Le samedi 28 juillet 2007, l'Envoyé Spécial de l'Union africaine, Monsieur Francisco Madeira avait convié la presse à une conférence dans les bureaux de l'Union africaine à Moroni, avant de prendre l'avion ce même jour pour Addis-Abeba où il doit remettre son rapport.
Dans cette conférence, Monsieur Madeira a soulevé plusieurs points. Pour lui, la crise comorienne est un problème d'Etat et pas un problème personnel.
« Nous estimons et nous sommes convaincu que le problème d'élections et de la légitimation de Monsieur Bacar est un problème d'Etat et pas un problème personnel entre Bacar et qui ce soit. C'est pourquoi, on ne peut pas accepter que Monsieur Bacar n'accepte pas de se soumettre à la volonté du peuple au scrutin populaire », a-t-il indiqué. S'adressant à Monsieur Bacar, Madeira estime qu'« à partir du moment où vous commencez à vouloir prendre le pays en otage, que vous voulez arrêter tout le processus et que vous empêchez que les investissements viennent ici, vous cessez de faire partie des solutions de la crise ». Monsieur Bacar est devenu la clé du problème et nous « devons régler ce problème d'une façon efficace. Ça n'a rien à voir avec Mohamed Bacar en tant que personne », mais il s'agit du destin de ce pays. « Personne n'est autorisée à devenir un empêchement au fonctionnement normale des institutions et aux efforts de ce peuple » de vouloir sortir de cette crise, a-t-il insisté.
« Ce processus, poursuit-il, n'a pas commencé avec Monsieur Bacar, il y avait un certain Monsieur qui s'appelle Foundi puis Abeid, mais ils sont tous partis. Il y avait aussi un certain Monsieur qu'on appelle Elbak et Fazul. Donc, que ce soit Mourade ou Madeira, que ce soient les ambassadeurs de Chine ou de France, mais sachez que ce pays va perdurer et ce peuple va arriver à son destin. L'Union africaine est là. Et tant que Monsieur Bacar continue à défier la volonté du peuple, il est perdant ».
Après cette brève présentation, Madeira s'est dit prêt à répondre à aux questions et que les journalistes peuvent poser des questions à tous les membres de la communauté internationale présents dans la conférence de presse et à la Commission de l'Union africaine à Addis-Abeba. « Ça appartient à cette Commission de décider quelle doit être l'action décisive pour résoudre ce problème tenant compte des réponse qu'on a eu [des deux parties]», a-t-il précisé.
Interrogé sur ce que compte faire l'Union africaine actuellement, Madéira explique qu'il va présenter son rapport qui « tiendra compte, non seulement aux faits actuels, mais de ce qui s'est passé, quelle est la position d'Anjouan et celle de l'Union, la position des personnalités des institutions, des corps constituants de ce pays, mais aussi de faire savoir quelles sont les possibilités qui s'ouvrent pour qu'il [le Conseil de Paix et sécurité] puisse prendre une décision d'une manière informée et en connaissance des causes ». Et d'ajouter, après « les contacts que j'ai eu avec TOUTES les institutions, tout le monde condamne l'attitude de Monsieur Bacar ».
Madeira s'en est pris à Bacar en s'étonnant et se posant plusieurs interrogations. « Quel est son problème ? Il dit qu'il accepte la constitution, il dit qu'il accepte les institutions ! Ce qui lui convient, il accepte et ce qui lui convient pas, il n'accepte pas ! C'est incroyable ! », s'exclame-t-il. Il ne voit pas dans quel contexte on peut s'asseoir avec Monsieur Bacar, « son mandat a expiré et il veut s'asseoir avec ceux qui ont été élu ! Monsieur Sambi a été élu les présidents des îles autonomes de Mohéli et Grande-Comore ont été élu, et lui il va s'asseoir avec ses gens là comme qui ? Avec quelle capacité ?!!! »
« A partir du moment où on refuse de reconnaître le droit du peuple de dire que nous voulons être dirigé par celui-ci, là on se demande mais vous [Bacar] représentez qui là ? Peut être qu'il y a une grande puissance qu'on ne connaît pas ... Je vous dit qu'on va en discuter avec cette puissance là et je suis sur qu'on peut s'entendre avec elle. Je vous dis, le bateau de Monsieur Bacar commence à s'effondrer et ceux qui sont dans ce bateau là, c'est mieux qu'ils sautent sinon, ils vont s'effondrer avec », poursuit Madeira.
Quant à la façon de résoudre les conflits d'une manière générale, Madeira souligne que « la communauté internationale y compris l'Ua a sa manière de faire les choses et cela ne veut pas dire qu'elle ne fait rien. Elle a estimé qu'il fallait épuiser tous les moyens pacifiques et négocier pour régler ce problème et ce à plusieurs reprises. S'il faut changer de vitesse ça appartient à eux de le faire ». Nous ne sommes que des messagers et « on leur dit ce que nous pensons que ça peut se faire, mais la décision leur appartient». Effectivement on est devant une « difficulté mais pas du tout devant une défaite. On n'a pas encore montré toutes nos armes. Je vais transmettre le message à mes supérieurs et c'est au Conseil de Paix de prendre la décision. Effectivement il ne va pas accepter la défaite », a-t-il conclu.
L'ambassadeur de France, Monsieur C. Job, a pris la parole à la demande de Madeira.
C. Job, a insisté sur le fait qu'« il faut épuiser toutes les possibilités pacifiques et les possibilités de convictions avant d'envisager d'autres solutions. Je ne vous ferrais pas l'injure de vous rappeler que les diplomates et la diplomatie soient pour mettre en œuvre la totalité des possibilités pacifiques et non pour pousser à faire la guerre ».
Et de prendre l'exemple du Darfour, « depuis plus de 4 ans, plus d'une centaine de millier de personnes se sont déplacées, plus de 100 mille personnes ont été tuées et regardez la difficulté de la communauté internationale, à résoudre le problème et même à intervenir. Personnellement je ne le crois pas ». Et pour le cas des Comores, « on confond très souvent l'origine du problème qui est comorien avec la capacité et la rapidité de la communauté internationale à résoudre les problèmes comoriens », a-t-il conclu.