Agence comorienne de presse (HZK-Presse)
Moroni, lundi 15 décembre 2008 (HZK-Presse) – Deux mois après l’annonce officielle de la rentrée scolaire 2008/2009, prévue initialement pour le 6 octobre dernier, les instituteurs avaient catégoriquement refusé de faire la rentrée en lançant « une grève illimitée ». Après plusieurs négociations, le syndicat national des instituteurs section de Ngazidja a fait pression sur les autorités de l’île pour signer un énième protocole d’accord.
L’essentiel consistait à épargner les 12.000 enfants de Ngazidja du spectre d’une année blanche. Pendant ce temps, leurs collègues du privé s’apprêtent à prendre leurs vacances du 1er trimestre à partir du 20 de ce mois. Ainsi soit-il, la rentrée des classes s’est effectuée depuis le jeudi 11 décembre dernier.
Ils sont à peine 12.000 enfants à reprendre le chemin de l’école ce lundi 15 décembre après deux longs mois d’attente. Les familles sont dédouanées du cauchemar d’une année blanche. Les 185 écoles publiques que recouvre l’île de Ngazidja se trouvaient fermées, la clef sous le palisson, et seuls les directeurs d’écoles s’obligeaient de veiller matin et soir au sein de leurs établissements.
En dépit de cette grève, certains faisaient les va et vient entre leurs établissements d’origine tantôt vers leur CIPR (Centre d’inspection pédagogique régional), tantôt vers la direction de l’enseignement primaire à Moroni, en vue de s’enquérir de l’évolution de la situation dans l’espoir d’une hypothétique rentrée scolaire. Ils s’inquiétaient surtout de l’afflux des élèves vers les établissements privés.
A en croire un inspecteur pédagogique rencontré samedi dernier au siège de la coordination régionale de l’inspection générale, cette situation de « grève illimitée » à répétition, conduit tout droit vers la privatisation de l’enseignement primaire. Le ministère de l’éducation de l’île serait obligé d’arrêter les recrutements. Environ 1/3 des agents de l’Etat, soient 1495 instituteurs sont actuellement en exercice. Le secteur public est bien saturé. Et dans un grand nombre d’établissements scolaires public des instituteurs se trouvent sans classe.
Encore moins, quelques classes sont à moitié vides, a-t-on constaté à la coordination régionale de l’inspection pédagogique. 20% de l’effectif du primaire ont déserté le public, échappant ainsi aux grèves à répétition et aux années scolaires tronquées. « Cette responsabilité est partagée entre les autorités et le syndicat » a laissé entendre notre interlocuteur. Bien que ce constat n’est pas exhaustif, les résultats des examens de fin d’année notamment l’entrée en 6ème, justifient à bien des égards la bonne performance du secteur privé par rapport au public, avec un écart de 15% de réussite.
Force est de constater que le syndicat des instituteurs n’avait pas de choix pour revendiquer leur statut particulier, la gestion de leur carrière ou les arriérés de salaires qui s’accumulent. Le syndicat des instituteurs est le seul corps professionnel ayant mis les bouchées doubles l’année dernière pour s’abstenir de toute grève. Son mode de fonctionnement consiste, dira un responsable syndical et membre du comité de négociation, à battre le feu pendant les grandes vacances et en début d’année, mais une fois les négociations abouties, le syndicat finit par accomplir le calendrier scolaire.
Si la grève lancée en ce début d’année scolaire a été la plus longue, les négociations avaient toute leur importance. Le syndicat national des instituteurs section de Ngazidja revendiquait l’intégration et la titularisation des instituteurs recrutés depuis 2006. Le syndicat estimait que les autorités abusaient sur une catégorie d’agents.
A cet effet, il avait exigé auprès du ministère de la fonction publique et celui des finances de l’île la régularisation de la situation d’ici le 31 décembre 2008. Mais le préalable de cette revendication technique, le versement de deux mois d’arriérés pour l’année 2008 a été posé comme condition si ne qua non. Ainsi les autorités de l’île étaient tenues de respecter l’échéance du 10 décembre dernier pour espérer une rentrée effective.
La réponse a tardé jusqu’à la fin de la première dizaine du mois de décembre que les instituteurs ont du percevoir un seul mois, celui de mai 2008. Conséquence logique après plusieurs rounds de négociation qu’une commission est mise en place pour étudier avec les autorités compétentes les modalités de paiement des arriérés de cette année.
Dans ce même ordre d’idée, il a été convenu de saisir le gouvernement central pour compléter le décret présidentiel n°06-214 en son article 12 relatif à la précision de la grille indiciaire notamment dans son chapitre relatif aux modalités et aux conditions d’évolution des fonctionnaires de l’éducation à l’intérieur de leur corps.
Pour rappel, cette revendication rejoint celle des agents de la santé formulée en août dernier. Autant dire que si les autorités de l’île ont accepté de signer le protocole d’accord présenté par le syndicat des instituteurs, tout son espoir reposerait sur le dos du gouvernement central qui détient le nerf de la guerre qu’est l’argent.
Reste à savoir quelle sera la marge de manœuvre de l’argentier de l’île de Ngazidja, quand on sait que le projet de loi de finances du gouvernement central pour 2009 n’a encore rien prévu pour le chapitre des recettes à partager avec Ngazidja ! Qui entre les deux entités (Union et île) joue un tour aux organisations syndicales ?
A. Nabahane
151208/an/hzkpresse/6h00