Moroni, jeudi 5 juin 2008 (HZK-Presse) – Désormais la crise à échelle planétaire se fait gravement ressentir dans les îles de la lune. Le gasoil disparaît petit à petit des stations services, le pétrole lampant est jusqu’alors inaccessible, le riz populaire se fait rare voire introuvable à certains endroits, avec déjà des répercussions très sensibles sur les prix de presque tous les produits de consommation courante dont la flambée inflationniste atteint des proportions inquiétantes.
« Jusqu’ici tout va bien » affirme-t-on à l’Onicor [office d’importation et de commercialisation du riz ordinaire]. Il s’agit d’une simulation des magasins car il serait « impossible qu’il puisse y avoir pénurie actuellement, alors que cela fait à peine trois mois que nous avons reçu la dernière cargaison de 8.000 tonnes de riz ordinaire, avec un stock prévisionnel pouvant encore satisfaire la demande jusqu’au début du mois de ramadan (début septembre), auquel s’est récemment ajouté un arrivage supplémentaire de 70 conteneurs », a poursuivi le directeur de cette société d’Etat, M. Mouslim Ben Moussa qui rentre d’une mission à New Delhi, ajoutant que très bientôt une grosse commande de 25.000 tonnes populaire sera dans le pays en provenance de l’Inde. Une opération en cours de financement par l’Exim Bank.
« Les grossistes veulent faire monter les prix, par pure spéculation, car on approche la période du grand mariage, où le riz est beaucoup plus consommé » qu’en temps normal, lance un petit commerçant de la capitale, qui comme beaucoup d’autres, vend le kilo à 350fc au lieu du prix normal fixé à 300fc.
Une réalité qui pourtant n’est pas à sa première apparition mais qui se répète chaque année, « les grossistes espère revendre à prix d’or le riz, en faisant croire qu’il y a une pénurie. Une hausse illégale selon le service des prix de l’île car en effet le prix normal au détail pour un sac de 50 kg de riz devait être de 15.000fc. Une amende de 100.000fc vient d’être dressée contre un commerçant de Bahani qui essayait de vendre le sac à 16.500fc, a affirmé le directeur adjoint du service de contrôle des prix et de répression de la fraude, Ahmed Affande, qui détenait dans son bureau 5 sacs, confisqués à un vendeur qui tentait de vendre au même prix le produit le plus consommé aux Comores.
La crise concerne également les produits pétroliers à l’exception de l’essence. Interrogé il y a quelques jours sur la question du pétrole lampant, le directeur disait qu’il s’agissait juste d’une diminution de la quantité de livraison dans les stations services, un rationnement voulu pour ne pas vider totalement les citernes avant l’arrivée d’une nouvelle cargaison. La livraison qui était de 4.000 litres est désormais passée à 2.000.
Un pétrole qui est d’ailleurs vendu par les petits commerçants à 300, 350 voir même 400fc le litre alors que le prix légal à la pompe est fixé à 200fc compte tenu du fait que le prix dans les stations n’a pas augmenté mais est toujours de 175 fc le litre. La hausse des prix du pétrole s’explique par les souffrances qu’endurent les petits commerçants pour se le procurer.
« J’ai passé trois jours d’affilée devant le station feeling pour pouvoir enfin acheter ce pétrole » se justifie Hassan, qui affirme aller revendre le litre à 300fc. Le service des prix a énormément du mal à exercer le contrôle sur les vendeurs de pétrole car selon Affende Ahmed, « c’est dans la soirée que ces petits commerçants font leurs ventes illégales, alors que nous travaillons la journée et l’on refuse de témoigner ».
Invités la semaine dernière par le service des prix, l’ordre a été donné aux gérants des stations et leurs pompistes de ne pas vendre une quantité dépassant les 10 litres par tête de client, à l’exception de ceux qui sont munis d’une carte professionnelle de commerçant. Une mesure qui serait, apparemment, toujours en vigueur mais non respectée. L’objectif était « d’éviter et de veiller à ce que les particuliers n’en profitent pour revendre le pétrole à un prix exorbitant, en bénéficiant d’une plus grande quantité, ainsi ils n’oseront pas le revendre et cela permettrait d’exercer un véritable contrôle de la distribution ».
Une queue de plusieurs voitures, à moteur diesel, se rallonge chaque jour devant les stations services de la capitale, en attente d’une hypothétique livraison de gasoil. Seules les voiture à essence ont la chance de pouvoir circuler normalement. Même la société d’électricité (Ma-Mwé) connaît une véritable pénurie, ses approvisionnements étant réduits de manière drastique au cours des trois derniers jours, d’où le retour au délestage sur l’ensemble de l’île.
« Les commandes sont faites mais, c’est la livraison qui s’effectue au compte goutte », nous confie un pompiste de la station Bonzami. Il s’agit apparemment d’un problème de rupture de livraison par le fournisseur de la SCH, mais pour l’instant nous n’avons pu joindre un responsable de l’entreprise. Un agent de la SCH nous confirmait hier qu’il n’y a pas « épuisement de réserves de gasoil », le stock étant transféré dans les cuves d’Anjouan dans l’attente de l’arrivée de la nouvelle cargaison.
S’agirait-il également d’un manque de moyens permettant d’alimenter convenablement les stations ou des conséquences du non renouvellement du contrat de Total, principal fournisseur français de la Société des Hydrocarbures, au profit d’un nouvel opérateur offrant une unité de raffinage implantée à Aden (Yémen) à des conditions jugées semble-t-il plus favorables ?
Al-hamdi Abdillah
050608/aa/hzkpresse/15h00