Agence comorienne de presse (HZK-Presse)
Moroni, lundi 13 octobre 2008 (HZK-Presse) – La Confédération des travailleurs comoriens (CTC) a tenu à Moroni du 11 au 12 octobre dernier son congrès statutaire, abrité et parrainé par l’Université des Comores dans ses locaux de l’IFERE. Près de 14 organisations syndicales affiliées ont participé aux travaux. Des délégués de la CGT (France métropolitaine) et ses relais de la Réunion et Mayotte ont participé à titre d’observateurs aux assises, apportant ainsi leur expérience dans le domaine syndical. Au terme des travaux marqués par « des débats profonds et sérieux », l’ancien secrétaire général M. Ibouroi Ali Tabibou a été reconduit à son poste pour un nouveau mandat de trois ans.
« Syndiquer les travailleurs, c’est mieux les défendre » tel est un des slogans retenus pour ce premier congrès statutaire de la CTC. Ayant concentré ses travaux sur la réforme de ses textes (statuts et règlement intérieur), le congrès avait pour objectif de jeter les bases d’une refondation du mouvement syndical comorien, évoluant vers « un syndicalisme de proximité » afin de renouer avec la confiance des travailleurs, aussi bien ceux qui exercent dans le secteur public que les salariés du privé.
C’est d’ailleurs l’une des motivations du bureau sortant à placer le congrès sous la bannière « se syndiquer c’est mieux se défendre ». Le secrétaire général sortant a dans son discours d’ouverture des travaux appelé les congressistes à « se serrer les coudes », en invitant les travailleurs du secteur privé et de l’informel à rejoindre les rangs du mouvement syndical pour mieux défendre leur droits et faire face au patronat et aux pouvoirs publics, en matière de respect des normes internationales du travail. Et le leader syndical d’appeler à poursuivre la lutte « pour un travail décent » et l’Etat de droit aux Comores.
Dans son rapport, Ibouroi Ali Tabibou dira que la Ctc née dans une période dominée par la crise séparatiste (avril 2005) a pu imposer sa stratégie en répartissant les postes de son bureau national sur toute l’étendue du territoire national. Son organisation a su aussi, au fil des mois, « nouer des relations avec les mouvements syndicaux de la région », notamment la CGTR de l’île de la Réunion, la CGT-Mayotte et d’autres mouvements de Madagascar et Maurice.
Naturellement avec le concours des cadres du Bureau International du travail (BIT) et de la CGTR, le congrès constitutif d’avril 2005 a été sauvé. Autant dire que le passage de l’Usatc [Union des syndicats autonomes des travailleurs comoriens] à la Ctc a été « un exercice difficile et de longue haleine », témoignera M. Ivan Hoareau secrétaire général de la CGT- Réunion qui, pour la deuxième fois participe aux travaux de la Ctc.
Depuis, de nouvelles pistes ont été exploitées par le bureau national sortant en élargissant son champ d’intervention, en sensibilisant les travailleurs sur l’intérêt de s’organiser en syndicats et associations professionnelles, pour mieux défendre leurs droits. Des syndicats sont nés à partir de cette initiative, tel que le syndicat des dockers aux ports de Moroni et Mutsamudu. D’autres se sont renforcés sur le plan organisationnel, de par les formations dispensées par la Ctc avec l’appui du Bit.
Le bilan du bureau sortant a été bien apprécié par les congressistes qui commencent à ressentir l’impact de ce regain du syndicalisme, et à bénéficier des échanges d’expériences, à travers la collaboration et le soutien mutuel des organisations syndicales partenaires de la Ctc qui continuent d’apporter leur contribution au mouvement. L’adhésion de la Ctc en janvier dernier à la Confédération Syndicale Internationale (CSI) a donné le quitus à Ibouroi A. Tabibou, leader syndical incontesté sur l’échiquier national, après deux décennies de militantisme d’abord au service du corps enseignant dont il est issus, et ensuite de l’ensemble des travailleurs de son pays.
« Forte du soutien et de la solidarité syndicale, la Ctc est fière d’avoir pris part à des grands chantiers nationaux dans la mise en place de nombreuses institutions », a laissé entendre le leader syndical. Elle a par conséquent stigmatisé et combattu le séparatisme, saluant au passage l’intervention militaire à Anjouan, qui a permis le rétablissement de l’autorité de l’Etat. Il a rappelé la répression qui avait frappé les militants syndicaux dans cette île et auxquels il rend hommage.
M. Ibouroi évoque les difficultés internes liées au désistement de certains membres du bureau, ou aux moyens de fonctionnement. Mais face à cette expérience difficile, Ali Tabibou endosse son maillot de numéro 1 de la Ctc, presque plébiscité par ses camardes congressistes pour un second mandat.
Interrogé par la Gazette des Comores, le leader syndical estime que conformément aux objectifs du congrès, « la Ctc doit se doter des structures qui lui permettront de conquérir le secteur privé et informel ». Le nouveau bureau national saura-t-il relever le défi ?
A. Nabahane
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