ?

M.A.C: Malheureusement, elle ne l'est pas. Pourquoi ? Parce que : Premièrement, la colonisation française, avec sa mission « civilisatrice », n'avait jamais reconnu au peuple dominé une quelconque culture ou civilisation et que les langues des dominées n'étaient pas des langues mais, avec un sens très péjoratif, des dialectes qui n'avaient ni vocabulaire développé ni grammaire.
Deuxièmement, le pouvoir très centralisateur de l'Etat français avait imposé le français comme la seule langue de l'administration partout. Cela était vrai dans les colonies, mais aussi en métropole. C'est ainsi qu'on a banni l'enseignement du breton en Bretagne, du basque au Pays Basque (Sud-Ouest de la France).
Troisièmement enfin, nous avons nous-mêmes fini par admettre que notre langue est pauvre et sans grammaire. Elle ne peut donc pas être enseigné. Il faut encore souligner qu'avec l'instabilité chronique des Comores indépendantes, aucune réflexion sérieuse n'a pu être menée sur la question. Pourtant, les pédagogues sont unanimes : pour permettre l'épanouissement des enfants, il est nécessaire que ces derniers puissent s'exprimer pleinement dans leur langue maternelle...

Y a t-il une ou des langues comoriennes ?

M.A.C:Nous avons la chance d'avoir une seule langue comorienne, depuis Ngazidja jusqu'à Maore. Mais comme toute langue, le comorien se décline en plusieurs dialectes qui en sont les variantes régionales : le shingazidja à la Grande Comore, le shimwali à Mohéli, le shindzuani à Anjouan et le shimaore à Mayotte.

Comment expliquer l'apparition de divers dialectes sur un territoire aussi exiguë que les Comores ?

M.A.C : Ce phénomène n'est pas spécifique au comorien. Toute langue est formée de plusieurs dialectes. La dialectalisation s'accentue lorsqu'il y a peu de communications et d'échanges entre les régions. A l'inverse, le déplacement d'une population qui parle un dialecte donné vers une autre région où l'on parle un autre dialecte peut également entraîner des changements dans les deux dialectes. Pour le cas des Comores, le facteur du peuplement par vagues successives au cours de l'histoire explique aussi le phénomène.
Les différences dialectales peuvent aussi s'observer à l'intérieur de chaque île. C'est ainsi, par exemple en Grande Comore, que la manière de parler des gens de Mbéni dans la région du Hamahamet diffère du parler des gens de Fumbuni dans la région du Mbadjini. Il en est de même à Anjouan entre les gens de Mutsamudu, sur la côte nord, et ceux du Nyumakele, dans le sud-est de l'île, ou encore, à Mayotte, entre Mamoudzou et Kani Bé ou Mwana-Trindri dans le sud, etc.

Un mot sur la langue mahoraise.

M.A.C:Le shimaore appartient au même sous-groupe dialectal que le shindzuani. C'est dire qu'il faut souvent écouter attentivement pour percevoir les différences entre ces deux dialectes. Le shimaore fait ainsi partie intégrante de la langue comorienne.

Le comorien s'enrichit-il ou s'appauvrit-il (avec le phénomène de créolisation de la langue) ?

M.A.C : Parler à l'heure actuelle de créolisation de la langue comorienne est quelque peu exagéré. Certes elle ingurgite aujourd'hui beaucoup de mots d'origine française. Mais cela reste « raisonnable ». Le comorien a emprunté énormément de vocabulaire d'origine arabe, environ entre 30 et 40 % du lexique, pourtant on ne parle pas de créole arabe, et cela à juste titre. En effet, ce qui fonde une langue, ce ne sont pas seulement les mots. Ce sont surtout sa structure grammaticale et sa syntaxe. De ce point de vue, le comorien ne ressemble ni à l'arabe ni au français.
On ne peut pas dire que le comorien s'appauvrit. Essentiellement oral, il répond parfaitement à nos besoins de communication. Il est toutefois évident qu'une langue écrite possède un stock lexical beaucoup plus étendu qu'une langue orale. Ne vous inquiétez pas pour le comorien. Si un jour, on décide de l'écrire, de l'enseigner et de l'utiliser dans l'administration, il ne pourra que s'enrichir. Il s'enrichira en se forgeant des mots nouveaux ou en empruntant d'autres ailleurs, comme cela se fait dans les langues dites de « grande civilisation ».

Où en est actuellement la recherche sur la langue comorienne ?

M.A.C: La recherche sur la langue comorienne avance ; trop lentement peut-être, mais elle avance. Nous avons aujourd'hui une meilleure connaissance sur elle qu'il y a vingt ans. Malheureusement, c'est un domaine qui intéresse peu de monde, aussi bien chez les nationaux que chez les chercheurs étrangers.

Pensez-vous qu'un jour tous les Comoriens parleront la même langue ? Et sur quoi se fonderait cette sédimentation en une seule langue « nationale » ?

Mohamed Ahmed-Chamanga : Nous parlons déjà la même langue. Ce qui nous manque, c'est une langue standard, comme en Tanzanie avec le swahili, à Madagascar avec le malgache, ou en encore au Zimbabwe avec le shona, etc. Pour arriver à ce stade, il faut qu'il y ait une réelle volonté politique, une prise de conscience chez les Comoriens de vouloir mieux apprivoiser leur propre culture et que soit mise en place une équipe de chercheurs qui se pencherait sur la question et qui proposerait cette langue standard qui serait utilisée dans tout l'archipel des Comores.

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CI-DESSOUS LES NEWS  RECENTES  DES COMORES

 

 

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A PROPOS DE OUANI

Ouani et ses grands hommes
 
 
L’être humain est insignifiant puisque le corbeau et beaucoup d’autres espèces d’arbres vivent plus longtemps que lui. De ce court séjour dans ce bas monde à la différence d’autres êtres vivants, l’homme peut marquer de son empreinte l’histoire.
A OUANI, ce genre d’homme malgré sa rareté, a existé et continu à exister jusqu’à nos jours. En ouvrant ce nouveau chapitre, quelques dignitaires en collaboration avec le comité de pilotage de la ville ont tenu à rendre hommage beaucoup d’hommes et de femmes qui ont fait du bien à cette ville.
En dehors de tout jugement, ils ont fait de leur mieux pour que Ouani devienne l’une des grandes villes les plus rayonnantes des Comores et Ouani l’est grâce à eux. Elle doit continuer à l’être pour nous et les générations à venir.
A titre posthume, nous tirons la révérence devant Saïd Toiha (Baco Moegné), Saïd Abdou Bacar Nomane, Saïd Abdou Sidi et Saïd Andria Zafi.
 
Le premier pour avoir créé la première école privée de la ville dans l’objectif de ne plus avoir un enfant de six à sept ans non scolarisé, le second qui a été le premier à être ministre et dont les louanges dépassent les frontières de la ville, le troisième a accompagné plusieurs années la jeunesse et le dernier a beaucoup contribué au niveau de l’enseignement primaire par son dévouement et son engagement à instruire ceux qui l’ont fait pour nous. Cette liste vient de s’ouvrir et n’est pas prête de se fermer ; beaucoup d’autres personnes disparues ou vivant tels que les enseignants apparaîtront à la prochaine édition.
Ansaly Soiffa Abdourrahamane
 
Article paru en 2003 dans le n° 0 de Jouwa, bulletin d’information de OUANI
 
 
 
 
LES ENFANTS DE LA VILLE DE OUANI
ET L’HISTOIRE   DES COMORES
 
 Beaucoup d’enfants de la ville de OUANI ont marqué et marqueront toujours l’histoire de leur pays : les îles Comores.
 
 En voici quelques uns dans différents domaines.
 La liste n’est pas exhaustive
 
 I) LITTERATURE
 
LITTERATURE ORALE
 
ABDEREMANE ABDALLAH dit BAHA PALA
 
Grand connaisseur du passé comorien décédé brusquement en 1988.
Actuellement, un projet de publication de sa biographie est en étude.
On trouve beaucoup de ses témoignages sur l’histoire des Comores dans le tome 2 de l’excellente thèse de SIDI Ainouddine sur la crise foncière à Anjouan soutenue à l’INALCO en 1994 
 
LITTERATURE ECRITE
 
Mohamed Ahmed-CHAMANGA
 
Grand linguiste des Comores
 
 Né à Ouani (Anjouan) en 1952, Mohamed Ahmed-Chamanga, diplômé de swahili et d'arabe, a fait des recherches linguistiques sur sa langue maternelle. Il enseigne la langue et la littérature comorienne à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Il est l'auteur d'une thèse, de plusieurs articles, ainsi que d'un recueil de contes de l'île d'Anjouan : Roi, femmes et djinns (CLIF, 1998). Président de l'Association Fraternité Anjouanaise, Mohamed Ahmed-Chamanga a fondé, en 1997, le journal Masiwa.
 Il enseigne actuellement la langue et la littérature comoriennes à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris (INALCO).
 
AINOUDINE SIDI
 
 Historien & grand spécialiste de l’histoire foncière des Comores 
 
 Né à OUANI, en 1956. Il a fait des études d’histoire à l’université de DAKAR (SENEGAL) et a préparé un doctorat d’études africaines à l’INALCO (PARIS)  Il est actuellement chercheur et Directeur du CNDRS (Centre National de Documentation et de Recherches Scientifiques) à MORONI.
 
 II) MUSIQUES & CHANTS
 
DHOIFFIR ABDEREMANE
 
Un des fondateurs de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Avec ses chansons axées sur la contestation sociale. Il fait partie des premiers artistes qui ont introduit aux années 60 une nouvelle forme de musique aux COMORES.
 
C’est un homme très discret mais plein de talents. On se souviendra toujours de ses productions à la salle AL CAMAR de MORONI.
 
FOUDHOYLA CHAFFI
 
 Une des premières femmes comoriennes à avoir fait partie d’un orchestre musical.
 Il s’agit là d’un engagement incontestable de la part d’une femme comorienne.
 Elle a commencé à jouer un rôle important dans la chanson à partir de 1975 comme chanteuse principale de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Sa voix d’or résonne toujours dans le cœur de tous ceux qui ont vécu dans notre pays de 1975 à 1978. On ne passait pas en effet, une seule journée sans entendre une de ses chansons sur l’égalité des sexes, l’unité des Comores, le changement des mentalités… à la radio nationale.
 
 III) POLITIQUE
 
Le sultan ABDALLAH III
 
 De mère ouanienne, il est l’un des grands sultans qui ont régné dans l’archipel des Comores au 18eme siècle et plus précisément sur l’île d’Anjouan.
 
SITTOU RAGHADAT MOHAMED
 
La première femme ministre et élue député des COMORES
 
Né le 06 juillet 1952 à OUANI. Elle a enseigné pendant plusieurs années le français et l’histoire géographie dans différents collèges du pays avant d’être nommée secrétaire d’Etat à la condition féminine et à la population en 1991.
De 1991 à 1996 elle a assumé de hautes responsabilités politiques : Haut commissaire à la condition féminine, Ministres des affaires sociales, conseiller spécial du président de la république, secrétaire général adjoint du gouvernement, élue députée ….
Actuellement, elle est enseignante à l’IFERE et Présidente du FAWECOM.
 
Article publié sur le site de l'AOFFRAC (www.aoffrac.com)
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 15:56

Nous vous proposons ci-dessous un clip de Salim Ali Amir, un grand chanteur engagé et un des meilleurs artistes comoriens.

 

Avec cette chanson intitulée "pédophilie", Salim Ali Amir dénonce avec force ce fléau qui gangrène les comores dépuis plusieurs années. la situation s'aggrave. Pourtant rien de sérieux n'est fait pour punir sévérement leurs auteurs et protéger les victimes. Bien au contraire, la tolérance et l'indifférence de tous sont de mise.

 

Il est temps que tout le monde se reveille et prenne ses responsabilités. Cette situation doit cesser.

 

 

 

 

 

Halidi Allaoui (HALIDI-BLOG-COMORES)

 

 

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25 octobre 2011 2 25 /10 /octobre /2011 21:36

Source : http://www.malango-actualite.fr/article/mayotte_sous_les_mabawas_les_cactus-7923.htm

Lundi 24 Octobre 2011 à 09:19:26

 

Mayotte - Sous les mabawas, les cactus

Par Eric Trannois

 

La ''crise des mabawas'' a finalement peu à voir avec un problème de vie chère. Ce thème a été choisi par référence au mouvement de Guadeloupe de 2009, mais il masque une autre réalité bien plus dérangeante pour ceux qui sont en réalité responsables de ce mal être des Mahorais qui se rendent compte qu'on les a bernés pendant cinquante ans.


La graine qui donnera naissance au mouvement des mabawas et à bien d'autres, soyons en certains, a été plantée en 1958 quand les chefs politiques locaux ont commencé à revendiquer le statut de département pour Mayotte. Après le référendum de septembre 1958, les Comores choisissent d'adopter le statut de territoire d'outremer. Seuls les quatre conseillers de Mayotte optent pour le statut de département par une motion qui ne sera même pas mise aux voix. Le 2 novembre 1958 est créé le ''congrès des notables de Mayotte'' qui revendique officiellement, pour la première fois, le statut de département pour Mayotte.


L'histoire revisitée autant par les édiles locaux que par l'état évoquent souvent la légendaire ''francophilie'' des Mahorais. En fait, elle est comme toutes les légendes et c'est Younoussa Bamana qui la définissait le mieux et beaucoup plus prosaïquement quand il disait que « tant qu'à être colonisés, autant que ça soit par un pays riche » pour expliquer -en partie- le refus de l'élite politique mahoraise de rejoindre les autres îles des Comores dans l'indépendance.


C'est donc dès le début du ''combat'' -combat contre qui?- pour la départementalisation qu'a commencé la grande arnaque consistant à faire croire à un peuple crédule -la première école maternelle a été construite à Mayotte en 1993- qu'il suffisait d'être département français pour que l'argent se déverse dans les poches des Mahorais. Sans contrepartie. Pour preuve, cette réponse faite devant les caméras de Télé Mayotte peu de temps avant la consultation de 2009, par un Mahorais de la rue interrogé sur la mise en place prévisible des impôts locaux : « si on nous donne de l'argent, ce ne sera pas un problème [de payer des impôts] ».


Encore aujourd'hui, rares sont les Mahorais -abstraction faite de ceux qui ont vécu en métropole et qui sont d'ailleurs bien mal accueillis à leur retour à Mayotte- qui ont une vision objective de ce que représentent la départementalisation et un système social français déjà bien mis à mal depuis 1974, date à laquelle ont coïncidé l'indépendance des Comores et la première crise du pétrole qui deviendra rapidement tout simplement ''la crise'' et dont nous ne sommes jamais sortis depuis. Le système social français n'est plus ce qu'il était, mais personne n'en a averti le peuple mahorais.


Dès la mise en chantier des modifications institutionnelles à Mayotte après la consultation de 2000, organisée par le gouvernement Jospin, qui prévoyait la départementalisation dans les dix ans, les Mahorais ont commencé à voir leurs traditions et culture de plus en plus amputées et remplacées par des concepts et des modes de fonctionnement nouveaux pour eux et à l'opposé de leurs pratiques ancestrales. L'entraide et la communauté laissent place à l'individualisme occidental, la transmission autant culturelle que morale entre générations ne se fait plus, par exemple. Si au moins cette période avait été mise à profit pour organiser le débat, mettre tous les éléments sur la table afin que les électeurs puissent se prononcer en toute connaissance de cause! Mais le silence et le mensonge, l'entretien du fantasme et des idées fausses ont perduré et gare à celui qui osait émettre des réserves! Il était aussitôt taxé d'ennemi de Mayotte, car, c'est bien connu, Mayotte n'est constituée que de départementalistes. Ici règne « l'homogénéité obligatoire », comme la nomme Alain Finkielkraut², alors que pour Yves Salesse3, « affirmer une opinion différente est déjà signe d'irrespect et de marginalité ». Ce mutisme devenait tellement gênant que le préfet Denis Robin sera obligé de monter au créneau en organisant une tournée des villages en janvier 2009, quelques semaines avant la consultation du 29 mars (boudée par 39% des électeurs inscrits alors qu'on aurait pu s'attendre à une participation record) pour tenter en quelques minutes d'expliquer ce qu'était réellement la départementalisation. Mais il était déjà trop tard. Comment, en si peu de temps, combler tant d'années de silence et de mensonges, d'autant que sa parole de m'zungu était peu entendue. Les Mahorais n'ont pas une grande confiance dans la parole des wazungu, ce qu'on ne peut leur reprocher tant les tergiversations des gouvernements successifs à propos du statut de Mayotte ont été nombreuses et floues. On le voit encore aujourd’hui quand le président du conseil général, Daniel Zaïdani, ''récuse'' -à quel titre?- l'actuel préfet comme « interlocuteur crédible et audible » entre les importateurs et les syndicats.


Et puis la départementalisation est arrivée. Les élus mahorais sont montés à Paris pour signer le « Pacte pour la départementalisation de Mayotte » une sorte de contrat entre Mayotte et l'état français. Ils l'ont signé sans rien discuter de son contenu, de peur que cela retarde l'échéance tant attendue. Peut-on imaginer signer un contrat, avec un gouvernement de surcroit, sans même le discuter? Cela répondait à la logique du « prenons ce qu'on nous donne, on discutera après » chère au monde politique mahorais. Très peu contesteront ce pacte. Saïd Omar Oili le fera et sera bien évidemment immédiatement étiqueté ''anti départementaliste'' au nom du principe de ''celui qui n'est pas avec nous est contre nous''.

Seulement, pour le gouvernement Sarkozy, un contrat est un contrat et la ministre de l'outremer, Marie-Luce Penchard, ne manquera jamais de se référer à ce pacte, « tout le pacte, rien que le pacte », se plait-elle à répéter depuis. Contrairement à ce que pourraient faire croire les tee-shirts qui se promènent encore à Mayotte arborant le slogan « Sarkozy le père de la départementalisation », Sarkozy n'est pas particulièrement ''mahoraiphile''. Faut-il rappeler que durant sa campagne de 2007 à la Réunion, il avait refusé de venir à Mayotte qui l'attendait, pleine d'espoir? Comme tous ceux qui se sont succédés à l'Elysée depuis 1974, il a hérité du dossier de Mayotte comme d'une patate chaude et il essaie de ''faire avec'', davantage pour respecter la parole donnée du bout des lèvres par la France il y a 35 ans, que par conviction.


La départementalisation nécessitait des aménagements profonds dans une législation mahoraise assez floue, faite de lois qui ''s'appliquent à Mayotte'' ou ''ne s'appliquent pas à Mayotte''. Pour accéder au staut de département, il fallait quelques pré-requis, comme le foncier et l'état-civil. Si la réforme de l'état-civil n'a pas rencontré d'opposition de la part des Mahorais, même si elle n'a jamais été achevée (de nombreux Mahorais sont encore aujourd'hui virtuellement apatrides), celle du foncier s'avère nettement plus critiquée. Et le mot est faible. Comment faire comprendre à quelqu'un qui occupe un terrain en bord de mer depuis des décennies, voire des générations, que ce terrain ne lui appartient plus, mais fait partie du domaine de l'état? Qui avait parlé aux Mahorais de cette loi des ''pas du roi'' qui a réussi à traverser les révolutions françaises et les océans pour s'appliquer aussi dans les DOM, même avec une diminution de son étendue pour tenir compte de l'insularité? Qui a expliqué aux Mahorais qu'elle faisait partie du package départementalisation? Sur une île volcanique de 374 km² où les terrains plats se trouvent majoritairement sur le littoral, ce ''détail'' avait pourtant son importance.


Les élus qui ont signé le Pacte les yeux presque fermés ont cependant lu un mot qui a retenu toute leur attention : « adaptée ». Ils pensaient avoir trouvé LA solution. L'adaptation consisterait à supprimer du statut tout ce qui dérangerait. L'adaptation a ses limites et l'on se rend compte aujourd'hui qu'elles sont atteintes ou proches de l'être.

Le conflit social que traverse Mayotte en ce moment repose presque entièrement sur un seul mot : « frustration ». Frustration d'une consommation naissante dont les Mahorais ont peur d'être exclus et frustration devant le statut de département qui ne répond pas à leurs attentes, à leurs croyances pour être plus exact, tant ces attentes relèvent du fantasme irréalisable. Sophie Blanchy1, anthropologue, ne dit pas autre chose quand elle affirme que « l’état du département n’est pas ce à quoi ils s’attendaient, ce qu’on leur avait promis » dans les colonnes du Nouvel Observateur de ce 20 octobre.


Il met également en lumière d'autres malaises. Combien de fois a-t-on pu entendre les élus mahorais demander à ce qu'on fasse « fonctionner la solidarité nationale »? Dans les deux sens? serait-on tenté de demander. Les Mahorais attendaient une manne venue de l'état à ce titre, et pour l'heure, ils voient que la présence de l'état français « se manifeste surtout au quotidien par la présence policière », comme le remarque Sophie Blanchy, qui si elle ne s'adresse pas à eux directement -26.000 reconduites à la frontière l'année dernière-, impacte malgré tout leur quotidien. Les Mahorais ne peuvent sortir sans leurs papiers, au risque de se retrouver « à la police pendant plusieurs heures, pour qu'ils vérifient » qu'ils sont bien français, comme nous le dit Marianne, une habitante de Chirongui. Personne ne peut être à l'aise dans ce climat de ''chasse à l'homme'' perpétuelle, surtout quand le chassé est un frère, un cousin, un ami. Absolument personne. Certes, ce sont les élus mahorais qui ont demandé et obtenu ce visa Balladur, mais ce sont les Mahorais "d'en-bas" qui subissent ce désagrément. "Désagrément", parce que ce n'est évidemment rien en comparaison du traitement réservé aux expulsés, considérés comme des délinquants indignes de respect. 

Enfin, et c'est probablement le malaise le plus difficile à accepter et à mettre sur la table, la petitesse du territoire et la proximité des autres îles, mais également les liens familiaux très étroits qui existent entre elles, y compris Madagascar, font que Mayotte ne pourra continuer très longtemps à vivre dans une bulle qui a pour limite la barrière de corail. Ce conflit a enfin mis en évidence que si l'on voulait résoudre au moins en partie ce problème de vie chère, il fallait commercer avec nos voisins, Madagascar et l'Union des Comores. Certains n'ont plus peur d'évoquer cette possibilité de faire venir les tomates d'Anjouan plutôt que de Marmande -des initiatives privées ont commencé ce travail- et le b½uf de Madagascar plutôt que du Brésil. Mayotte est dans la rue pour protester contre la vie chère, mais le zébu mahorais se vend entre 12 et 20 euros le kilo, au bord de la route, au moins aussi cher que la viande importée du Brésil, mais sans frais de port, de structures ni de distribution. Celui de Madagascar est en vente au détail sur les marchés malgaches pour quelques euros.

Assez sournoisement, les conclusions des états généraux de l'outremer préconisaient, pour faire baisser les prix, de favoriser le marché régional face aux importations lointaines, mais la législation continue à favoriser les entreprises françaises, éventuellement européennes, par différents artifices, les plus pratiques étant ceux de l'hygiène et des normes. Un obstacle pourtant facilement surmontable, pour peu que la volonté soit là.

Comme on peut le voir, on est très loin du prix des mabawas et il serait utile, pour espérer un avenir serein de Mayotte, de regarder les cactus qui se cachent sous ces mabawas. Tant que l'on n'aura pas posé les vrais problèmes sur la table, Mayotte souffrira d'accès de fièvre périodiques, chaque fois plus violents, chaque fois plus nauséabonds dans les méthodes utilisées et les débordements.

1 - Sophie Blanchy est l'auteur, entre autres, de ''La vie quotidienne à Mayotte'', éditions L'Harmattan – 1990

2 - ''La défaite de la pensée'', Alain Finkielkraut, 1987.

3 - Yves Salesse, ''L'illusion de la France'', éditions l'Harmattan, 1995. Le texte, écrit en 1990-1991 est particulièrement prémonitoire.

 

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21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 21:56

 

 La mort de Khadafi, «une triste nouvelle » aux Comores

 

(Photo / Sitti Kassim,porte-parole du gouvernement comorien)


La mort de Kadhafi a été accueillie comme une «triste nouvelle» à Moroni pour reprendre l'expression de Damir Ben Ali, ancien président de l'Université des Comores. Car, comme l'explique le chercheur comorien «peut-être la démocratie a gagné mais c'était quand même un défenseur de l'Afrique... Il a défendu la dignité de l'Afrique. Il a aussi soutenu notre pays. Espérons que la démocratie gagnera.»

 

La porte-parole du gouvernement comorien, Siti Kassim (photo ci-dessus), aurait, quant à elle,   « souhaité que les hommes se battent par les propos et non pas les armes. La mort n'a jamais été une bonne chose. »

 

ministre_said_20jaffarv.jpgPour l'ancien ministre des Relations extérieures , Ahmed Ben Said Jaffar (Photo ci-dessus / Archives Halidi-Blog-comores), « Kadhafi a été un grand homme de l'Afrique. Il a toujours défendu la cause des faibles. »

Certes, sa disparation  pose « le problème de la gestion du pouvoir et de la durée à la tête des Etats mais il ne faut pas oublier qu'il a été à l'origine de l'Union africaine. Il n'y a pas d'homme parfait. » a souligné l'ancien ministre.

S'il admet que l'état dans lequel se trouve la Libye est dû à « son entêtement, » l'ancien chef de la diplomatie comorienne rappelle que « Kadhafi a toujours soutenu les Comores notamment sur la question de Mayotte »

« On ne peut pas ne pas avoir une pensée pour lui », a-t-il dit.

 

Député 030Le vice-président de l'assemblée nationale, Attoumane Allaoui Andoudou (Photo ci-dessus - Archives Halidi-Blog-Comores, en cravate rouge), « Kadhafi ne mérite pas cette mort quelque soit les raisons. C'est un grand homme. Il ne devait pas être abattu comme cela. ».

Pour l'élu, « il y a eu des régimes plus atroces que celui de Kadhafi. Comment comprendre que depuis dix ans, il a été l'ami de l'occident et que, du jour au lendemain, il soit devenu l'ennemi à abattre ? »

Pour le député Andoudou, « la cause de la mort de Kadhafi est ailleurs. Il savait dire non à l'Occident ...

Comme la majorité des Comoriens, je suis très touché par cette mort »

Il a en outre fait observer qu'il est inhabituel

que « des Etats occidentaux larguent  des armes à des rebelles. » et qu'il craint que cela ne fasse tâche d'huile.


AMj

 

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15 octobre 2011 6 15 /10 /octobre /2011 22:09

Source :

http://nomansland.mondoblog.org/2011/10/11/%c2%ab-la-parole-est-une-arme-contre-le-silence-lorsque-le-silence-est-lachete-face-a-l%e2%80%99oppression-et-entraine-soumission-et-frustration-%c2%bb/

« La parole est une arme contre le silence, lorsque le silence est lâcheté face à l’oppression et entraîne soumission et frustration »

SANIA est un livre qui vient à point nommé : à l’heure où des peuples de toute part se soulèvent contre des pouvoirs dictatoriaux. SANIA est une poésie de la révolte, de l’insoumission. Dans ce recueil de poèmes écrit avec une verve hors du commun, le poète Sadani Tsindami, au moyen de vers subversifs, s’est obstiné à ériger au fil des pages un Tour de Babel poétique. Ainsi espère-t-il commettre le déicide ultime : tordre le cou au silence qui hante les Comores depuis des millénaires. A travers un entretien qu’il a accepté de nous accorder, le poète Sadani Tsindami aborde cette poétique et cet imaginaire qui rendent atypique son œuvre et que lui seul connaît le secret.


SANIA de Sadani Tsindami

SANIA de Sadani Tsindami


No Man’s Land : Qui êtes-vous en fait, Sadani ?


Sadani : Je ne suis pas Sadani, justement, « je est un autre »…pour simplifier votre question, en chaque individu, il y a un corps et un esprit. Je comprends que votre question est directement liée à l’état civil, seulement, le poète n’a pas d’identité visible ou ne doit pas en avoir, dès lors qu’il a choisi de la refuser, cette identité. Je suis un esprit sensible qui décrit une réalité palpable au sein d’un peuple. Je suis Comorien, c’est tout…


No Man’s Land : Certains affirment que vous vous cachez, pour ne pas assumer vos prises de position publiques, souvent très dures et emportées….


Sadani : Ils ne me verraient pas si je me cachais, ils ne me connaîtraient pas ou ils ne sauraient jamais qui je suis. Croyez-vous vraiment que le fait de dire que je ne suis pas celui qui écrit, soit un jeu de cache-cache ? Beaucoup de gens savent qui est Sadani, mais pour eux, et je crois qu’ils ont raison, l’essentiel ne se situe pas à une curiosité sans effet. C’est ce qui se trouve sous la plume qui justifie la personne réelle. Vous, vous connaissez mon état civil, ma vie familiale, mes lieux communs et tout le reste…Est-ce pour autant que je ne suis pas Sadani ? Il faut éviter cette question confuse. Puis, je ne suis pas « anonyme » puisque je suis Sadani, un « pseudonyme ».


No Man’s Land : Vous êtes connu pour avoir un moment animé avec vos mots et vos histoires sur les réseaux sociaux (Bangwe), développé une approche d’écriture (qui connut un certain succès) pourriez-vous nous parler un peu de votre poétique ?


Sadani : C’est un regard porté sur les fondements de l’imaginaire comorien dans sa relation aux autres imaginaires. Je crois que Glissant appelle cela, sans prétention de ma part, « poétique de la relation ».Ce que nous sommes, ce que nous avons hérité de l’histoire et ce qui doit entrer dans le mouvement de la renaissance en opposition à une certaine dégénérescence que l’on constate dans le pays Comores. Il n y a rien de particulièrement nouveau dans cette démarche, qui est défendue avec beaucoup de talent par les poéticiens antillais, Chamoiseau et Confiant, par exemple, dans « Eloge de la créolité »… Il y a une certaine radicalité chez ces derniers, mais en fait, entre les « nègritudistes », Glissant et les chantres de la créolité, demeure une continuité revendicative, englobant l’Esthétique comme le politique, à des degrés variables. J’essaie de lier l’utile à l’agréable dans ce que vous appelez, la poétique.

Dans le choix des thèmes, l’écriture est la manière de valoriser mes idées, je me réfère à ce silence obsessionnel d’une appartenance mystique à une réalité opprimée. Le fait d’avoir voulu nous faire croire que Dieu est blanc….Ce qui limiterait toute tentative d’affranchissement de notre part….Vous voyez ce que je veux dire…


No Man’s Land : Comment dans des textes, ce silence obsessionnel, s’exprime-t-il ?


Sadani : Par une fureur instinctive, orale, publique et sans concession. La spontanéité du geste d’écrire est dictée par un instinct qui tire sa raison d’une appartenance à un lieu, une histoire et le désir de dire. Ma poésie est ainsi faite, enrichie par des lectures qui ont colporté cet instinct jusqu’à découvrir qu’en mes îles méconnues, ce frisson de l’impératif de dire avait déjà soulevé les grands hommes, que j’ai cités, des poètes îliens d’origine, ayant raconté l’être dans son universalité la plus incontestable…L’écrit cristallise une reconnaissance intellectuelle, tout simplement. Il affirme et défend l’idée selon laquelle, la parole est une arme contre le silence, lorsque le silence est lâcheté face à l’oppression et entraîne soumission et frustration. Contrairement à l’adage du silence qui serait d’or- silence peut-être sur un matelas en diamant-, au réveil, à un certain âge, on se rend compte que dans un pays aussi spécial que l’archipel, sous la coupe de pas mal de vérités contestables qui convergent en tous points vers l’oppression sociale, on ne peut pas défendre un art qui tourne le dos à la misère multiforme de la majorité. Je tente d’exprimer cette sensibilité car « le beau n’est pas dégradé pour avoir servi la multitude », disait Victor Hugo. C’est dans ce sens que l’art, la poésie en particulier, se doit d’être engagée. La forme adoptée doit obéir à une certaine beauté et il n y a pas plus beau que le regard d’une vie à travers le prisme matriciel.


No Man’s Land : En est-il ainsi de Sania ?


Sadani : Oui, bien sûr aussi bien dans le fond que dans la forme. Sania peut paraître comme une imitation de l’exacerbation romantique, telle que les Ronsard avec Hélène, Aragon avec Elsa, l’ont chanté…Mais si je vous disais que dans Sania, il y a une volonté de défendre la liberté de choisir sa vie, son homme, sa femme, et que l’on retombe dans une dialectique politique absolue, qui est celle de la révolte. Sania est une révolte. La révolte est consubstantielle à la liberté. Le contexte mercenarial dans « Sania » est un prétexte politico-littéraire, bien sûr. Et bien que tout cela soit ancré dans une vérité testimoniale. Le fond est cette douloureuse obsession d’une femme. La forme est certes moins virulente, mais je l’ai voulue immédiate, des coups de flash, si je puis le dire, correspondants à mes sentiments du moment.


No Man’s Land : Il est vrai que dans la forme de vos écrits connus, vous mélangez les langues et dans Sania, ce n’est pas trop présent…Y a-t-il une raison à ça ?


Sadani : Il y a une raison simple qui est que Sania est un dialogue entre deux personnes. Chacun dispose de son propre registre de langue et ne se doit en aucun cas d’imposer une vision différente de l’histoire commune. Je ne m’approprie pas cette démarche (développé dans un long article, repris dans la revue project-îles, de juillet 2011), car Sania n’est pas supposée adopter ma propre vision littéraire. Si vous voulez, Sania est une parenthèse formelle dans mon approche de l’oralité scripturale. Je compte ajouter aussi le fait que la littérature est une affaire personnelle…


No Man’s Land : Alors, pourquoi, avoir souhaité que l’on écrive d’une manière que vous n’utilisez pas dans votre premier texte vraiment public ?


Sadani : Parce que je vous le dis, Sania, est une identité parmi une somme d’autres. Je me suis adapté à la personne, par le caractère intime, solitaire et unique de la thématique sentimentale.
A d‘autres occasions, dans mon prochain ouvrage (qui est prêt), je me suis fait plaisir à cultiver cette théorie de la poésie qui ose dire son Non, car le point de vue adopté offre un large panorama qui rend favorable la tentative multilingue (je ne suis pas polyglotte, pour un sou).


No Man’s Land : Merci Sadani et au plaisir de pouvoir reparler de cette poésie de l’irrévérence, car on se pose encore beaucoup de questions sur ce concept littéraire.


Sadani : A la prochaine et merci .


Titre du livre : SANIA
Auteur : SADANI Tsindami
Genre : Poésie
Editions : Cœlacanthes
Date de Parution : 12/10/2011

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14 octobre 2011 5 14 /10 /octobre /2011 20:41

 

 


 
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14 octobre 2011 5 14 /10 /octobre /2011 12:47
Comores: Ils ont vidé la coquille pour mieux s'y installer
  (De gauche à droite : Ahmed Abdallah Sambi,ancien Président de l'Union des Comores et Anissi Chamsidine, Gouverneur de l'île de Ndzuwani)

  ''l'autonomie des îles est bafouée !''

  

Pour Anissi Chamsidini, gouverneur de l’île d’Anjouan, l’autonomie des îles n’est pas respectée. Cet ancien chef de protocole de Sambi dénonce l’attitude des anciens collaborateurs de Fundi aujourd’hui au pouvoir et parle avec amertume de la marginalisation des îles.

 

 

Monsieur le gouverneur, que dites vous de la hausse des prix de carburant qui a engendré une flambée des prix de tous les produits et notamment  ceux de première nécessité rendant, ainsi, la vie de plus en plus insupportable?

 

C’est vrai, notre pays est en crise mais la hausse était brutale. Nous regrettons que des décisions aussi importantes sur la vie de la population soient prises sans que nous soyons associés.

 

 

Que faire alors ?

 

Je pense que l’Etat doit s’expliquer, sensibiliser la population et s’impliquer pour discuter sur les prix, parce que cela va de la vie de tous les Comoriens.

 

Beaucoup pointent du doigt la mauvaise gestion des sociétés d’Etat, comme étant la source des toutes ces difficultés.

Nous demandons à savoir les responsabilités sur  cette mauvaise gestion. Non, le peuple ne doit payer pour la faute des autres. Il faut que les responsables soient sanctionnés.

 

Justement, au sujet des gestions des sociétés d’Etat, un décret du chef de l’Etat décide que les gouverneurs n’auront qu’un simple avis sur la désignation des directeurs généraux et régionaux. Quelle est votre réaction ?

Je pense que le Président a été mal conseillé. Nous ne sommes pas d’accord. Les textes attribuent aussi des responsabilités aux îles autonomes sur la gestion des sociétés d’Etat. Le président devrait se référer aux lois avant de décréter. Et nous nous réservons le droit de l’attaquer devant la Cour constitutionnelle. Mais j’espère qu’on puisse trouver un terrain d’entente avec le chef de l’Etat.

 

Des incompatibilités ont été relevées dans la constitution. Pensez-vous qu’il faudrait réviser la constitution?

J’estime qu’on ne peut pas continuer à être régi par des textes bâtis sur des dysfonctionnements et des incompatibilités. Face à cela, il faudrait que tout le monde se concerte pour instaurer le débat afin d’aboutir à une vraie constitution au service des tous les Comoriens.

 

Estimez vous que l’autonomie des îles est bien réelle ?

Non, l’autonomie des îles est malmenée voire bafouée. Ceci peut nous ramener dans des difficultés jusqu’à l’ébranlement même du système de la tournante. Il faut équilibrer les pouvoirs et se mettre d’accord sur les compétences des uns et des autres. Moi, j’ai compris que l’Union doit être concepteur et les îles des exécutants. Mais malheureusement, moi, à Anjouan, par exemple, je ne sens pas la présence de l’Union que par quelques voyages des officiels.

 

Comment jugez la gestion du dossier de Madjiriha.

J’estime que le dossier n’avance pas. Beaucoup des familles vivent dans des difficultés énormes. Nous demandons à ce que les victimes soient accompagnées. J’estime que ce qui est fait, notamment par l’Etat, pas n’est pas suffisant.

 

Vous êtes un fidèle du président Sambi. Comment réagissez sur les propos de Mmadi Ali, directeur de cabinet du président Ikililou et sur la plainte de la CRC contre lui ?

Ce sont des propos non réfléchis et déplacés. Et c’est surtout inconcevable quand ces propos viennent d’un ancien compagnon de Sambi et un proche collaborateur de Ikililou. Je condamne donc ses propos. Le président Sambi mérite de tous nos respects parce que c’est grâce à lui que nous sommes ce que nous sommes.

Au sujet de la plainte, je ne vois qu’un acharnement contre l’ancien président. Sinon, pourquoi ne pas porter plainte aussi contre Ikililou et les autres qui sont aujourd’hui au pouvoir. Parce qu’ils ont tous géré avec lui.

 

Quelle est votre position sur le dossier du colonel Mohamed Bacar et ses hommes toujours en exil ?

Cette question me préoccupe. Je veux que la question soit d’actualité et l’Etat doit préciser sa position. Qu’on sache s’il y a poursuite ou pas. Je me considère le gouverneur des tous les anjouanais et je veux aider chacun à vivre une vie paisible pour l’harmonie et la cohésion de l’ile.

 

Qu’attendez-vous du séminaire gouvernemental sur le plan d’action du gouvernement et des lettres de missions consignées aux ministres par le président ?

Je trouve que les îles sont marginalisées et ne sont impliquées en rien sur l’élaboration et le suivi des tous ces plans et missions. Alors que l’exécution devrait revenir aux iles.

 

Vos priorités ?

L’éducation, la santé, l’environnement et la sécurité.  Anjouan a beaucoup souffert par rapport aux autres iles.

 

Propos recueillis par  Mmadi Moidjié

 

Source : Albalad -Moroni du 14 octobre 2011

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10 octobre 2011 1 10 /10 /octobre /2011 21:18

Communiqué de l'AJPRED

ASSOCIATION DES JURISTES POUR LA PROMOTION D’UN ETAT DE DROIT

UNION DES COMORES
HAMRAMBA MORONI BP 850 Tél.269 3336061 / 269 3229968 /

 

COMMUNIQUE

 

L’ASSOCIATION DES JURISTES POUR LA PROMOTION D’UN ETAT DE DROIT est heureuse de porter à la connaissance de l’opinion nationale et internationale, comme l’y oblige l’article 2 point 2 de son statut que l’Etat de droit est résolument en marche aux Comores : le Président de l’Union vient d’annuler le 12 septembre 2011, un décret illégal et anticonstitutionnel, que l’AJPRED a vigoureusement dénoncé dans la presse, devant le Président lui-même, puis devant la Cour Constitutionnelle.

L’Association rappelle en effet que le 23.06.2011, le Président de l’Union avait pris le décret n°11-123/PR nommant conseiller juridique de la Présidence le premier président de la cour d’Appel de Moroni, en précisant en son article 2 que le magistrat « cumulerait » les fonctions et les avantages matériels de ces deux postes.

Dès qu’elle eut connaissance de ce texte, l’AJPRED l’a attaqué devant le Président de la République lui-même, puis, le 4 août devant la Cour constitutionnelle.

Les motifs sont évidents :

  1. Violation de l’article 13 de la loi n°10-00212/AU portant statut de la magistrature : 

« l’exercice des fonctions de magistrat est incompatible avec l’exercice de toutes activités  politiques, de toutes fonctions publiques ou de toute autre fonction professionnelle ou salariée »

  1. 2.    Violation de l’article 28 de la constitution :

« le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif  les juges ne sont soumis, dans l’exercice de leurs fonctions, qu’à l’autorité de la loi…le président de l’union est garant de l’indépendance de la justice. »  

 

Reconnaissant le bienfondé de la requête de l’AJPRED, le Président de l’Union, sans attendre la décision de la Cour Constitutionnelle,    a annulé le décret litigieux par un autre décret datant du 12 septembre 2011.

Le même jour le même magistrat a été affecté au parquet et non au siège d’une autre Cour.

L’AJPRED s’est donc désisté de son action devant la Cour constitutionnelle à son audience du jeudi 6 septembre 2011+

 

L’AJPRED salue le courage du Président de l’Union et sa détermination manifeste à respecter les lois de la République

 

Moroni le 8 octobre 2011

 

Le Président de l’AJPRED

Ali ABDOU ELANIOU

Avocat à la Cour

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10 octobre 2011 1 10 /10 /octobre /2011 21:10

Agence comorienne de Presse (HZK-Presse)

 

Comores / 

Six proposions de loi seront examinés dans cette session d’octobre

 

 

Moroni, lundi 10 octobre 2011 (HZK-Presse) En attendant que le gouvernement dépose au parlement de nouveaux projets de loi à examiner, les élus de peuple vont s’atteler, selon le président de l’assemblée, « à épuiser l’ordre du jour de la précédente session ». Les textes sont auprès des différentes commissions. Quant aux propositions de loi, elles sont six.

 

« La tâche qui nous attend au cours de cette session s’annonce rude, tant par l’ampleur des défis à relever que les conditions de travail dans lesquelles nous sommes appelés à évoluer ». C’est Bourhani Hamidou qui le dit, lors de l’ouverture de la session d’octobre. Le président de l’assemblée s’exprime ainsi car cette deuxième session parlementaire ouverte ce vendredi en présence du vice-président en charge de Finances, du ministre de l’Intérieur et du corps diplomatique accrédité dans notre pays, va examiner 6 propositions de loi.

 

Il s’agit de la proposition de loi portant possibilité pour les députés de l’Union des Comores appelés à d’autres fonctions au cours de leur mandat de recouvrer leur siège, celle portant organisation de la profession de notaire en Union des Comores, celle relative à l’introduction de l’enseignement coranique rénové dans le système éducatif comorien, celle portant carte des partis politiques, celle relative à la libéralisation de la vanille et la proposition de loi contre la corruption.

 

« Le menu sera sans doute consistant », affirme le président de l’assemblée nationale dans son discours de vendredi. Bourhani Hamidou ajoute qu’en attendant le dépôt par le gouvernement des nouveaux projets à examiner, « nous allons nous atteler à épuiser l’ordre du jour de la précédente session ». Il s’agit du Projet de loi relatif aux cadres organiques, du Projet de loi organique relatif au conseil supérieur de la Magistrature, celui portant code des Marchés publics et des délégations de service publics et le projet de loi portant révision de la loi N°94-017/AF portant création, organisation et fonctionnement de l’Ortc.

 

« Je compte sur la collaboration du gouvernement avec le soutien de l’expertise de notre administration mais également sur l’appui du personnel parlementaire pour réussir le pari », conclut le président de l’assemblée.

 

I.M. Abdou

101011/ima/hzkpresse/12h00

 

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7 octobre 2011 5 07 /10 /octobre /2011 22:11

Agence comorienne de Presse (HZK-Presse)

 

Comores /  

Accord de coopération décentralisée :

Ngazidja et la Seine-Saint-Denis main dans la main

 

 

Paris, mercredi 05 octobre 2011 (HZK-Presse) Le département de la Seine-Saint-Denis (France) et l’île autonome de Ngazidja sont unis par un protocole de coopération décentralisée conclu, vendredi 1er octobre dernier à Paris.

 

Cet accord signé par Claude Bartolone, président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis, Mouigni Baraka Gouverneur de l’île autonome de Ngazidja et Saïd Abdallah Mchangama, président de l’association des maires de Ngazidja, s’inscrit dans la volonté des deux parties à engager « une coopération fondée sur les intérêts mutuels de leurs habitants et dans les domaines qui relèvent de leurs compétences ». Cette signature est le couronnement d’une série d’intenses discussions et travaux initiés depuis 2008 par le conseil général de la Seine Saint-Denis, l’association des maires de Ngazidja en collaboration avec les élus d’origine comorienne en l’île de France et les associations de la diaspora.

 

Il a été ainsi décidé de développer cette coopération dans  la formation des élus et des agents, l'eau et l'énergie, la protection maternelle et infantile, les nouvelles technologies et notamment les logiciels libres, l'appui au développement économique. « Des projets ambitieux et sensibles », selon le gouverneur Mouigni Baraka. Il s’agit de démontrer que « l’on peut aider la population des Comores et les élus des Comores dans des politiques innovantes en direction de la mère et de l’enfant, par exemple, ou dans des politiques plus structurantes qui touchent à l’eau et à l’assainissement », a déclaré Claude Bartolone, président du Conseil Général de la Seine-Saint-Denis que nous avons interrogé à l’issue de la cérémonie de signature.

 

« Nous voulions à la fois être aux côtés de la communauté comorienne qui vit en Seine-Saint-Denis et montrer notamment dans ce département de toutes les couleurs, de toutes les religions où l’on vient de tous les pays du monde, qu’il est possible de créer des liens entre différents pays du monde que ce ne soient pas forcément les liens voulus par les traders et les banquiers », a insisté ce responsable français. Car, il faut le souligner, pour les responsables de la Seine-Saint-Denis l’archipel des Comores n’est pas un partenaire comme les autres compte tenu de sa forte communauté installée dans ce département français situé au nord est de l’agglomération parisienne.

 

Pour Saïd Abdallah Mchangama, président de l’association des maires de Ngazidja(AMN) ce protocole est « dans son essence un accord de renforcement de capacités pour faire de l'AMN et de ses membres des acteurs qualifiés et efficaces. Par ailleurs l'AMN bénéficiera de l'accès aux services techniques du département du 93 pour bénéficier de leur expertise en matière de conformité et contrôle de qualité ». Cet ancien président de l’assemblée nationale, également  très engagé dans les actions sociales et associatives, insiste sur le point concernant le « contrôle qualité » qui semble être le chainon manquant dans tous les travaux qui se font aux Comores.

 

« Les collectivités, la diaspora et l'état dilapident énormément d'argent dans des investissements d'infrastructures de mauvaise qualité qui ne répondent pas aux normes. Une grande partie des fonds de l'aide internationale est inutilisée ou mal utilisée ; l'état manque de vision et de capacités à élaborer de bons projets et ne se cherche pas de réseaux d'appui réputés pour le conseil et l'expertise », a-t-il détaillé.

 

Ainsi, selon lui, l’accord de coopération entre le département de la Seine-Saint-Denis qui permettra surtout à l’AMN et les différents services de Ngazidja à accéder à « une expertise de grande qualité d'une institution démocratique est une garantie d'efficacité et de transparence ». La signature de ce protocole a été saluée par les différentes parties. « Nous espérons que ce que nous venons de signer soit effectif. Que les Comoriens verront ce que nous avons signé ensemble avec le Conseil Général de Saint-Denis », a déclaré le gouverneur Mouigni Baraka soulignant qu’il s’agit du « premier acte » qu’il vient de poser en sa qualité de gouverneur de l’île autonome de Ngazidja.

 

« Cela représente un espoir à la fois de réunir deux peuples qui ont des liens historiques et de sang et aussi deux territoires qui sont liés même de loin par des valeurs à la fois humaine mais aussi géopolitique », a souligné un membre de la diaspora présent à la cérémonie. « Nous sommes très fiers. La balle est dans le camp des autorités de l’île de Ngazidja, de l’association des maires et le Conseil général. Il est visiblement déterminé à aider notre pays  nous souhaitons que cette coopération puisse être généralisé dans l’ensemble du pays », a estimé Ibrahim Mahafidh Eddine.

 

« Nous avons fait un travail formidable pour qu’on arrive à la cérémonie de signature », s’est félicitée, pour sa part, Amina Mouigni, une élue franco-comorienne de la Courneuve. Le département de la Seine-Saint-Denis et l’île de Ngazidja ont décidé d’engager leur coopération sur une durée de trois ans au terme de laquelle « les deux partenaires décideront de la suite à donner ».

 

Faïssoili Abdou (Correspondant à Paris)

051011/fa/hzkpresse/06h00

 

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7 octobre 2011 5 07 /10 /octobre /2011 19:14

Agence comorienne de Presse (HZK-Presse)

 

Comores / Interview

 

Nasra Mohamed Issa, Vice-présidente de la Fédération comorienne des consommateurs (FCC) : 

« La fédération des consommateurs est prête à apporter des solutions »

 

 

Moroni, vendredi 07 octobre 2011 (HZK-Presse) La contestation contre la hausse des prix continue. La Fédération des consommateurs et d’autres organisations socioprofessionnelles sont entrain d’auditer les comptes de la société nationale des Hydrocarbures pour comprendre la structure des prix et proposer d’éventuelles solutions palliatives. En attendant, ces organisations préparent un grand rassemblement ce samedi pour dire non à la hausse. Voici une interview que vient de nous accorder Nasra Mohamed Issa, Vice-présidente de la Fédération comorienne des consommateurs (FCC)

 

Question : Où est-ce qu’on en est avec votre protestation contre la hausse des prix du carburant ?

 

Nasra Mohamed Issa : Il y a des études qui sont en cours. On a formé un mouvement uni constitué par la Fédération des consommateurs, Usukani Wa massiwa, l’Opaco, le syndicat des pêcheurs et un mouvement spontané dénommé Wanantsi pour agir, car nous avons un but commun qui est de lutter contre cette hausse des prix. Actuellement, il y a un membre de l’Opaco et un membre du gouvernement qui sont entrain de faire un audit au niveau des Hydrocarbures. Ensemble, ils vont voir si le gouvernement doit revenir sur sa décision ou maintenir la hausse.

 

Question : Et qu’est-ce que vous allez faire, au cas où on maintien la hausse ?

 

N.M.I. : On nous a promis une réponse d’ici samedi. Mais en attendant samedi, on appelle tous les membres et amis de la FCC, Usukani wa massiwa, le syndicat des pêcheurs et un mouvement spontané dénommé Wanantsi de venir attendre cette réponse dans un lieu public dans la matinée du samedi. On a décidé de 9 heures à midi, à la fermeture des bureaux. C’est juste un rassemblement pacifique pour attendre la réponse. Ce n’est qu’après qu’on peut réagir. Mais espérons que la réponse sera bonne.

 

Question : Votre contestation est mal comprise lorsque le gouvernement affirme vous avoir associé dans la fixation de prix…

 

N.M.I. : C’est une erreur de compréhension. On n’a en aucun cas était associé dans les discussions qui ont abouti à la fixation de ces nouveaux prix. Le gouvernement nous a invités à une réunion. On est parti. Mais cette réunion n’était pas faite de discussions. C’était juste pour nous exposer les études déjà réalisées par le gouvernement et des conclusions qu’ils ont tirées comme quoi on va augmenter de 50 frs sur le litre de produit pétrolier.

 

Question : Et quelle est votre proposition quant on sait que la survie de l’entreprise dépend de cette hausse ?

 

N.M.I. On n’est pas resté les bras croisé. Nous avons fait des études et ces études montrent que cette hausse est carrément injustifiée.  C’est d’ailleurs à la suite de ces études que certains membres de nos associations, sont arrivés à repartir aux Hydrocarbures pour vérifier les comptes.

 

Question : Aujourd’hui le problème ce n’est pas uniquement les Hydrocarbures. Qu’est-ce que vous proposez pour sortir de l’impasse de la crise énergétique qui frappe le pays ?

 

N.M.I. On est des consommateurs donc on défend les intérêts des consommateurs. Nous sommes prêts à collaborer avec tout le monde pour chercher des solutions parce qu’on n’est pas prêt à payer pour ne pas avoir de l’électricité, ni à connaitre une hausse des prix alors qu’on a rien en retour. C’est tout ce qui nous amène à revendiquer. Il suffit de nous associer aux négociations et on dira ce qu’on pense.

 

Propos recueillis par A.A. Mguéni

061011/bmg/hzkpresse/18h00

 

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