Vous trouverez ci-dessous le discours du Président de l’Union des Comores prononcé hier au palais du peuple à Moroni à l’occasion de la journée de solidarité contre la « départementalisation illégale et illégitime de l’île comorienne. ». Ont aussi pris la parole à cette cérémonie les ambassadeurs de la Lybie, d'Afrique du Sud et de la république populaire de Chine ainsi que le représentant de l’Union Africaine pour rappeler leur attachement à l'unité et à l'intégrité des Comores.
« Je voudrais, en ce jour, lancer un appel aussi pressant que solennel à l'Union Européenne, pour qu'elle ne cautionne, en aucun cas, l'occupation illégale d'une partie du territoire d'un pays souverain » a déclaré le Chef de l'Etat à l'occasion de la Journée de solidarité avec l'Union des Comores contre la départementalisation de l'île comorienne de Mayotte à l'occasion de la Journée de solidarité avec l'Union des Comores contre la départementalisation de l'île comorienne de Mayotte, ce 26 mars 2011,
Honorable assistance ;
Chers invités ;
Mesdames et Messieurs ;
Alors que s'ouvre cette Journée de solidarité avec l'Union des Comores contre la départementalisation
illégale et illégitime de l'île comorienne de Mayotte, je voudrais adresser aux Représentants du Corps diplomatique et des organismes internationaux ici présents, les remerciements du peuple et
du Gouvernement comoriens, pour leur soutien sans faille, en faveur de l'indépendance nationale, de l'unité du peuple comorien et de l'intégrité de notre territoire et plus particulièrement pour
leur solidarité agissante manifestée, en ce jour, par leur présence amicale et fraternelle parmi nous.
Le message qu'ils viennent d'adresser aux hautes autorités françaises, pour rappeler que l'Union des Comores est composée des îles de Mayotte, d'Anjouan, de Mohéli et de la Grande-Comore
constitue, pour nous, un haut geste et une marque de fraternité, pour lesquels, nous ne saurions jamais assez, exprimer notre reconnaissance et notre gratitude.
Honorable Assistance,
Le dossier des Comores est sans ambiguïté.
Le 12 novembre 1975, l'Organisation des Nations Unies a admis l'Etat comorien en son sein, en tant qu'entité composée de quatre îles et réaffirmé le respect de l'Unité Nationale et l'Intégrité
Territoriale des Comores.
A cette époque, la résolution numéro 3385 de l'ONU a fermement condamné, je cite « l'occupation illégale de l'île comorienne de Mayotte par la France » et exigé la réintégration de l'île
comorienne de Mayotte dans son ensemble naturel.
Depuis, que de résolutions, aussi pertinentes les unes que les autres, ont été adoptées par l'ONU !
Année après année, cette prestigieuse organisation internationale, a réaffirmé ses principes.
Elle a condamné les référendums du 8 février et du 11 avril 1976 organisés dans l'île comorienne de Mayotte par le gouvernement français et les a considéré comme nuls et non avenus.
Par sa résolution numéro 31 barre 4 du 21 octobre 1976 elle a rejeté, je cite :
a) Toute autre forme de referendums ou consultations qui pourraient être organisés ultérieurement en territoire comorien de Mayotte par la France ;
b) Toute législation étrangère tendant à légaliser une quelconque présence coloniale française en territoire comorien de Mayotte ;
L'ONU a, à maintes reprises, énergiquement condamné la présence de la France à Mayotte, qui, je cite encore « constitue une violation de l'Unité Nationale, de l'intégrité territoriale et de la
souveraineté de la République indépendante des Comores »
L'ONU pourrait-elle être plus claire que quand elle a demandé à l'occasion de cette résolution, au gouvernement français, je cite : « de se retirer immédiatement de l'île comorienne de Mayotte,
partie intégrante de la République indépendante des Comores, et de respecter sa souveraineté ? »
Ainsi, comme vous le voyez, Mesdames et Messieurs, l'Union des Comores qui constitue, certes, un petit Etat, Insulaire en Développement, aux moyens financiers limités, a, à la fois, la force du droit
international mais aussi le soutien international avec elle.
L'amputation de l'île de Mayotte de l'ensemble comorien et la soi-disant transformation de cette île en un cent unième département français d'outre-mer ont été, par avance, déclaré nuls et non
avenus, par l'Organisation des Nations Unies, l'Union Africaine, la Ligue des Etats Arabes et la Conférence Islamique.
Comment ces organisations auraient-elles pu admettre, que la France, ce membre fondateur de l'ONU, ce grand pays connu pour son attachement au respect du droit international, ce grand pays que
nous considérons encore comme un pays ami de l'Afrique et de l'Union des Comores en particulier, puisse continuer, en 2011, à violer, d'une façon aussi flagrante, les résolutions de l'ONU et les
décisions de l'Union Africaine ?
C'est pourquoi, je voudrais, en ce jour, lancer un appel aussi pressant que solennel à l'Union Européenne, pour qu'elle ne cautionne, en
aucun cas, l'occupation illégale d'une partie du territoire d'un pays souverain.
Ce serait là, en n'en pas douter, un précédent dangereux, porteur de menaces, aujourd'hui comme demain, pour la paix, la sécurité et la stabilité dans le monde et dans cette partie de l'Afrique
et de l'Océan Indien en particulier.
Je voudrais également, saisir l'occasion de ce rassemblement,
pour m'adresser à mes compatriotes de l'Ile comorienne de Mayotte, pour leur dire que leurs frères et sœurs des trois autres îles, n'ont à leur égard aucune animosité, aucune haine, aucun
mépris.
Les divergences politiques ne peuvent, en aucun cas, effacer des liens séculaires de sang, une géographie, une religion, une histoire, une culture et une langue communes, qui ont toujours
constitué l'unique archipel des Comores.
Vos frères et sœurs ne veulent, en aucune manière, remettre en cause vos acquis de ces trois dernières décennies et encore moins souhaiter que la prospérité apportée par l'Euro cesse.
Au contraire, votre bien-être est le nôtre et les progrès que vous pouvez réaliser ne peuvent qu'avoir des effets positifs sur l'ensemble de notre pays.
C'est dans ce sens que j'ai proposé à la France de reconnaître la vocation des quatre îles de l'Archipel des Comores à rester une Nation indivisible gérée sur la base du principe d'un pays, deux
administrations, étant entendu que la France reconnaisse la souveraineté entière de l'Union des Comores sur l'ensemble de son territoire tout en continuant à administrer l'île comorienne de
Mayotte, pendant une période déterminée qui serait mutuellement convenue.
Mais cette proposition n'a pas reçu de réponse positive de la part des autorités françaises.
Ainsi, ce que nous disons aujourd'hui à la France c'est qu'on ne peut pas nous demander de renoncer à notre droit inaliénable, à notre
souveraineté, à l'intégrité de notre territoire et à l'unité de notre Nation.
Bien de formes d'unité existent et nous devons, les uns et les autres, faire preuve de plus de sagesse et d'intelligence pour trouver une solution acceptable pour tous à la question de l'île
comorienne de Mayotte.
Ce que nous n'acceptons pas et n'accepterons jamais, c'est la départementalisation de l'île comorienne de Mayotte et la transformation
de cette terre africaine et arabe, en un département français d'outre-mer.
Ce que nous dénonçons avec fermeté, c'est la transformation du bras de mer qui sépare Mayotte d'Anjouan, en un cimetière marin, le plus
grand du monde, dans lequel reposent les dépouilles de nos frères, de nos sœurs, de nos enfants, morts par milliers, pour avoir voulu aller se faire soigner, rendre visite à leurs familles,
assister à un mariage ou tout simplement se déplacer sur une terre qui est la leur. Il est inadmissible qu'on ferme les yeux sur ce drame humanitaire.
Le mur de Berlin est tombé et le rideau de fer a été levé. L'intégration et la construction des grands
ensembles politiques et économiques sont devenues une réalité. Le grand mur invisible qu'on prétend construire pour séparer un peuple,
diviser un pays et déchirer une Nation à jamais, ne saurait avoir de bases solides.
Pour conclure, honorable assistance, j'ose espérer, que sur cette douloureuse question de l'île comorienne de
Mayotte, le bon sens finira par l'emporter, car un jour viendra, où nécessairement, la force du droit finira par triompher sur le droit
de la force.
Je vous remercie.
Source : http://www.beit-salam.km