Enseignement supérieur : Le président de l’Université a démissionné
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Moroni, lundi 11 décembre 2006 (HZK-Presse) –
Le président de l’Université des Comores, Damir Ben Ali a remis sa démission, suite à des divergences avec le nouveau gouvernement sur des décisions de nominations et de limogeages récemment opérés au sein de son institution.
La vacance du poste a été officiellement constaté par le ministre de l’éducation nationale, comme l’exigent les textes statutaires qui prévoient l’élection d’un nouveau président dans un délai d’un mois par les membres des deux instances dirigeantes de l’Université, le conseil d’administration et le conseil scientifique réunis. On invoque entre autres le cas controversé de la nomination de Youssouf Boinahéri au poste de Directeur du département Ressources humaines, précédemment occupé par Toiouilou Mzé Hamadi, ancien chargé de la gestion du patrimoine au département tourisme de l’Institut universitaire et technique (IUT). Une réunion de crise a été convoquée samedi dernier, regroupant enseignants et responsables de l’administration de l’université pour tenter de désamorcer le conflit lié au « test d’admissibilité » qui, selon le secrétaire général adjoint, Ismael Ibouroi, avait été organisé sans implication suffisante de l’institution. « Au vu des résultats [188 admis sur 1100 candidats, soit 16% de réussite] la sincérité et la légalité du test ne sont nullement contestées, ce sont plutôt les conditions d’organisation qui sont critiquables », explique-t-il à HZK-Presse.
Et d’ajouter qu’il était aussi important de « ne pas donner un argument aux séparatistes » dans un contexte sociopolitique déjà assez tendu. Pour sa part, le gouvernement n’aurait pas apprécié le choix opéré par M. Damir Ben Ali dans les récents recrutements d’enseignants, dont les postulants s’avèrent être essentiellement des hauts dignitaires de l’ancien régime du colonel Azali [Maoulana Charif, ancien ministre, Younoussa Ben Imani, ancien Commissaire général au Plan, Mohamed Abdou Mouigni, ancien secrétaire général du gouvernement, etc.]. Estimant avoir agi au regard des seuls critères de compétence, le président de l’Université aurait refusé d’exécuter l’injonction d’annuler ces recrutements, préférant remettre en jeu son propre poste qu’il occupe depuis la création en 2003 de la jeune institution. C’est le vice-président Kamal Affraitane, qui assure actuellement l’intérim. Depuis quelques semaines l’université des Comores traverse une crise interne, consécutive à l’organisation en octobre dernier du test d’admissibilité des élèves anjouanais, suite à la décision des autorités de l’Union de ne pas reconnaître le fameux « baccalauréat anjouanais » de la session 2006, non validé pour cause d’irrégularités. Le doyen de la faculté de Lettres, Moussa Said, avait démissionné avant le président, pour protester contre le recrutement d’enseignants sans que le Conseil scientifique en soit préalablement saisi, en tant qu’organe de l’Université chargé d’examiner les dossiers de candidatures aux différents postes à pourvoir. Le professeur Moussa Said serait également mécontent, sur l’affaire du test d’admissibilité à l’université pour les élèves anjouanais, en reprochant les autorités d’avoir préparé et organisé ce test en dehors de l’institution universitaire dont les responsables ont été selon lui mis sur le fait accompli. Il a été remplacé par Mbaraka Charif Abdallah. Ce lundi matin, un groupe d’étudiants ont sérieusement perturbé les cours au campus universitaire de Mvouni, qui abrite les Facultés de Droit, Lettres, Histoire géographie et Sciences économiques. Ils ont bloqué l’entrée aux étudiants anjouanais admis au test, alors que ces derniers sont munis de leurs documents d’inscription dûment délivrés par l’administration. Ce blocus s’est poursuivi dans la journée alors que le ministre de la justice, Mmadi Ali, assurant l’intérim de son collègue de l’Education nationale en mission à l’extérieur, devait procéder à la remise officielle des premiers bus destinés au ramassage des étudiants. Interrogé par HZK-Presse sur les motivations de ce mouvement, Ali Said, un étudiant en Droit a déclaré que « si on doit admettre nos camarades d’Anjouan, on devait aussi autoriser ceux de Ngazidja et Mwali qui n’ont pas le diplôme du Bac de passer le test d’admissibilité, dans les mêmes conditions ». Au ministère de l’Education on craint « une manipulation politique » des étudiants, à un moment où la rentrée scolaire dans les établissement publics du primaire et secondaire vient juste d’avoir lieu, après une longue grève du corps enseignant. Le syndicat des étudiants, qui a réussi à calmer les esprits a appelé à la reprise des cours dès demain mardi. Dans les couloirs de l’administration de l’université, HZK-Presse a constaté une atmosphère assez lourd, signe d’un certain malaise devant cette « succession de décisions qui semblent faire un peu désordre », selon l’expression d’un membre du conseil d’administration qui a préféré garder l’anonymat. Et de s’interroger sur « l’opportunité » de telles mesures à un moment où le parlement est sur le point d’adopter la loi portant orientation, organisation et fonctionnement de l’université. Des missions étrangères en provenance de La Réunion et de Perpignan (France), attendues cette semaine à Moroni dans le cadre de la coopération universitaire, seraient annulées sine die, a-t-on confirmé à HZK-Presse. El-Had Said Omar Source : Agence comorienne de presse (HZK-Presse) |