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  • : HALIDI-BLOG-COMORES, Blog des COMORES
  • : BLOG DES COMORES GERE DEPUIS LE 01 DECEMBRE 2013 PAR MARIAMA HALIDI
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A SAVOIR

QU'EST CE QUE LA LANGUE COMORIENNE ?

Pour répondre à cette question pertinente, nous vous proposons ci- dessous l'interview du grand linguiste et spécialiste de la langue comorienne, Mohamed-Ahmed Chamanga

 

 
INTERVIEW DE CHAMANGA PAR RFO EN 2004
 
 
 Le comorien est une langue composée de mots africains, de mots arabes voire parfois de mots portugais et anglais. D'où vient la langue comorienne ?

M.A.C : Le fonds lexical de la langue comorienne est essentiellement « africain » comme vous le dites, et plus précisément bantu. Les emprunts au portugais ou à l'anglais sont relativement faibles. Par contre, l'apport arabe est très important. Cela s'explique par la très forte islamisation des Comores, depuis la Grande Comore(Ngazidja) jusqu'à Mayotte (Maore) en passant par Mohéli (Mwali)et Anjouan (Ndzuwani). Malgré ces emprunts, le comorien (shikomor) reste, sur le plan de sa structure grammaticale, une langue bantu.

Qu'appelle t-on une langue bantu ?

M.A.C : Le bantu est une famille de langues, la plus importante d'Afrique. Les langues qui composent cette famille couvrent pratiquement toute la partie australe du continent noir.

Y a t-il encore aujourd'hui en Afrique ou à Madagascar des populations qui parlent une langue similaire au comorien ?

M.A.C : Bien sûr ! On trouve par exemple le swahili en Tanzanie, le lingala au Congo Démocratique, le kikongo au Congo, le zulu en Afrique du Sud, le shona au Zimbabwe-Mozambique, le tswana au Botswana, le kinyarwanda-kirundi au Rwanda-Burundi, etc. Comme ces langues appartiennent à la même famille, elles ont forcément beaucoup de points communs dans la structure des mots, leurs répartitions dans les phrases, les accords grammaticaux, etc. Elles ont aussi un minimum de vocabulaire commun.
Prenons par exemple le mot bantu ! Ce mot est attesté dans certaines langues, comme le lingala, et il signifie « hommes ». C'est le pluriel du mot muntu qui veut dire « homme » au singulier. Dans d'autres langues, ces mots se déclinent au pluriel en watu (swahili), wantru ou watru ou en encore wandru (shikomor) ; au singulier, nous avons respectivement mtu, muntru, mtru, mndru.
Prenons encore l'exemple de la phrase kinyarwanda suivante qui signifie : « Combien d'hommes ? » : Abantu bangahe ? Nous avons en comorien les équivalences suivantes :Wantru wangapvi ?Watru wangapvi ?Wandru wanga(pvi) ? et en swahili :watu wangapi ?

Ne pensez-vous pas qu'il y a beaucoup de ressemblance dans tout ça ?

M.A.C : A Madagascar, jusqu'au milieu du XXe siècle, il y avait quelques poches bantuphones sur la côte nord-ouest. Mais les langues africaines qui y étaient parlées, le swahili à Marodoka ou le makua à Maintirano, ont aujourd'hui disparu. Le malgache appartient à une autre famille de langues : les langues austronésiennes comme par exemple les langues indonésiennes.

Le comorien est souvent comparé au swahili, parfois on a même dit que le comorien en était dérivé ?

M.A.C: Selon les résultats des recherches des trois dernières décennies, il est prouvé que le comorien et le swahili sont génétiquement issus d'une même souche-mère, d'où leur très grande parenté. Mais les deux langues se seraient séparées aux environs du XIIème siècle. On peut donc dire que ce sont deux langues soeurs. Si la confusion a pu se maintenir jusqu'à une période pas très lointaine, c'était à cause de la très grande proximité des deux langues, mais aussi parce que les sultans des Comores parlaient swahili et beaucoup de correspondances et traités avec les pays voisins ou les puissances étrangères étaient rédigés en swahili qui étaient à l'époque la plus importante langue de communication et du commerce de cette région de l'océan indien occidental.
Par combien de personnes est parlée la langue comorienne?
M.A.C:On peut estimer que la langue comorienne est parlée aujourd'hui par un million de personnes environ : les 750 000 habitants de l'archipel des Comores plus la très importante diaspora comorienne, que l'on peut retrouver notamment à Madagascar, à Zanzibar ou encore en France.

Est-elle enseignée à l'école ? Si non pourquoi ?

M.A.C: Malheureusement, elle ne l'est pas. Pourquoi ? Parce que : Premièrement, la colonisation française, avec sa mission « civilisatrice », n'avait jamais reconnu au peuple dominé une quelconque culture ou civilisation et que les langues des dominées n'étaient pas des langues mais, avec un sens très péjoratif, des dialectes qui n'avaient ni vocabulaire développé ni grammaire.
Deuxièmement, le pouvoir très centralisateur de l'Etat français avait imposé le français comme la seule langue de l'administration partout. Cela était vrai dans les colonies, mais aussi en métropole. C'est ainsi qu'on a banni l'enseignement du breton en Bretagne, du basque au Pays Basque (Sud-Ouest de la France).
Troisièmement enfin, nous avons nous-mêmes fini par admettre que notre langue est pauvre et sans grammaire. Elle ne peut donc pas être enseigné. Il faut encore souligner qu'avec l'instabilité chronique des Comores indépendantes, aucune réflexion sérieuse n'a pu être menée sur la question. Pourtant, les pédagogues sont unanimes : pour permettre l'épanouissement des enfants, il est nécessaire que ces derniers puissent s'exprimer pleinement dans leur langue maternelle...

Y a t-il une ou des langues comoriennes ?

M.A.C:Nous avons la chance d'avoir une seule langue comorienne, depuis Ngazidja jusqu'à Maore. Mais comme toute langue, le comorien se décline en plusieurs dialectes qui en sont les variantes régionales : le shingazidja à la Grande Comore, le shimwali à Mohéli, le shindzuani à Anjouan et le shimaore à Mayotte.

Comment expliquer l'apparition de divers dialectes sur un territoire aussi exiguë que les Comores ?

M.A.C : Ce phénomène n'est pas spécifique au comorien. Toute langue est formée de plusieurs dialectes. La dialectalisation s'accentue lorsqu'il y a peu de communications et d'échanges entre les régions. A l'inverse, le déplacement d'une population qui parle un dialecte donné vers une autre région où l'on parle un autre dialecte peut également entraîner des changements dans les deux dialectes. Pour le cas des Comores, le facteur du peuplement par vagues successives au cours de l'histoire explique aussi le phénomène.
Les différences dialectales peuvent aussi s'observer à l'intérieur de chaque île. C'est ainsi, par exemple en Grande Comore, que la manière de parler des gens de Mbéni dans la région du Hamahamet diffère du parler des gens de Fumbuni dans la région du Mbadjini. Il en est de même à Anjouan entre les gens de Mutsamudu, sur la côte nord, et ceux du Nyumakele, dans le sud-est de l'île, ou encore, à Mayotte, entre Mamoudzou et Kani Bé ou Mwana-Trindri dans le sud, etc.

Un mot sur la langue mahoraise.

M.A.C:Le shimaore appartient au même sous-groupe dialectal que le shindzuani. C'est dire qu'il faut souvent écouter attentivement pour percevoir les différences entre ces deux dialectes. Le shimaore fait ainsi partie intégrante de la langue comorienne.

Le comorien s'enrichit-il ou s'appauvrit-il (avec le phénomène de créolisation de la langue) ?

M.A.C : Parler à l'heure actuelle de créolisation de la langue comorienne est quelque peu exagéré. Certes elle ingurgite aujourd'hui beaucoup de mots d'origine française. Mais cela reste « raisonnable ». Le comorien a emprunté énormément de vocabulaire d'origine arabe, environ entre 30 et 40 % du lexique, pourtant on ne parle pas de créole arabe, et cela à juste titre. En effet, ce qui fonde une langue, ce ne sont pas seulement les mots. Ce sont surtout sa structure grammaticale et sa syntaxe. De ce point de vue, le comorien ne ressemble ni à l'arabe ni au français.
On ne peut pas dire que le comorien s'appauvrit. Essentiellement oral, il répond parfaitement à nos besoins de communication. Il est toutefois évident qu'une langue écrite possède un stock lexical beaucoup plus étendu qu'une langue orale. Ne vous inquiétez pas pour le comorien. Si un jour, on décide de l'écrire, de l'enseigner et de l'utiliser dans l'administration, il ne pourra que s'enrichir. Il s'enrichira en se forgeant des mots nouveaux ou en empruntant d'autres ailleurs, comme cela se fait dans les langues dites de « grande civilisation ».

Où en est actuellement la recherche sur la langue comorienne ?

M.A.C: La recherche sur la langue comorienne avance ; trop lentement peut-être, mais elle avance. Nous avons aujourd'hui une meilleure connaissance sur elle qu'il y a vingt ans. Malheureusement, c'est un domaine qui intéresse peu de monde, aussi bien chez les nationaux que chez les chercheurs étrangers.

Pensez-vous qu'un jour tous les Comoriens parleront la même langue ? Et sur quoi se fonderait cette sédimentation en une seule langue « nationale » ?

Mohamed Ahmed-Chamanga : Nous parlons déjà la même langue. Ce qui nous manque, c'est une langue standard, comme en Tanzanie avec le swahili, à Madagascar avec le malgache, ou en encore au Zimbabwe avec le shona, etc. Pour arriver à ce stade, il faut qu'il y ait une réelle volonté politique, une prise de conscience chez les Comoriens de vouloir mieux apprivoiser leur propre culture et que soit mise en place une équipe de chercheurs qui se pencherait sur la question et qui proposerait cette langue standard qui serait utilisée dans tout l'archipel des Comores.

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CI-DESSOUS LES NEWS  RECENTES  DES COMORES

 

 

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A PROPOS DE OUANI

Ouani et ses grands hommes
 
 
L’être humain est insignifiant puisque le corbeau et beaucoup d’autres espèces d’arbres vivent plus longtemps que lui. De ce court séjour dans ce bas monde à la différence d’autres êtres vivants, l’homme peut marquer de son empreinte l’histoire.
A OUANI, ce genre d’homme malgré sa rareté, a existé et continu à exister jusqu’à nos jours. En ouvrant ce nouveau chapitre, quelques dignitaires en collaboration avec le comité de pilotage de la ville ont tenu à rendre hommage beaucoup d’hommes et de femmes qui ont fait du bien à cette ville.
En dehors de tout jugement, ils ont fait de leur mieux pour que Ouani devienne l’une des grandes villes les plus rayonnantes des Comores et Ouani l’est grâce à eux. Elle doit continuer à l’être pour nous et les générations à venir.
A titre posthume, nous tirons la révérence devant Saïd Toiha (Baco Moegné), Saïd Abdou Bacar Nomane, Saïd Abdou Sidi et Saïd Andria Zafi.
 
Le premier pour avoir créé la première école privée de la ville dans l’objectif de ne plus avoir un enfant de six à sept ans non scolarisé, le second qui a été le premier à être ministre et dont les louanges dépassent les frontières de la ville, le troisième a accompagné plusieurs années la jeunesse et le dernier a beaucoup contribué au niveau de l’enseignement primaire par son dévouement et son engagement à instruire ceux qui l’ont fait pour nous. Cette liste vient de s’ouvrir et n’est pas prête de se fermer ; beaucoup d’autres personnes disparues ou vivant tels que les enseignants apparaîtront à la prochaine édition.
Ansaly Soiffa Abdourrahamane
 
Article paru en 2003 dans le n° 0 de Jouwa, bulletin d’information de OUANI
 
 
 
 
LES ENFANTS DE LA VILLE DE OUANI
ET L’HISTOIRE   DES COMORES
 
 Beaucoup d’enfants de la ville de OUANI ont marqué et marqueront toujours l’histoire de leur pays : les îles Comores.
 
 En voici quelques uns dans différents domaines.
 La liste n’est pas exhaustive
 
 I) LITTERATURE
 
LITTERATURE ORALE
 
ABDEREMANE ABDALLAH dit BAHA PALA
 
Grand connaisseur du passé comorien décédé brusquement en 1988.
Actuellement, un projet de publication de sa biographie est en étude.
On trouve beaucoup de ses témoignages sur l’histoire des Comores dans le tome 2 de l’excellente thèse de SIDI Ainouddine sur la crise foncière à Anjouan soutenue à l’INALCO en 1994 
 
LITTERATURE ECRITE
 
Mohamed Ahmed-CHAMANGA
 
Grand linguiste des Comores
 
 Né à Ouani (Anjouan) en 1952, Mohamed Ahmed-Chamanga, diplômé de swahili et d'arabe, a fait des recherches linguistiques sur sa langue maternelle. Il enseigne la langue et la littérature comorienne à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Il est l'auteur d'une thèse, de plusieurs articles, ainsi que d'un recueil de contes de l'île d'Anjouan : Roi, femmes et djinns (CLIF, 1998). Président de l'Association Fraternité Anjouanaise, Mohamed Ahmed-Chamanga a fondé, en 1997, le journal Masiwa.
 Il enseigne actuellement la langue et la littérature comoriennes à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris (INALCO).
 
AINOUDINE SIDI
 
 Historien & grand spécialiste de l’histoire foncière des Comores 
 
 Né à OUANI, en 1956. Il a fait des études d’histoire à l’université de DAKAR (SENEGAL) et a préparé un doctorat d’études africaines à l’INALCO (PARIS)  Il est actuellement chercheur et Directeur du CNDRS (Centre National de Documentation et de Recherches Scientifiques) à MORONI.
 
 II) MUSIQUES & CHANTS
 
DHOIFFIR ABDEREMANE
 
Un des fondateurs de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Avec ses chansons axées sur la contestation sociale. Il fait partie des premiers artistes qui ont introduit aux années 60 une nouvelle forme de musique aux COMORES.
 
C’est un homme très discret mais plein de talents. On se souviendra toujours de ses productions à la salle AL CAMAR de MORONI.
 
FOUDHOYLA CHAFFI
 
 Une des premières femmes comoriennes à avoir fait partie d’un orchestre musical.
 Il s’agit là d’un engagement incontestable de la part d’une femme comorienne.
 Elle a commencé à jouer un rôle important dans la chanson à partir de 1975 comme chanteuse principale de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Sa voix d’or résonne toujours dans le cœur de tous ceux qui ont vécu dans notre pays de 1975 à 1978. On ne passait pas en effet, une seule journée sans entendre une de ses chansons sur l’égalité des sexes, l’unité des Comores, le changement des mentalités… à la radio nationale.
 
 III) POLITIQUE
 
Le sultan ABDALLAH III
 
 De mère ouanienne, il est l’un des grands sultans qui ont régné dans l’archipel des Comores au 18eme siècle et plus précisément sur l’île d’Anjouan.
 
SITTOU RAGHADAT MOHAMED
 
La première femme ministre et élue député des COMORES
 
Né le 06 juillet 1952 à OUANI. Elle a enseigné pendant plusieurs années le français et l’histoire géographie dans différents collèges du pays avant d’être nommée secrétaire d’Etat à la condition féminine et à la population en 1991.
De 1991 à 1996 elle a assumé de hautes responsabilités politiques : Haut commissaire à la condition féminine, Ministres des affaires sociales, conseiller spécial du président de la république, secrétaire général adjoint du gouvernement, élue députée ….
Actuellement, elle est enseignante à l’IFERE et Présidente du FAWECOM.
 
Article publié sur le site de l'AOFFRAC (www.aoffrac.com)
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

21 septembre 2008 7 21 /09 /septembre /2008 14:16

Vous trouverez ci-dessous le point de vue de l'historien Mahmoud IBRAHIME sur la question de Mayotte publié aussi par certains journaux comoriens. En principe, cette question devrait être évoquée  par le Président de l'Union des Comores, Monsieur Ahmed Abdallah Sambi lors  de la prochaine Assemblée générale des Nations Unies, qui se tiendra le 27 septembre 2008. Ce sera peut être l'occasion d'en savoir plus par rapport aux dernières négociations franco comoriennes. Entendez par là ces fameuses négociations du Groupe de travail de haut niveau (GTHN) que certains ont qualifié de groupe de la honte et dont la 3ème réunion s’est tenue du 17 au 18 septembre dernier à Mayotte.

 

Union des Comores. Une diplomatie : pourquoi faire ?

Par Mahmoud IBRAHIME
Docteur en Histoire

 (photo archives)Ce sont des images tristes que celles qui sont diffusées sur le net depuis le 4 juin 2008. Images tristes que celles du Ministre des Relations Extérieures, Ahmed Ben Saïd Jaffar, l’ancien Premier Ministre Ali Mroudjaé et les autres éminents membres du Groupe de Travail de Haut Niveau poursuivis et harcelés dans les rues de Paris par une demi-douzaine de jeunes comoriens aux cris de " Mayotte n’est pas à vendre".

 Un membre du groupe s’est même permis de dire aux jeunes qu’il n’avait pas de leçons de patriotisme à apprendre d’eux parce qu’ils vivaient en France, oubliant que si ces jeunes sont à l’extérieur c’est faute de pouvoir vivre dans leur pays, plongé dans un gouffre par les mêmes hommes politiques.

 C’est terrible qu’après plus de trente ans d’indépendance ce soient des jeunes de 20 à 30 ans, parfois nés à l’extérieur qui refusent que des diplomates adeptes de la « realpolitik » bafouent l’unité et l’intégrité de leur pays.

 Comment sommes nous arrivés à cela ? Comment des fonctionnaires de l’Etat peuvent-ils autant ignorer l’histoire de leur pays, les lois, en l’occurrence la Constitution de l’Union et faire preuve d’autant de naïveté face à notre partenaire historique, celui qu’ils sont sensés le mieux connaître ? A quoi sert la diplomatie comorienne aujourd’hui si elle n’est pas capable de défendre à l’extérieur les intérêts vitaux des Comores ?

 La 63e session de l’Assemblée Générale des Nations Unies sera ouverte le 16 septembre 2008. La « question de l’île comorienne de Mayotte » est inscrite à l’ordre du jour provisoire depuis le mois de juillet, comme chaque année. Théoriquement, il en sera toujours ainsi tant que cette question n’est pas résolue.

 Les négociations bilatérales, une politique nouvelle ?

 Le 16 septembre 2008, c’est aussi la date choisie par la diplomatie française pour recevoir une délégation conduite par l’Ambassadeur Soulaimana Mohamed Ahmed à Mayotte. Cet Ambassadeur, qui aime à se désigner comme un « réaliste », ne s’est pas montré très combatif jusqu’à présent à propos du droit de l’Etat comorien sur Mayotte. Il ne faut donc pas s’attendre à une nouveauté à l’AG de l’ONU. La question sera de nouveau retirée, sauf si, à force d’humiliations, de la part des fonctionnaires français qui ne viendront pas les poches vides, les Comoriens ont un sursaut d’orgueil.

 Le Gouvernement comorien devrait donc sous peu, comme les années précédentes, transmettre  à notre représentant à l’ONU, l’écrivain Mohamed Toihiri, l’ordre de faire retirer cette question de l’ordre du jour.

 Depuis la présidence du colonel Azali, n’en déplaise à l’actuel Ministre des Relations extérieures, qui pense avoir innové dans ce domaine, ce retrait est justifié par les gouvernements successifs par une volonté de « changer de politique ». Et comme l’énonçait cette année le même ministre, le gouvernement Sambi, entend privilégier la stratégie française de négociations bilatérales, convaincu que le combat au sein des organisations internationales serait devenu obsolète. Il faut dire qu’il s’agit bien d’une politique originale qu’aucun de nos amis (Chine à propos de Taiwan) et voisins (Maurice à propos des Chagos) n’a adoptée. Et pour cause ! Il s’agit de conflits de droit international, et le pays qui se sent privé de son droit a intérêt à demander réparation aux organisations internationales, surtout quand le partenaire feint des négociations depuis plus de 10 ans et renforce progressivement ses positions.

 Le droit du plus fort

 La revendication comorienne sur Mayotte ne se base ni sur le droit comorien ni sur le droit français, mais sur des principes du droit international et des résolutions de l’ONU. Il faut donc se demander pourquoi depuis tant d’années, l’Etat comorien est persuadé que ce problème se résoudra dans des discussions bilatérales alors que la France continue à agir ouvertement comme si le droit international n’était pas applicable s’agissant de Mayotte. Pourtant, une vingtaine de résolutions de l’ONU condamnent sa présence à Mayotte depuis 1975 et la présente au monde telle qu’elle ne voudrait pas l’être : une puissance qui foule aux pieds le droit international et qui met en pratique, dans cette partie du monde, la politique du plus fort.

 De plus, les diplomates français connaissent la faiblesse de la diplomatie comorienne. Ici plus qu’ailleurs en Afrique, les peurs refoulées, le complexe d’infériorité de l’ancien colonisé et surtout les regrets de certains d’avoir rompu les chaînes trop tôt sont des réalités tangibles. Les Français savent qu’à cause de tout cela, dans les discussions bilatérales, ils peuvent mieux manipuler une diplomatie comorienne qui n’a aucun objectif précis depuis plusieurs années, sinon celui d’obtenir des aides. Ils peuvent donc jouer en permanence du chantage à la coopération et obtenir de leurs homologues comoriens qu’ils ferment les yeux sur leurs droits contre des espèces sonnantes et trébuchantes.

 C’est sur ces réflexes de mendiants que comptent des hommes politiques mahorais comme le sénateur Adrien Giraud pour faire fléchir les diplomates comoriens. Lui aussi voudrait jouer un peu du chantage au co-développement.

 Sous la présidence du colonel Azali, le gouvernement a cédé à pratiquement tout. Il a rompu avec le consensus qui avait été établi par les prédécesseurs de s’opposer à l’entrée de Mayotte en tant qu’entité distincte dans l’organisation des Jeux de l’Océan Indien. Il a régulièrement fait retirer la question de l’Assemblée Générale de l’ONU. Il a signé un accord secret promettant à la France de ne pas réintroduire cette question à l’ONU pendant deux ans.

 Entre naïveté et reculades

 Le Président Sambi, qui a été un grand pourfendeur de la politique du colonel Azali, a avalisé les reculades de celui-ci et se compromet dans des pratiques illégales vis-à-vis de la Constitution de l’Union, s’agissant de cette île comorienne. Il a été converti aux vertus des négociations bilatérales. Il y a encore peu, il ne jurait que par sa rencontre avec le Président Sarkozy qui lui aurait promis le règlement de cette question, en particulier par l’introduction de la libre circulation des marchandises et des hommes au sein de l’archipel, Mayotte comprise.

 Lorsque le danger du référendum à Mayotte a été soulevé par les associations de la diaspora, le ministre Ahmed Jaffar n’a pas hésité, en juillet 2007, à dire qu’il n’y aura jamais de référendum et qu’il avait eu des assurances à ce propos. Il venait de rencontrer des fonctionnaires du Quai d’Orsay. Depuis, il n’a pas changé d’avis.

 C’est effarant de voir à quel point les hommes politiques comoriens sont ignorants du fonctionnement des institutions françaises, alors que leur pays a été colonisé pendant près de 150 ans par la France. En 1973, le président Ahmed Abdallah et les leaders du Parti Vert ont cru avoir obtenu l’indépendance des Comores dans l’unité parce que l’exécutif (le Président Giscard d’Estaing et le Premier Ministre Jacques Chirac) leur avait assuré que ce serait le cas. Ils ont oublié la force des parlementaires en France, et surtout de certains réseaux qui ont su agir auprès de ces derniers.

 Aujourd’hui, le Président Sambi et son ministre des Relations Extérieures continuent à croire qu’un responsable français, soit-il Président ou un simple fonctionnaire, peut aller à l’encontre de la loi française en accordant la libre circulation entre Mayotte et les autres îles de l’archipel. Les diplomates français doivent rire, souvent. En tout cas, ils entretiennent le rêve du gouvernement comorien de conférences en rencontres dites de « haut niveau » qui n’ont qu’un seul objectif : flatter l’égo de certains responsables politiques comoriens.

 Azali-Sambi : la continuité

 La question de Mayotte, gelée par le gouvernement du Président Azali, est maintenue au frigo par les hommes du Président Sambi. Les conséquences sont énormes car moins on parle de l’occupation de l’île de Mayotte au niveau international et plus les Français intègrent peu à peu dans l’esprit des dirigeants européens qu’il n’y a pas de conflit entre la France et les Comores s’agissant de Mayotte. Pire, les pays africains et arabes qui ont toujours soutenu les Comores dans cette question reculent. Comment les Comoriens pourraient-ils obtenir l’aide d’autres pays alors que leurs propres gouvernements lâchent sur tous les points ?

 En 2000, le gouvernement Azali a ignoré le référendum permettant à la France de lancer le processus de départementalisation de l’île, il n’y a eu aucune protestation. Voici qu’encore une fois, un autre référendum est annoncé en 2009, et le gouvernement comorien n’a rien à dire, pire, il participe à des réunions dites de « haut niveau » dans lesquelles on lui fait croire que le visa d’entrée à Mayotte va être aboli par la France. Cette même France qui en Europe demande plus de fermeté dans la lutte contre l’immigration ouvrirait à Mayotte un passage plus abordable pour les candidats africains à l’entrée en Europe ?

 Mais il y a plus grave, chaque année une centaine de Comoriens disparaissent entre Mayotte et Anjouan et c’est comme si ces Comoriens n’avaient ni pays ni nationalité. Il n’y a jamais aucune réaction du gouvernement ni pour présenter ses condoléances ni pour demander des explications sur les circonstances au gouvernement français. Ce sont des associations françaises qui ont poussé leur Etat à reconnaître que les interpellations se font dans des conditions telles que certains kwasa-kwasa ne peuvent que se retrouver sous la mer.

 Ne pas fâcher notre principal partenaire et obtenir le plus d’aide économique de lui, voilà le credo de notre diplomatie actuelle. Cela peut-il suffire comme doctrine diplomatique ? »

 Mahmoud Ibrahime
Docteur en Histoire

 HALIDI-BLOG-COMORES 

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commentaires

R
<br /> avant de reclamer mayotte l'île departement française, construiser votre pays car bocou des clando meurent o large de mayotte<br /> <br /> <br />
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K
Moi j suis mahorais et Français et j suis fier.fermé vos putain de guel,je ne sais pas pourkoi vs voulez,vous les comoriens ke Mayotte l'ile Français retourne dans le giro de misére de comores.vous etes tous des integriste de merde,Vs les comoriens.Vous avez tous des doubles nationalité comorien et français et vs voulez ke Mayotte retourne au comore,vous etes vraiment des malade.Vous n'arivez meme pas à nourir les comoriens et vs revendiké encor Mayotte.je vous dis pour la derniere fois laissez nous vivre en paix, chz nous il ya la liberté au contraire de chz vous au comores.Alors fermez vos guel chacun reste chz sois,Mayotte c est pas à vous c notre ile.si vous voulez j laisse meme mon adresse email.CON
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N
a jetandraDans le même esprit, j'aimerais que l'on m'explique pourquoi MAYOTTE devrait appartenir à la FRANCE! quels sont les lines ethniques, culturels, historiques, religieux qui feraient que cette île peut revendiquer légitimement son appartenance à la nation française, car après tout, c'est aussi une question que les français métropolitains sont en droit de se poser, eux qui vont devoir assumer l'assistance totale induite par la departementalisation si elle se concrétise!Par quel accident de l'histoire, un peuple noir, musulman, devrait d'un seul coup, être reconnu comme français, sinon celui du droit de la force!!!!!Fasse encore qu'en vert d'une culture de la haine dont vous avez été imprégné depuis 3 décennies, vous soyez imbibés d'animosité envers les habitants des autres îles, et il faudrait bien qu'un jour vous soyez capable de justifier l'origine de cete haine, de la prétendue sujétion à laquelle elle vous aurait soumis, alors même qu'il est prouvé que les comoriens des autres îles servaient d'esclaves aux exploitations coloniales à MAYOTTE, avec la bendiction des notables locaux/Nous avons pris note de votre haine, de votre dégout envers des frères en religion et en culture, et donc de cette curieuse façon de se declarer musulmans, mais si vous aviez un peu d'honneur et surtout du droit de s'appartenir comme vous l'a&vez écrit, vous ne reclameriez pas votre anéantissement dans la réalité française, mais pour le moins votre droit à vous developper seuls, sans les COMORES et sans la FRANCE, ce qui aurait un tout autre sens, que de celui de souhaiter se réduire à un peuple mendiant et assisté par des gens qui ne comprennent rien à ce que vous etes et qui vous méprisent! La vérité, c'est que vos élites sont si peu de patriotisme, si peu d'honneur, qu'elles n'ont même jamais envisagé autre chose que de se vendre à leur oppresseur... car celui qui vous a colonisé, pillé, opprimé, c'est bien ce pays là dont vous souhaitez vous réclamer fils!
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J
Je suis vraiment dessus monsieur MAHMOUD. Je croyais trouver ici une justification historique de la revendication de Mayotte par les autres îles des Comores. Mais rien! Il est dur de parler de réalités historiques. Alors, on se noie dans des explications sur un pseudo droit international que bien entendu la France a partie pris puisqu'il a signé ce droit international. Il faudrait expliquer aux Comoriens la base même de ce droit international qui fait que Mayotte doit appartenir au gouvernement comorien selon les pays de l'ONU dont l'on sait que la grande majorité est du tiers-monde (pays ayant acquis ou s'étant battus contre l'impérialisme français, britannique et autres) et que forcément à l'assemblée de l'ONU, cette question aura plus de partisans que d'opposants. Il faudrait expliquer aux gens pourquoi Mayotte ne s'appartiendrait pas mais doit absolument appartenir à une entité dite comorienne? C'est bien là la culture et les traditions comoriennes abjectes où une famille impose à son fils et sa fille de se marier avec untel ou untel sans écouter leur avis ou leur laisser le choix qu'il soit bon ou mauvais. Et après,l'on s'étonne si le divorce est consommé. Mais à qui la faute? A ceux d'entre vous qui s'entêtent à jouer avec la conscience des Mahorais et Mahoraises. Convainquez nous plutôt de la justesse de vos idées. En quoi Mayotte serait meilleure rattachée à la Grande-Comore et consoeurs? En quoi son avenir sera resplendissant? A moins que tout ce qui vous intéressent dans ce monde est de partager avec le plus grand nombre votre précarité...
Répondre
N
jai bien aimé la vision de mahamoud  et il faus contunier adenoncé  les conportement ignoble de soi disant des inteléctueles  ses des corompus  et le pire ils aven que il vonts remplire leur pauches  pour quelque années seulment ce vraiment honté  donc bon courage mahamoud .nomane
Répondre
H
J'ai honte d'être un patriote comorien.Les agissements politiques des responsables d'à partir de TAKI me font honte et je crois que je ne suis pas le seul.Allez y apprendre le nationalisme chez les autres.Comment peut-on être fier de ce pays qu'on étale sans dignité?
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