Agence comorienne de presse (HZK-Presse)
Moroni, mardi 17 juin 2008 (HZK-Presse) – Dix huit mois après son installation au port de Moroni en remplacement de la Compagnie de manutention des Comores (Comaco) dont l’actionnaire principal était la société française Mers Australes basée à Madagascar, le nouveau repreneur des activités du port, Gulf-Com, n’a jusqu’à présent rempli qu’à moitié ses missions.
Le consortium arabe Al Marwan General Contracting et Gulftainer Company Ltd qui a obtenu depuis le 11 septembre 2006 auprès des autorités comoriennes le contrat de concession des services de manutention portuaires, n’a réellement démarré ses activités qu’en janvier 2007, certes, et son installation promise à Anjouan est loin d’être acquise.
L’on se rappelle encore le bras de fer que ce contrat a provoqué entre l’exécutif de Ngazidja de l’époque et le pouvoir central, devenu un conflit de compétence qui s’est enlisé entre le ministre des transports de l’île de Ngazidja, Cheikh Ali Bakari Kassim et le vice-président de l’Union en charge des transports et télécommunications Idi Nadhoim. Saisie de l’affaire, la Cour constitutionnelle avait même jugé le 19 décembre 2007 « non conforme » la décision de l’Union de signer unilatéralement le contrat de concession du 11 septembre avec Al Marwan.
Bien que son contrat de concession des ports (Moroni et Mutsamudu) ne soit pas encore honoré par l’autorité nationale chargée des transports, l’on constate certaines réalisations en matière d’investissement au niveau du port de Moroni. Hormis le service de déchargement assuré par deux chalands flottants d’une capacité de 110 tonnes chacune et une grue chalande M.V de 1.550 t et quelques engins tels que des grues, des éleveurs à fourchette, des tracteurs, et des camions, tous ces équipements sont venus suppléer les boutres et mettre fin au déchargement manuel jadis assuré par les dockers.
D’où un gain de temps incontestable aux yeux des usagers du port. « En l’espace d’une journée, nous confie un agent de la société, 2640 tonnes de ciment ont été déchargées du bateau actuellement en rade au port de Moroni vers le terre plein où des camions attendent pour approvisionner les magasins.
En termes de coût, les services auraient eu des retombées bénéfiques notamment pour le consommateur final ce qui est loin d’être le cas. Le prix d’une tonne de ciment qui était de l’ordre de 86.000 francs avant la rupture du contrat Comaco est passé actuellement à 126.000 francs, soit une hausse de près de 50%. Or Gulf-com s’était engagé à opérer une révision à la baisse des tarifs appliqués au port.
En se fiant aux informations recueillies au cours de notre enquête par rapport à l’inflation des prix sur le marché, le coût des services de la manutention portuaire y contribue dans une large mesure, autant que la crise de l’énergie.
D’autres s’interrogent encore sur les raisons qui expliquent que Gulf-Com exerce au port de Moroni et se voit toujours opposé un refus pour le port de Mutsamudu où Spanfreight reste le seul opérateur habilité à exercer.
A tort ou à raison, l’installation de cette nouvelle société dans les ports de l’Union des Comores aurait facilité ou allégé le coût des services en général depuis la manutention, en passant par les frais de magasinage et autres. D’où le processus déclenché par la Ctc (confédération des travailleurs comoriens) qui depuis la semaine dernière est entrain de consulter les parlements de l’Union et de l’île autonome de Ngazidja en vue de faire entendre le désarroi du consommateur de l’île face à la cherté de la vie.
A en croire un rapport annuel de Gulf-Com dont La Gazette s’est procuré une copie, on évalue à la somme de 1,6 milliard fc (soit 5,37 millions de dollars) l’investissement réalisé au port de Moroni pour des projets civils.
Ce coût exclut l’entretien et la maintenance du système d’éclairage. « Des efforts inlassables en matière d’investissement », nous confie un agent interrogé, qui se poursuivront pour la construction des murs de sécurisation et l’extension du port afin d’assurer sa remise aux normes internationales requises. Parmi les résultats enregistrés, la productivité du volume en vrac serait améliorée, passant de 200 t à 1000 t par jour en 2007.
Avec un personnel de 150 agents, la société Gulf-Com a, selon notre enquête, contribué pour environ 5,9 millions fc au titre de son IGR. L’Etat aurait perçu 39,9 millions fc au titre de la Taxe à la consommation, indique le rapport. Les nouveaux concessionnaires du port affirment contribuer à l’économie comorienne à travers divers contrats passés avec des entreprises locales (4,5 millions fc).
Mais la question reste toujours de savoir si les tarifs qu’elle applique correspondent à la réalité des prestations et qu’ils sont conformes au contrat de concession dont l’objectif premier était, à juste titre, de baisser les coûts. Interrogé, son Directeur général, M. Ziyad n’a pas souhaité répondre à nos questions.
A. Nabahane
170608/an/hzkpresse/9h00