LE BLOG DE MADAME HALIDI ALLAOUI
MARIAMA
passionnée des Comores
Une comorofrançaise de OUANI
Ma passion, c'est mon pays natal, les Comores et ma ville, Ouani, ma raison d'être
"S'accepter est le sommet de la lacheté, n'existe que celui
qui se refuse"
SONI LABOU TANSI : La Vie et demie (Paris - Seuil 1979)
"Un homme responsable est celui qui assume ses actes et
défend haut et fort ses convictions. Il
reste maître de sa pensée et refuse de devenir un mouton"
Halidi Allaoui
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MESSAGE POUR MES FIDELES VISITEURS :
NOUS VOUS INFORMONS QUE DEPUIS LE 01 DECEMBRE 2013, VOTRE BLOG CREE PAR ALLAOUI HALIDI, IL Y A QUELQUES ANNEES, EST GERE PAR MADAME MARIAMA HALIDI
MERCI DE VOTRE FIDELITE
Mariama HALIDI
QU'EST CE QUE LA LANGUE COMORIENNE ?
Pour répondre à cette question pertinente, nous vous proposons ci- dessous l'interview du grand linguiste et spécialiste de la langue comorienne, Mohamed-Ahmed Chamanga
NA MKARIBU HARI MWA YI BLOG YANGU
Cet outil va me permettre de vous faire decouvrir mon pays natal et
partager quelques unes de mes passions.......à ma façon !!!!
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Halidi Mariama (HALIDI-BLOG-COMORES)
MESSAGE IMPORTANT :
DEPUIS LE 01 DECEMBRE 2013, ALLAOUI HALIDI A CEDE LA RESPONSABILITE DE VOTRE BLOG A MADAME MARIAMA HALIDI.
MERCI DE VOTRE FIDELITE
CI-DESSOUS LES NEWS RECENTES DES COMORES
Vous trouverez la lettre en date du 8 décembre 2011 que le Président de la FCC (Fédération Comorienne des Consommateurs) a adressée au Vice Président de l'Union des Comores, chargé du Ministère de la production, de l'Environnement, de l'Energie, de l'Industrie et de l'Energie concernant les normes de l'installation éléctriques et des équipements du futur hôpital de Hombo à Ndzuwani en cliquant ICI (fichier en PDF).
Dans cette lettre, le Président de la FCC attire à juste titre l'attention du gouvernement comorien sur la nécéssité d'équiper l'établissement hospitalier aux normes françaises et d'Europe continentale, communément adoptées dans l'archipel.
Nous espérons vivement que le destinataire de la lettre et le gouverneur de l'île de Ndzuwani feront tout pour éviter une bizarrerie éléctrique qui n'a pas lieu d'être.
En tout cas, en lisant une telle lettre, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous demander si les techniciens et conseillers techniques comoriens ont été associés à ce projet. Qui informe et contrôle le bureau d'Etude pakistanais ?
Que nos gouvernants sachent qu'il ne suffit pas de réaliser des projets. Il faut surtout bien les réaliser.
Halidi Allaoui (HALIDI-BLOG-COMORES)
Halidi Allaoui (HALIDI-BLOG-COMORES)
C'est avec tristesse que nous avons appris le decès de notre ami Abdouroihamane Said Omar surnommé Poupée survenu cette nuit à Paris. Nous présentons nos sincères condoléances à toute sa famille et plus particuliérement à son épouse, la styliste et militante féministe, Latufa.
Ayant connu et cotoyé Abdouroihamane en 1997 au sein de l'association Fraternité Anjouannaise (devenue par la suite Fraternité Comorienne) aux côtés de Mohamed Ahmed Chamanga, Salim Combo, Abdallah Mirghane, Abana, Mahmoud Ibrahime et les autres, nous gardons le souvenir d'un vrai combattant et militant sincère pour l'intégrité territoriale de notre pays natal. Ce comorien de Mutsamudu, a, en effet, fait partie de ces rares Anjouanais qui avaient réfusé en 1997, dès le début, de suivre la folie séparatiste. Il affichait avec fierté ses positions unionistes en France. Un Homme très courtois, discret mais fidèle à ses nobles convictions qui était toujours présent aux différentes manifestations et réunions de la diaspora comorienne en région parisienne pour défendre l'unité des Comores et l'amour entre les comoriens.
Répose toi en paix cher ami de combat. Nous ne t'oublierons jamais. Ton decès est un grand choc et une Grosse perte pour nous.
Comoriennement,
Halidi Allaoui (HALIDI-BLOG-COMORES)
Quand les comoriens expriment leur fierté partout où ils se trouvent. J'AIME et JE ME REGALE. Miam miam.
REGARDEZ ET ECOUTEZ L'HYMNE NATIONAL DES COMORES : UDZIMA
Halidi Allaoui (HALIDI-BLOG-COMORES)
Une pensée pour le Président Ahmed Abdallah Abdérémane, père de l'indépendance des Comores assassiné dans la nuit du 26 au 27 novembre 1989 dans son palais de Beit Salam à Ngazidja, une des îles Comores. Ci-dessous sa biographie :
Ahmed Abdallah Abdérémane est né le 12 juin 1918 à Domoni d’une famille de riches propriétaires terriens. Après des études primaires passées à Sima, au Nord de l’île, et trois années d’enseignement secondaire passées à l’école régionale de Majunga à Madagascar, il rejoignit son île natale en 1940 et s’associa à l’entreprise commerciale familiale.
Dynamique, pugnace et volontaire, il s'intéressa de suite au sort de ses concitoyens, au niveau de son village où il devint écrivain public, puis au niveau de sa région et connut des démêlés avec l’administration coloniale de l’époque à propos des questions agraires concernant l’île d’Anjouan. Sa carrière politique commença en 1945 lorsqu’il s’engagea avec enthousiasme aux côtés du Docteur Said Mohamed Cheikh alors candidat aux élections à l’Assemblée constituante française. Il devint par la suite son disciple et ami, le plus fidèle de tous, tout au long de la longue et éprouvante marche qui allait conduire les Comores, du statut de colonie française érigée en simple province de Madagascar au statut de territoire autonome d’outremer.
En 1946, Ahmed Abdallah est élu conseiller général puis vice-président en 1947 et Président du Conseil Général en 1950. De 1947 à 1951, il est désigné membre de la commission agraire de l’île d’Anjouan. A ce titre, il rencontre le Président de la République française, Vincent Auriol en 1951, compte tenu de l’acuité du problème, dans cette île déjà surpeuplée. En octobre 1953, il devint représentant des Comores à l’Assemblée de l’Union française où il y resta cinq ans. En effet, de 1945 à 1957, l’organisation du territoire fut réglementée par deux décrets respectivement du 24 septembre et du 25 octobre 1946. Le premier érigeait les Comores en territoire d’outre-mer et conférait à l’administration supérieure, assistée d’un conseil privé, des pouvoirs plus étendus que par le passé. Le second apportait une certaine innovation en créant une assemblée territoriale élue, dénommée à l’époque Conseil Général mais dotée de compétences plus étendues. Durant toute cette période, les deux hommes, Ahmed Abdallah et Said Mohamed Cheikh, le premier en qualité de Conseiller général, le second, comme député au Palais Bourbon, vont façonner le paysage politique des Comores.
« Je ne saurai énumérer toutes les actions qu’ils ont accomplies ensembles et les résultats qu’ils ont obtenus dont la récupération de la quasi - totalité des terres spoliées par les cruels occupants qui étaient deux grandes sociétés coloniales », a commenté à leur sujet, le Président
Said Mohamed Djohar.
La loi cadre du 23 juin 1956 et le décret du 22 juillet 1957, accentuèrent la décentralisation administrative, d’une part en créant un conseil de gouvernement chargé d'exécuter les décisions de l’Assemblée territoriale qui pouvait désormais délibérer sur tous les sujets se rapportant aux intérêts locaux.
Lors du référendum du 28 septembre 1958, les Comoriens approuvèrent massivement le projet de constitution de la 5ème république, présenté par le Général de Gaulle et le 11 décembre de la même année, l’Assemblée territoriale, exerçant le choix ouvert par l’article 76 de la nouvelle constitution, opta pour le maintien de l’archipel dans l’ensemble français.
En avril 1959, Ahmed Abdallah est élu à son tour sénateur des Comores au Palais de Luxembourg, poste qu’il occupa jusqu’en 1972, date à laquelle il devint président du conseil de gouvernement.
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En décembre 1961, sur intervention des parlementaires comoriens, les députés Said Mohamed Cheikh et Said Ibrahim et le Sénateur Ahmed Abdallah, une autonomie de gestion est accordée à l’archipel et en janvier 1968, un statut d’autonomie interne, dernière étape avant l’indépendance, fut également octroyé par le Parlement français.
En fait, lorsque les Comores demandèrent en 1958, à rester dans la république française, elles pensaient que relevant de Paris depuis 1946 mais tout de même oubliées, elles allaient pouvoir bénéficier par rapport aux autres territoires français d'outre-mer qui avaient opté pour l’indépendance, d’un grand intérêt de la part du gouvernement de la république. Elles espéraient des mesures économiques et sociales qui leur permettraient de se hisser au niveau de leurs voisins immédiats. Mais rien ne fut fait. C’est pourquoi, dès 1960, le problème de l’évolution de l’archipel vers l’indépendance commença à se poser avec acuité.
De 1970 à 1972, la situation politique du territoire devint préoccupante. Le 10 septembre 1972, les deux principaux partis politiques de l’archipel, l’Union Démocratique Comorienne (UDC), animé par Mohamed Taki Abdoulkarim et le Rassemblement Démocratique du Peuple Comorien (RDPC) de Mouzaoir Abdallah, réunis en congrès, sous l’impulsion de Ahmed Abdallah, votèrent une résolution demandant l’indépendance dans l’amitié et la coopération avec la France. Le 23 décembre 1972, la Chambre des députés vota une résolution chargeant Ahmed Abdallah, élu Président du conseil de gouvernement, de négocier l’indépendance dans l’amitié et la coopération avec la France.
Avant d’accepter cette nouvelle responsabilité, Ahmed Abdallah se rendit d’abord en France pour rencontrer le président Georges Pompidou afin de sonder ses intentions quant à l’octroi de l’indépendance aux îles Comores. Le Chef de l'état lui aurait alors autorisé de dire au peuple comorien que la république française acceptait d’entamer des pourparlers pour l’accession des Comores à l’indépendance. Le 15 juin, une déclaration commune, affirmant la vocation de l’archipel à l’indépendance, était signée entre le ministre des territoires d’outremer et le président des Comores.
Au cours du premier semestre 1974, divers événements surgirent à nouveau dont le décès du Président Georges Pompidou, le 2 avril. Les élections présidentielles qui suivirent, donnèrent lieu à une empoignade intense entre les partis politiques métropolitains, avec des répercussions sur la politique locale. Avant le scrutin du premier tour, le Président Ahmed Abdallah demanda aux principaux candidats en présence, François Mitterrand et Valéry Giscard d’Estaing, de lui confirmer leurs positions au sujet de la déclaration du 15 juin. Leurs réponses furent sans équivoque quant à leur détermination à mettre en application le s engagements de la France vis –à-vis des Comores.
Au mois de juin, une forte délégation, composée du président du conseil de gouvernement, des parlementaires, de plusieurs ministres et députés territoriaux, demanda au tout nouveau secrétaire d’Etat aux Dom-tom, Olivier Stirn, de déposer un projet de loi organisant une consultation de la population des Comores, conformément aux accords.
Ce projet de loi souleva la protestation du Mouvement Populaire Mahorais qui souhaitait maintenir l’île de Mayotte dans la mouvance française.
Malgré tout, et en application de son engagement, le gouvernement français fit voter le 18 octobre 1974, une loi prescrivant une consultation des populations comoriennes. Cette consultation eut lieu le 22 décembre 1974 en présence d’observateurs étrangers et de parlementaires français. Sur 163 037 suffrages exprimés, 154 184 voix se prononcèrent en faveur de l’indépendance et seulement 8 853 voix, pour le maintien dans l’ensemble français, soit 94,56%.
Cette situation déplaisant un certain nombre de personnalités politiques françaises, nostalgiques de la colonisation, une campagne auprès de l’opinion publique française et comorienne, tendant à dénigrer systématiquement les responsables comoriens et en premier lieu, le Président Abdallah, fut orchestrée à Paris, en vue de faire accréditer l’idée de la vocation de Mayotte à demeurer française.
Devant cette situation, le gouvernement français demanda dans un premier temps au Président Abdallah de ne pas réagir et de lui laisser le soin de convaincre le parlement. Mais, sous la pression qui s’accentuait et les pressions internes qui s’exerçaient au sein de la droite majoritaire, il laissa voter la loi du 3 juillet 1975 qui reconnaissait l’indépendance des Comores, sous la condition que le parlement français eut au préalable approuvé la constitution du nouvel état, île par île.
Devant l’intransigeance du parlement français, le président Ahmed Abdallah, qui s'est senti à la fois trahi, trompé et blessé dans son orgueil mais qui est resté soutenu par son peuple unanime, décida de réagir immédiatement avec vigueur et détermination. Rentrant précipitamment à Moroni, il fit voter le 6 juillet 1975 l’indépendance de l’archipel par l'Assemblée territoriale par 33 voix sur 40.
De leur côté, les cinq députés de Mayotte ayant voté contre la déclaration d’indépendance, adressèrent dès le jour même aux plus hautes autorités de l’Etat français, un télégramme dans lequel ils réaffirmèrent leur appartenance à la république française.
C’est cette position dictée par les Mahorais qui sera finalement retenue par le gouvernement français à l’issue du conseil des ministres, tenu trois jours plus tard
Le 7 juillet 1975, l’Assemblée territoriale, devenue Assemblée constituante désigne à l’unanimité, Ahmed Abdallah comme Premier chef de l’Etat comorien. Un mois plus tard, le dimanche 3 août 1975, alors que celui-ci se trouvait sur son île natale, Ali Soilihi, chef du parti « Mranda », à la tête d’une poignée de militants armés de fusils et de manchettes, s’empara du pouvoir, en plein milieu de la journée. Le président Abdallah qui, dans un premier temps chercha à organiser une résistance des Anjouanais contre les putschistes, est capturé le 23 septembre par les « mapidouzi » avec l’aide de Bob Denard. Ramené à Moroni, il est immédiatement placé en résidence surveillée, à son domicile de « Djoumdjou », situé sur les hauts de Moroni. Il sera autorisé quelques temps plus tard à s’exiler en France où il n’y restera que deux ans.
Fait à Paris, le 26 novembre 2000
Extrait un destin lié à l'histoire
AU NOM DES MIENS
De droite à gauche
Envol crucial du corbeau blanc
Au dessus de l’étoile lunaire usurpée
J’aperçois les tombeaux infinis
Les tombeaux infinis sans pierre ni terre
Au nom des Miens
Partis sans épaules ni toilette
Je m’égosille
Un caillou ne bat pas
Sa conscience est le néant
Bâts la dure et un criminel
Viendra ce jour
Où j’irai déposer sur sa tombe
Une gerbe de rires époustouflants
Où mon crachat affrontera les éloges
Les vers de terre
De la pierre de l’eau
Ricaneront
Au lieu de se régaler
Je jette mon rire tambour
Sur le crocodile qui lèche un macchabée
Au nom des Miens
Partis sans suaire ni encens
Ma salive expurge son vaste cimetière
Mon encre marque son mur opaque
Je décortiquerai son testament
Son acte de décès restera
Son vis a de l’infamie
La langue de l’oiseau noire de la lune
Est celle des oiseaux rares de la lune
Est-ce étonnant
Son cœur est leur cataplasme
Des crachats de naguère
Point de becquetance
Ni alpha ni oméga
Quelle belle oraison funèbre
A haute voix je lis
Vous avez coupé la viande
Vous avez arraché la patte
Vous avez attrapé la lune
Vous avez jeté mon sang
Vous avez rendu ma mer rouge
Comme le ciel
Au nom des Miens
Voilà votre tombeau
HALIDI Allaoui
Le 15 novembre 2011
Hier, samedi 26 novembre 2011, le nouvel an musulman 1433 a
débuté.
A cette occasion, je présente à toutes les musulmanes et tous les musulmans du
monde ainsi qu’à toutes les personnes respectueuses de toutes les cultures mes
vœux de prospérité, de bonheur et de bonne santé.
Que Dieu exauce tous nos vœux. Amen.
Pour rappel l'an 1 du calendrier musulman est l'année durant laquelle le
prophète Muhammad (صلى الله عليه و سلم) et ses adeptes ont quitté la ville de La Mecque pour se rendre à Médine (c’est ce qu’on appelle en Français l’Hégire : « l’exil » ou « la
rupture »), c’était en 622, afin d’y établir la première communauté musulmane.
Halidi Allaoui
HALIDI-BLOG-COMORES
"La littérature n'est pas un jeu. Pour moi elle est vitale"
Par : Anne Bocandé
Un quart de siècle seulement et déjà auteur multiforme. A 25 ans, le jeune comorien Adjmaël Halidi (photo / Archives HALIDI-BLOG-COMORES) marque sa présence dans la littérature de l'Océan Indien. Alors qu'il vient de publier une édition remaniée de nouvelles écrites à son adolescence, il participe également à la revue littéraire des auteurs de l'Océan Indien Project' îles (1), dirigée par Jean-Luc Raharimanana et ne manque pas de porter sa voix dans l'ouvrage Une littérature en archipel (2) coordonné par l'Alliance française de Lecce (Italie). Aux côtés de poètes et d'écrivains qu'il admire, Adjmaël Halidi trouve sa place, celle d'un jeune homme révolté pour qui l'écriture est avant tout vitale.
"C'est la réalité qui est violente. Mon écriture est une simple métaphore de l'existence"
Le jeune auteur se défend à propos de son Verbe parfois cru, au service d'histoires toutes plus douloureuses les unes que les autres. De l'enfant violé, à la femme
malade qui ne peut se soigner, aux familles à qui ne restent que des superstitions vaines, Adjmaël Halidi ne mâche pas ses mots dans Nahariat, recueil de nouvelles adolescentes, qui sont
parues l'été dernier aux éditions Komedit. "Mes personnages sont fictifs mais je m'inspire du quotidien, de ce que je vois. La misère crève les yeux. Ceux qui n'aiment pas ce que j'écris sous
prétexte que je serais sec et obsédé par la mort ne voient pas ce qu'il y a autour de moi".
Tour à tour metteur en scène, romancier, nouvelliste et poète, Adjmaël Halidi avoue se chercher et préfère être qualifié d'auteur. Il collabore également à divers
journaux comoriens. Le verbe cru, le style relevé, il pose, chaque fois, son regard sur le quotidien qui l'entoure ; celui des îles de Lune traversées par des crises politiques incessantes
qui plongent la population dans une misère qui le révolte. Natif d'Anjouan, Adjmaël Halidi s'interroge sur sa terre natale. "J'essaie d'entrer dans les entrailles de cet archipel, de comprendre
pourquoi les gens acceptent cette réalité sans rechigner, pourquoi ils ne trouvent pas les moyens de se révolter".
Alors que l'île sœur devenue française, Mayotte, est traversée par de multiples mouvements de protestations contre la vie chère, "aux Comores c'est le patronat qui
défile dans la rue sous le regard des petites gens", témoigne le jeune homme. "C'est le monde à l'envers", continue-t-il. Pourquoi ne fuit-il pas ? "J'aurai pu fuir depuis longtemps. Mais
l'écriture est une fuite d'une certaine manière".
"J'ai commencé à écrire pour essayer de comprendre la misère que je voyais"
Discret sur son parcours, il préfère parler au présent. Pourtant son histoire révèle son entrée en écriture. Fils de bonne famille, Adjmaël Halidi a vécu
personnellement l'instabilité politique mais aussi les inégalités sociales des Comores. Installé confortablement auprès de son père sur la Grande Comore, il a dû fuir à Anjouan, "en pleine
brousse" auprès de sa grand-mère lors de la crise séparatiste de 1997. "Tout d'un coup j'ai découvert la misère. J'avais 10 ans. Je ne supportais pas ce que je voyais." Alors que gamin, il
fustigeait les privilèges dans lesquels il baignait, le jeune garçon découvre également qu'il n'a plus ou peu accès à la culture. "Je ne parlais pas le même langage que les jeunes de mon âge, qui
n'avaient pas accès à la lecture et au cinéma. Je me suis réfugié dans les livres : Césaire, Camus… Je me suis replié sur moi-même et à 13 ans j'ai commencé à écrire pour essayer de
comprendre la misère que je voyais… mais aussi pour transmettre mes sentiments d'amour", confie-t-il.
Il n'est alors pas étonnant de trouver la citation de l'écrivain allemand Rilke dans l'une des chroniques de l'auteur comorien. "Une œuvre d'art est bonne si elle
née de la nécessité. C'est dans la nature de son origine que réside sa valeur : il n'en est pas d'autre".Adjmaël Halidi insiste : "la littérature n'est pas un jeu". Pour lui, écrire est
simplement vital. N'est-ce pas ses propres mots qu'il place dans la bouche du personnage principal de sa dernière pièce de théâtre, Uhuru Africa (3) ? : "Écrire
et mourir, c'est du pareil au même. On écrit pour soulager sa conscience. Et on meurt pour ne pas avoir de conscience du tout".
Écrire pour de meilleurs lendemains
Dire les choses telles qu'elles sont est son credo pour expliquer son Verbe parfois violent. "Certains pensent que je suis psychopathe, plein de cadavres, comme
s'ils ne voyaient pas ce qui nous entoure. C'est toujours difficile de parler de sexe, de pisse et de sang. Ici, les gens préfèrent cacher la misère. Il est difficile de dire les choses telles
qu'elles sont."
Mais derrière l'horreur et le sang, se découvre en filigrane la foi en de meilleurs lendemains. La révolte d'Adjmaël Halidi à travers cette écriture sans angélisme
n'en cache pas moins un refus du fatalisme. "Dans cet océan d'humiliation et de déshumanisation, la littérature ne peut être qu'une bouée de sauvetage."Et d'ajouter : "Si j'écris c'est parce
que je suis persuadée qu'en nommant les choses on peut les combattre et les dépasser. J'écris pour que les choses changent", martèle cet auteur qui refuse de se dire "engagé". Pourtant son
écriture l'est. Engagée contre l'immobilisme politique et social.
"La jeune mère remarqua que ce qu'elle avait espéré s'était réalisé : tous ses enfants s'étaient endormis malgré la faim dans le ventre. […] Un peu
d'imagination ou de rêve pouvait anticiper le sommeil. D'ailleurs, cette femme, ou même ses enfants ne survivent-ils pas à cause du rêve ? " (4)
Quel est le rêve ultime d'Ajmaël Halidi ? "Je rêve du jour où je n'écrirai plus. Je veux vivre dans l'anonymat, comme tout le monde. Mais pour le moment c'est
impossible, j'ai des choses à dire, il faut que je les dise."
"Ôte bien ici ; ôte bien là-bas !
Jouir jour jure jour
Jour jure jouir jour ;
Ainsi va, ainsi revient
Ainsi reviennent, ainsi s'en vont
les yeux des masques séculaires
comme si vient était enfant du jour
et va fille de demain" (5)
Anne Bocandé
1. [livre12207], Juin 2011.
2. (livre12236], Juillet 2011.
3. Cette pièce de théâtre devrait être publiée avant la fin de l'année 2011 chez l'Harmattan dans la collection Théâtre des Cinq continents. Elle met en scène un roi déchu face à sa conscience
quelques jours avant d'être mis à mort par son peuple.
4. Extrait du recueil de nouvelles Nahariat.
5. Extrait de Nahariat.
* Le titre est de HALIDI-BLOG-COMORES
Source :
http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=10497